L’actualité High-tech du jour : Zappos

Bienvenue sur cette rubrique au jour le jour sur ce qu’il faut retenir de la Silicon Valley !

Je me rappelle avoir été recruté il y a bien longtemps comme contrôleur de gestion dans un groupe de distribution avec comme mission de mettre en place les nouveaux tableaux de bord issu d’un nouveau système d’information dessiné par le fameux cabinet McKinsey & Compagnie. Cette entreprise a joui tout au long de ma carrière dans ce milieu (et donc en France) d’être une des meilleures en terme de conseil en stratégie. Comme souvent, cette entreprise était appelé par des entreprises en difficulté pour appliquer des méthodes sur mesure ayant, dans ce contexte, un objectif simple : trouver les meilleurs prétextes pour licencier. C’était le cas de mon entreprise à cette époque, et j’avais donc le privilège d’appliquer la méthode, non pas pour contribuer au licenciement, fort heureusement, mais mesurer les progrès financiers et aussi les progrès en terme de productivité.

Tony Hsieh
Tony Hsieh

Autre époque, autre lieu, même méthode, avec une personnalité, quelque peu décriée injustement par certain en France (dont la collaboration n’a pas porté ses fruits, ce qui ne mérite pas nécessairement une vulgaire mauvais publicité) : j’ai nommé Tony Hsieh. Le fondateur de Zappos fait régulièrement l’actualité par ses méthodes de management volontairement hors du cadre habituel. La société Zappos a été créé en janvier 1999, vend des chaussures en ligne avec une culture du suivi client très poussée et attentive. et a été rachetée par Amazon en juillet 2009 pour $1,2 milliard . Tony Hsieh a toujours aimé pratiquer des recettes en management assez originales, par exemple en donnant des primes conséquentes en fin de période d’essai en cas de départ de ses salariés pour s’assurer de leur fidélité, il encourageait la mobilité totale au sein de son entreprise (un Directeur Financier pouvait très bien se retrouver à la logistique si tel était son choix.

Delivering Hapiness
Delivering Hapiness

Inspiré de ses méthodes, Tony a écrit« Delivering Hapiness, A Path to Profits, Passion, and Purpose » (« Livrer du bonheur, un chemin vers les profits, la passion et l’atteinte de l’objectif »), dont on a parlé ici en octobre 2013, qui est devenu une société de conseil permettant aux entreprises d’apprendre à manager des employés heureux. Toy a également initié le programme Downtown Vegas dont ‘un des objectifs fut de redonner une nouvelle vie au quartier central historique de Las Vegas (le siège historique de Zappos a toujours été situé dans le Nevada), qui n’a toujours pas rempli ses promesses, à tel point que Tony s’en est désengagé en fin d’année dernière , malgré la promesse d’y avoir investi $350 millions… Le résultat de cette opération reste en question, mais malgré tout Tony y a déplacé son entreprise, et il est désormais possible de donner un peu de nouvelles sur son projet de holacratie dont j’ai parlé en janvier 2014.

Pour en revenir, cette espèce d’entreprise du 21e siècle, qui a souhaité pousser encore plus loin sa logique de partage et d’égalité managériale en adoptant un système inspiré d’holacratie arrive aux même conclusion qu’un simple entreprise de distribution dans les années 90 basée en Région Parisienne. L’holacratie revient pour faire simple à supprimer les niveaux hiérarchiques et les titres. Plus de Directeur de ceci, plus de chef, plus de pyramide. Seulement 1.500 salariés directement responsables de l’entreprise, à travers 400 groupes qui ont été créés à cette occasion. Tony a ressorti sa prime au départ suffisamment attractive pour voir quasiment 15% des effectifs décider d’en profiter pour quitter l’entreprise. Il leur avait été demandé de la possibilité de toucher cette prime si la perspective de cette nouvelle organisation ne répondait pas de leurs souhaits.

Tony Hsieh avait d’ailleurs coté Henry Ford dans son email d’explication à ses salariés leur faisant connaître cette opportunité. Quelque peu surprenant de la part d’un entrepreneur se voulant moderne de citer ce qui s’est fait de plus basique dans l’approche du capitalisme industriel. Pour en revenir à mon introduction, McKinsey & Compagnie ou halocratie, même combat. Quand les difficultés sont là, il y a toujours de bons moyens pour tailler dans les effectifs. Avec Tony, au moins, on demande poliment aux salariés…

 

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Vendredi 8 mai 2015

A plus tard pour la suite…

L’actualité High-tech du jour : une journée dans la Silicon Valley

Bienvenue sur cette rubrique au jour le jour sur ce qu’il faut retenir de la Silicon Valley !

C’est fou ce qu’il peut se passer dans une journée, dans la Silicon Valley… Je tiens à m’excuser par avance :  je vais encore parler d’Uber. Mais je n’ai pas le choix, tant la direction prise par Uber rend le sujet plus qu’intéressant. Je sais : la société a levé $5,9 milliards au total, ce qui est ahurissant mais il ne faut pas oublier pour autant qu’elle a été créée en mars 2009 seulement. La dernière levée remonte à Février 2015, alors qu’il ne faut pas oublier qu’Uber fait du revenu. Selon certaines sources, et des gens ayant eu accès à des document indiquant le chiffres des projections à 4 ans de la société, on parle de $10 milliards de revenus bruts, soit un chiffre d’affaires net projeté de $2 milliards (Uber garde 20% de la transaction opérée). Une autre source indique un chiffre d’affaires sur 5 marchés fin 2013 (NYC, Washington D.C., San Francisco, Chicago, et Los Angeles) génère environ $1 milliard par an, sans prendre en compte la croissance internationale opérée par Uber en 2014. Ce qui semblerait être en phase avec les $1,5 à 2 milliards pour 2014. En clair : Uber a les moyens d’exécuter au sens large la vision d’une « big logistic company » dont les chauffeurs de taxi n’étaient vraiment qu’un apéro. Une mise en bouche, un échauffement, des tapas, des amuse-gueule.

Un ingénieur travaillant pour Here conduit un véhicule en Grande-Bretagne. Crédit Rob Stothard pour le New York Times
Un ingénieur travaillant pour Here conduit un véhicule en Grande-Bretagne. Crédit Rob Stothard pour le New York Times

Uber voit big, Big big big. Et il en a les moyens. Et ils ont un CEO a des « cojones », du courage en espagnol, même si Uber a du arrêter ses opérations en Espagne. On peut dire ce que l’on veut sur Travis Kalanick, non sans tord san doute, mais en attendant, il déroule. Dernière action en date : Uber doit passer par Google pour la cartographie, et ça les ennuie. Pas de problème : Nokia vend Here, sa plateforme de cartographie ! Combien ? $3 milliards ? Je postule ! Qui est sur les rangs ? Un consortium Allemand, Baidu. So what ? Résultat de la course au mois d’août prochain. En attendant, Uber s’attaque à la livraison. Travis, si tu veux, il y a quelques actifs qui doivent encore trainer en France chez Mitry Global ou Gefco.

Yelp

Pendant ce temps, Yelp, qui traine son service de notations sur Internet et mobile pour les restaurant et autres commerces depuis Juillet 2004, après une expansion international qui laisse sur sa faim en France notamment, ne semble plus intéresser son fondateur, qui a vu le bonheur d’une introduction en bourse, a fini d’arrêter de trainer des pertes successives pour la première fois en 2014 avec un bénéfice net de $36,5 millions pour un revenu de $377,5 et pensent que le moment est opportun de trouver un acquéreur (après avoir fait appel au capital publique, quelle belle logique capitalistique). Ça leur apprendra à avoir refusé une offre de Google il y a 5 ans, mais l’introduction en bourse est une opportunité financière qui peut tourner à l’obsession. Autre leader (Jeremy Stoppelman est un ancien de Paypal, et un business angel très actif, comme beaucoup ici), autres méthodes, mais la voilure de Yelp n’est pas la même (seulement $56 millions au total avant introduction). Yelp n’a pas trouvé les moyens de s’adresser à d’autres marchés que les PME, et ma bonne dame, ça ne paye pas assez. En plus, Yelp accuse Google de poser des problèmes au référencement. Etc., et nanana.

La veille, c’est $1,4 milliards levés par 17 startups

  1. Zenefits, $500 million Series C (San Francisco)
  2. Affirm, $275 million Series C (San Francisco)
  3. Adaptive Biotech, $195 million Series F
  4. eDaijia, $100 million Series D
  5. Delhivery, $85 million Series D
  6. DJI, $75 million Series B
  7. Symbiomix Therapeutics, $41 million Series A
  8. Cybereason, $25 million Series B
  9. Cubic Telecom, $20.4 million Venture round
  10. Chartbeat, $15.5 million Series C
  11. Wrike, $15 million Series B (Mountain View)
  12. Microf, $12.3 million Venture round
  13. SessionM, $12 million Series C
  14. 908 Devices, $11.6 million Series C
  15. Digit, $11.3 million Series A (San Francisco)
  16. Automile, $5 million Series A
  17. Omise, $2.6 million Series A

Aujourd’hui, c’est $100 millions que vient de lever Fibit (San Francisco), avec des chiffres plutôt propres avec un bénéfice de $48 millions au premier trimestre, avec 9,5 millions d’utilisateurs actifs et payants générant un revenu de $336 millions. C’est ça, la Silicon Valley élargie, elle continue de mener au point dans les levées de fonds, et pour certaines ne se débrouillent pas si mal avec le business model, contrairement aux idées reçues. Quel mauvais procès (hum) !

Elon Musk a toujours été passionné par les voitures électriques… Que;qu’un sait à quoi il marche, Travis Kalanick ?!

Jeudi 8 mai 2015

A plus tard pour la suite…

L’actualité High-tech du jour : Banjo

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Banjo fut ma startup de la semaine, dans un certain passé, dans d’autres colonnes. C’était en Novembre 2011, dans un blog spécialiséBanjo avait 6 mois d’existence en tant que produit, après avoir levé $3 millions, ce qui est largement assez pour développer cette application mobile sur les deux plateformes que sont iOS et Android. L’objectif était la géolocalisation en temps réel de ses connexions (Twitter, Facebook, Foursquare et Gowalla, concurrent de Foursquare à l’époque) et des personnes utilisant l’application afin de créer des expériences de rencontres ou d’échanges.

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Damien Patton en 2008

Banjo a eu depuis le départ des avantages certains : la capacité d’exécution de l’équipe, tout d’abord, puisque les deux applications mobiles étaient sorties dans de très bon délais. Ensuite, j’avais remarqué le le suivi de l’utilisation de l’application effectué par Damien Patton, le fondateur de la startup, qui scrutait au quotidien la plateforme de « live analytics » qui avait été construite pour observer les usages. Damien lui même n’hésitait pas à consulter personnellement différents « super utilisateurs ». Il en résultait une roadmap ne cessant de proposer des services utiles comme par exemple des « friends alerts » pour prévenir de connexions se trouvant dans le périmètre. Il proposait notamment des pages spéciales à l’occasion d’initiatives ou d’évènements tels que des concerts par exemple. J’ai eu la curiosité de donner un petit coup de main à l’équipe en contribuant à la traduction Française des applications. Ce fut fun.

4 années se sont écoulées. Banjo est toujours là, bien décidé à continuer à délivrer la vision de son fondateur. Damien vient de lever $100 millions. Je vais le répéter : cent millions de dollars. Auprès de Softbank, société Japonaise établie dans la Silicon Valley, et son investisseur historique, tout heureux j’imagine d’être encore là. En mars dernier, j’avais reçu une mise à jour du CEO indiquant le lancement de la version entreprise de Banjo à destination du public. Ce genre d’annonces, un peu comme Foursquare qui lance sa plateforme de publicité géo-localisée, a souvent pour but de faire du story-telling alors que des discussions ont lieu dans l’arrière-cours (dans le cas de Foursquare, c’est Yahoo! qui s’y intéresse).

Damien Patton en 2011

Désormais, Banjo analyse les photos et les vidéos publiées sur les réseaux sociaux (en scannant Twitter, Facebook, Instagram, et même VK, le réseau social Russe) pour détecter des évènements tels que des tremblements de terre (ça pourrait nous aider un jour sur San Francisco). Il y a des projets dans les cartons pour rajouter des informations incluant les données météorologiques ou des images satellites…Damien, tu m’impressionnes !

Le même jour, la startup de découverte d’activités locales HeyLets (une application mobile sur  iOS) de San Francisco vient de lever $1,65 millions. Le mécanisme est un peu similaire, sachant que dans ce cas les utilisateurs doivent sélectionner des catégories d’activités (dîner, musique live…), et l’application propose des activités similaires dans le périmètre. Elle est sans fin, la Silicon Valley, c’est un éternel recommencement…

Mercredi 7 mai

A plus tard pour la suite…

L’actualité High-tech du jour : Upwork

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Le développement logiciel informatique est plus que jamais à la une de l’actualité. En France, à moins de ne pas avoir accès soi même Internet, la télévision, ou bien avoir accès aux journaux, on ne peut être passé à coté du plan à 1 milliard d’euros sur 3 ans qui vient d’être lancé avec tambours et trompettes pour le numérique à l’école (grosso modo l’équivalent de la valorisation moyenne d’une startup de la Silicon Valley, de nos jours…). Ça fait des lustres que ce petit monde du développement informatique s’est organisé puisque les ressources en développement informatique a toujours été un problème. En France, on a même arrêté dans les années 90 une filière informatique créée en 1968 : la fameuse Série « H Techniques informatiques », qui fait de moi un titulaire d’un Baccalauréat qui n’existe plus. Enfin ça, c’était pour l’anecdote personnelle. Certains pays comme l’Ukraine, et d’autres pays dits de « l’Europe de l’Est » sont devenus les champions du monde du développement informatique « offshore » (après l’Inde, j’imagine) permettant à n’importe quel entreprise de déléguer à des équipes informatiques toutes tâches de développement informatique.

Upwork

Il y aussi deux entreprises qui se sont engouffrées dans ce métier, à commencer par Elance en 1999, suivi par Odesk en 2003 avec deux fondateurs Grecs aux commandes, pour mettre en relation les prestataires de services individuels, d’un coté, et les sociétés en recherche de compétence de l’autre. En février 2013, la 1ère était utilisé par environ 500.000 sociétés, avec 2 millions de professionnels enregistrés. À l’issue d’une fusion des 2 opérée en décembre 2013, c’est 8 millions de « freelance » qui sont présents sur cette plateforme. Tout est prévu pour mettre en relation l’offre et la demande, sachant que ce sont essentiellement des missions liés aux développement web et mobile, pour 60% environ. En terme de business model, c’est 10% du paiement qui est prélevé. Les 2 sociétés ont gardé depuis lors leurs sites web respectifs, ainsi que leur locaux sur Redwood City et Mountain View. Toutefois, Odesk est devenu Upwork, annonçant au passage 10 millions de professionnels servant 4 millions de sociétés, ainsi qu’une nouvelle plateforme collaborative, avec une fonction de messagerie, et une grosse ambition, initié par le nouveau CEO de la société qui est tout sauf un inconnu pour les connaisseurs du sujet, en France particulièrement : Stéphane Kasriel.

Stéphane KasrielStéphane a fait la majeure partie de sa carrière dans la Silicon Valley, à la suite d’un Master of Science in Computer Science à Stanford. Après avoir co-fondé une startup délivrant une solution de « web  analytics » (qui mesure, reporte et analyse le comportement des internautes pour améliorer la rentabilité des sites web), c’est dans le monde du paiement mobile qu’il va évoluer, passant de Paypal où il fut entre autre responsable pour la France, à la startup Zong (créée par David Marcus, désormais patron de Messenger chez Facebook) rachetée par …Paypal. Stéphane est entré chez Upwork en 2012 comme VP Product & Engineering, et dirige désormais la société avec de soldes ambitions, à une époque où le monde du travail est en train de subir une sensible mais inarrêtable transition : Upwork propose une nouvelle application mobile, de nouveaux algorithmes de recherche pour une meilleure efficacité permettant de trouver les talents disponibles, et un service de messagerie en temps réel. Stéphane a affirmé à Techcrunch que la plateforme génère plus d’un milliard de dollars de postes disponibles en terme de valeur. Et ce n’est pas fini : selon lui, le marché des « sous-traitants individuels » s’élève à 1.000 milliards de dollars par an, dont une bonne partie est accessible pour Upwork qui est disponible sur 180 pays, avec 2.700 types de compétences disponibles.

Le mouvement de transition que j’évoquais ne risque pas de s’arrêter, à une époque où notamment en France, des industries continuent de perdre des emplois, laissant des salariés avec les yeux pour pleurer, leurs illusions de job à vi anéanties. Je vois là une belle « startup » pour un Gouvernement qui devrait songer à financer des micro-insertions plutôt que certains investissements hasardeux non créateurs d’emplois et réservés à une catégorie de geek pas toujours au service des autres. Avec des acteurs comme Upwork comme relais de compétences, ce sont des emplois à la pelle qui pourraient se créer en mode « réinsertion ». Mettre un milliard au service des jeunes pour leur apprendre à coder, c’est bien, mais l’urgence numérique, elle est là, en ce moment : aider les gens, sinon à trouver un nouveau travail, pourquoi pas le créer eux-mêmes et se rendre disponibles sur des plateformes comme Upwork.

Les améliorations apportées à la plateforme ont réduit les délais pour trouver la compétence que l’on cherche à quelques minutes. Pourquoi ne pas essayer ?! Le nouveau système de messagerie devrait également aider à accélérer les communications. Cette solution de messagerie ayant été développée (par les équipes d’Upwork) sur le même système que la très célèbre startup du moment Slack, sur-valorisée je ne sais combien d milliards de dollars, des fonctionnalités pourront être ajoutées dans un futur proche.

Mardi 6 mai 2015

A plus tard pour la suite, et touts mes voeux de succès, Stéphane…

L’actualité High-tech du jour : la Silicon Valley, le pays du melon ?

Bienvenue sur cette rubrique au jour le jour sur ce qu’il faut retenir de la Silicon Valley !

Eric Laurent

La Silicon Valley m’est venu aux oreilles en 1983, alors que je m’adonnais aux plaisirs de la programmation. Les développeurs n’étaient pas encore les rois, sauf, déjà, à cette époque, dans la Silicon Valley, qui avait inspiré Eric Laurent, journaliste Français, ancien de l’Université de Berkeley, avec son livre « La puce et les géants, de la révolution informatique à la guerre du renseignement« .

Aujourd’hui, tout le monde en parle. Le monde entier veut la copier, s’en inspirer, tenter de la copier, rêver de la voir disparaître, s’en émerveille, s’en offusque. Même Hollywood s’en plaint par instant : il y a encore de beaux restes de cette industrie où ont commencé les Lucas et Coppola, sur Folsom Street à San Francisco en 1969, avec le numérique qui commençait à pointer son nez. Des scénarios s’écrivent dans la Silicon Valley, des films se financent depuis la Silicon Valley. De là à devenir un tremplin pour des carrières, disons, hors du commun…

Il y en a eu un, et il n’est plus là parmi nous : Steve Jobs. Sa renommée a dépassé les limites de la technologie, son nom est cité en exemple, son décès a été célébré comme rarement, pour un homme qui n’a fait que vendre des biens de consommation. A part donner du travail à des milliers d’employés aux États-Unis, un peu ailleurs (et pas mal en Chine, il paraît), il n’a pas changé le monde, mais il l’a fait rêver. L’industrie dans son ensemble ne fait pas rêver. Mais nous sommes sauvés car nous l’avons trouvé, le nouveau Steve : il est Sud-Africain d’origine, il a co-fondé la société de paiement en ligne Paypal, il a créé la première voiture électrique que les riches de ce monde ont plaisir à acheter (Tesla), il est en train de construire la deuxième fusée non-jetable qui peut aller dans le ciel et revenir (SpaceX), et veut mettre Los Angeles (où il habite) à 20 minutes de San Francisco (où il a la majorité de ses business). Ça, c’est Hyperloop, le TGV va ressembler à une vieille locomotive. Il aide accessoirement ses cousins Rive à transformer l’industrie solaire en un succès commercial avec Solar City. Ils ne sont pas seulement bons qu’en rugby, ces Sud Africains.

La légende d’Elon Musk a déjà commencé, avec le lancement de sa nouvelle batterie à base de lithium-ion pour la maison, la PowerWall, avec aussi la sortie de sa biographie où l’on apprend qu’il était sur le point de vendre Tesla à Google car sa voiture magique ne se vendait pas (pour la bagatelle de $11 milliards, en 2013). Quand on voit ce que Tesla est devenu : Peugeot, Renault, ressemblent à des constructeurs d’automobile dignes des Lada des années 70. Musk  vient de renoncer à son salaire annuel (un peu plus de $37.000), quel exemple (il est milliardaire). Vous allez en bouffer, du Musk. A-t-il le melon, Elon ? Certains voit en lui un mégalomane, mais clairement lui tente de pousser les murs, en annonçant le jeu d’entrée. Pas comme certains qui vous racontent comment ils ont changé le monde suite à une déception sentimentale. C’est un mélange de Tintin et de Jules Verne, Elon.

Carly Fiorina parlant au Congrès 2015 du  Conservative Political Action Conference (CPAC) à National Harbor, Maryland, le 26 Février 2015.
Carly Fiorina parlant au Congrès 2015 du Conservative Political Action Conference (CPAC) à National Harbor, Maryland, le 26 Février 2015.

Au même moment où le buzz prend du volume, c’est une autre personnalité de la Silicon Valley qui fait l’actualité : Carly Fiorina, 60 ans (ça ne se fait pas de dire l’âge d’une dame aux États-Unis, mais c’est juste pour situer), ancienne patronne d’Hewlett Packard de 1999 à 2005, nommée par Forbes parmi les 10 femmes les plus puissantes du monde en 2004, a commencé sa carrière politique en 2006 en travaillant pour le Sénateur John McCain pour la campagne présidentielle de 2008, et c’est ce titre qu’elle a décidé de viser. Elle est Républicaine, et n’a jamais vraiment gagné d’élections. Le souvenir du rachat de Compaq pour $25 milliards n’a pas laissé que de bons souvenirs dans l’industrie. Et les restes d’HP font de la peine à voir. Le destin d’un pays comme l’Amérique a besoin de vainqueurs pour devenir Président. Elle a le melon, Carly ?! Ou alirs c’est le silicium qui surchauffe…

Lundi 4 mai 2015

A plus tard pour la suite…

L’actualité High-tech du jour : et si on parlait de Descartes ?

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René Descartes

Et si on parlait de Descartes ? Avoir les yeux tournés en permanence dans la Silicon Valley finit par vous donner les yeux rouges, c’est pour expliquer les lunettes. En même temps, ce n’est pas étonnant d’évoquer le philosophe dans ces colonnes. Pour ceux qui n’ont pas oublié leurs cours de mathématiques, Descartes a notamment publié son « Discours de la méthode » en 1637, affirmant que l’univers dans son ensemble est susceptible d’une interprétation mathématique. Les sciences et la philosophie ont toujours fait bon ménage en cette période du 17e siècle. On ne peut en dire autant du 21e, et encore moins de la Silicon Valley, pour qui toutes les méthodes sont bonnes non pas pour imaginer les lois mathématiques qui pourront convenir à l’univers, mais bien pour imaginer les lois financières permettant de le conquérir, à défaut de le dominer.

Le logiciel initial
Le logiciel initial

Ça en a inspiré plus d’un. Jusqu’en Californie (et oui, la pause fut de courte durée). Descartes Labs, puisque c’est le nom de cette startups qui est sortie de terre en décembre 2014, a d’abord été le travail de quelques scientifiques issus de Los Alamos National Laboratory, basé dans l’état du New Mexico. Leurs travaux ont consisté à développer une technologie autour des algorithmes génétiques, c’est à dire des algorithme de recherche basé sur les mécanismes de la selection naturelle et de la génétique, permettant d’obtenir une solution approchée à un problème d’optimisation, puis sur des modèles de vision en neuroscience et des algorithmes de « deep learning », une famille de méthodes de machine learning basées sur l’apprentissage de modèles de données. 7 années de recherche, $15 millions en investissement. Tout ça pour que Mark Johnson (à ne pas confondre avec un philosophe Américain contemporain, spécialisé en philosophie, sciences et linguistique cognitive), mais l’ancien fondateur de Zite, une application mobile d’agrégation de contenus, rachetée successivement par CNN puis Flipboard, vienne mettre son grain de sel, et que Descartes Labs deviennent une société spécialisée dans la cartographie satellite avec une technologie permettant d’analyser les images pour les transformer en données. Leur capacité de traitement permet simplement d’extraire des données supérieures à des plateformes classiques à partir d’image  : c’est de la reconnaissance d’image élevée à une grosse puissance de traitement. Cela peut être utilisé en agriculture, par exemple.

Descartes Labs analysant une carte du Nord Kansas
Descartes Labs analysant une carte du Nord Kansas

Ce territoire de puissance de traitement n’est plus réservé à des laboratoires de recherches gouvernementaux, et c’est donc une nouvelle opportunité de marché qui est disponible qui a su convaincre  des investisseurs à hauteur de $3,3 millions, avec parmi eux un des co-fondateurs de Kosmix, qui est depuis devenu Walmart Labs (le laboratoire digital de Walmart). De nouveaux territoires de découvertes, comme notamment anticiper des opportunités agricoles observables depuis le ciel. Je suis sûr que ça aurait plu à l’ami Descartes, cette invention. Quand la recherche appliquée se transforme en business…

Vendredi 1er mai 2015

A plus tard pour la suite…

L’actualité High-tech du jour : le retour du Bitcoin

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Tout le monde a plus ou moins retenu sa respiration au sujet du Bitcoin, qui fait nettement mois le buzz que l’année passée notamment, et j’y vois plusieurs explications…

Hedgy

Tout d’abord, Internet est en train de vivre une grande mutation, que le grand public doit digérer. Ce web collaboratif, qui bouscule les industries traditionnelles comme Uber, Airbnb, LendingClub, c’est le monde du transport, du tourisme et de la finance qui viennent de se faire secouer, et la croissance ne fait que commencer pour ces jeunes pousses du XXIe siècle. Le vieux monde lutte, on lui demande d’innover mais pas trop vite, on l’empêche de se développer ou d s’exporter pour des raisons de territorialité. Voire on le laisse se développer pour ces mêmes raisons nationalistes, car pour être honnête, il y a autant à se plaindre de Blablacar que d’Uber, mais comme c’est Français, et que pour une fois on a un truc qui marche, on laisse faire et concurrencer les transports publics à des années lumières en terme de réponse à la demande, du moins en terme de tarifs. Ça commence à coûter cher, un billet de train. Des milliers d’emplois sont en jeux. Bref. Le consommateur met du temps avant d’adopter un nouveau mode de consommation, et pour le moment il faut qu’il digère le reste avant de se décider d’aller dire à son banquier d’aller voir ailleurs, pour des transferts de fonds par exemple.

Ensuite, Internet est décidément un endroit jugé trop dangereux étant donné le nombre de sites web qui se font dérober leurs données, et toutes ces gouailleries au sujet des problèmes de confidentialité des informations ne font que noyer le poisson, et des acteurs comme Google sont malheureusement freinés dans leur capacité à approfondir leur business dans le « FinTech », un mot qui va devenir très à la mode dans les années à venir. Facebook, lui, se sert de Messenger et son transfert d’argent de compte à compte pour répondre à ce besoin, là ou Square dépense des millions de dollars… pour on ne sait pas encore combien de temps encore. Expliquer Bitcoin, c’est assez technique pour obtenir l’adhésion de la ménagère de 50 ans, même celle de 30. Il va falloir nous sécuriser tout ça, et ça va prendre encore un peu de temps je le crains tant que ce seront de nouveaux « players » qui s’attaqueront au morceau. On a besoin de se sentir rassuré en terme de relations financières, les banquiers et leur « costard-cravatte » sont là pour nous le rappeler.

Les signaux de vitalité de l’univers Bitcoin sont toujours là, et c’est certain que ça va bouger un jour. C’est inexorable, c’est une loi physique, pas forcément une loi de Moore, mais le status quo finit toujours par être bouleversé, en matière de système, surtout quand cela touche la finance (il y a toujour splus à gagner, loi numéro du capitalisme).

En bas de l’échelle de la levée de fond du Bitcoin, c’est la startup de San Francisco Hedgy qui vient de lever un peu plus d’un petit million de dollars. À une époque ou bientôt sur toutes les places de marché financier plus de 50% des transactions sont opérées sans l’aide dune interaction humaine (ce qui pose quelques problèmes de conscience, s’il en reste encore quelque peu dans ce domaine), a contrario, c’est tout le contraire qui importe dans le système Bitcoin. La stabilité de ce système se doit d’être exempt de toute interaction humaine et seules les lois mathématiques peuvent y contribuer. Sans rentrer dans le détail de la technique, qui supposerait d’ouvrir un ouvrage scientifique plutôt que de raconter des histoires sur ce blog, Hedgy propose une technologie permettant de faciliter les contrats à terme qui peuvent apporter une meilleure réponse à la volatilité du Bitcoin. Marc Benioff (fondateur de Salesforce, au cas où), Tim Draper (un des business angels les plus connus de la Silicon Valley), et quelques conseillers avisés que je sais très exigeants sur leurs investissements sont la preuve que derrière ce charabia digne des esprits complexes des loups de Wall Street, il y a un coup à jouer.

Jeremy Allaire

En haut de l’échelle, c’est $50 millions qui iront dans les caisses de Circle basée à Boston et San Francisco, dirigée par Jeremy Allaire (qui a fait Brightcove au passage), que j’ai rencontré il y a fort longtemps alors qu’il venait de se faire racheter par Macromedia (sa société Allaire de l’époque). Circle permet de recevoir et d’envoyer des fonds, des dollars mais donc, aussi, des bitcoins, sans frais, etc. Devinez qui a notamment investi ? Goldman Sachs. comme par hasard. Quand la nouvelle finance se trouve financée par l’ancienne, voyez où je veux en venir ? Sur le futur prochain du Bitcoin ?

Suivre Edgy sur Twitter : @Hedgy

Suivre Circle sur Twitter : @Circle

Jeudi 30 avril 2015

A demain pour la suite…

L’actualité High-tech du jour : Instagram ou Twitter, chacun sa sauce

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Dure, dure, la vie de startup.Twitter vient de nous faire part de ses résultats trimestriels, et les marchés financiers n’ont pas été heureux des chiffres annoncés : seulement $436 millions en chiffre d’affaires, soit un objectif manqué pour $4 petits millions… La publicité représente quasiment 90% de ce chiffre, dont 90% de ce 90% provient du mobile ! Pour une entreprise qui soit disant se cherche, ce n’est pas si mal. Mais que deviendrait Internet sans cette foutue publicité ! Parce que le problème, c’est quand on regarde en bas : une perte nette de $162 millions ! Par rapport au premier trimestre de 2014, le revenu augmente de 75%, alors que les pertes se creusent de $30 millions ! Sanction immédiate : $42 l’action, -20% au tournant !

Twitter

Le constat est terrible pour la personne qui dirige un monstre pareil, qui doit véritablement faire des miracles pour gérer ces trous de trésorerie qui viennent s’accumuler, parce que dans ce cas on ne parle que d’un trimestre ! L’autre réalité, c’est aussi la course à la croissance et à l’audience qui devient de plus en plus compliquée avec le voisin de Menlo Park qui a avalé tous les canaux de croissance possible : les selfies avec Instagram, ou encore les messageries avec Whatsap (ou encore Messenger, un produit maison). À ce jour, Twitter est désormais derrière ces 3 locomotives de croissance de Facebook en terme d’utilisateurs : 300 millions de MAUs (Millions of Active Users), c’est loin derriere les 800 millions de Whatsap ou les 600 millions de Messenger. Instagram c’est quant à lui c’est 300 millions. Et ce n’est pas fini, ca r je peux vous dire que tous les efforts de ces petites cellules au coeur de Facebook ont un objectif majeur : grossir, grossir, grossir. La publicité : surtout dans le cas de Whatsap qui avance comme une fusée, ils s’en foutent.

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Alors Twitter lutte avec ses armes : son contenu. Twitter vient de lancer TwitterFood. Un compte dédié qui va proposer des tweets sélectionnés comme des menus qui vous seront servis par des influençeurs de la discipline, histoire de vous allécher. Ducasse ? Depardieu ?! Il y eut par le passé TwitterMusic, TwitterSports, maintenant c’est la bouffe. On se demande jusqu’où ça peut bien aller, cette stratégie de niche. Bref.

Music

Instagram ne se démonte pas, alors que les premières offres autour des possibilités de faire d business dans le sacro-saint temple du revenu publicitaire, c’est dans la musique que la marque de Facebook a décidé de se lancer, en créant la première communauté officielle : Music. L’idée est de révéler le back-stage, les coulisses, des artistes qui font le buzz d’aujourd’hui, et qui pourra servir de découverte de nouveaux artistes, comme ce trio de Japonaises très rock dont je n’avais jamais entendu parler et qui s’appelle Tricot :

On pourra faire aussi joujou avec les pochettes d’albums et illustrations de photographes et autres artistes au service de nos stars du pop et de leur fan.

Mais non, ils ne se copient pas les uns sur les autres… En tout cas, ça ne va pas vous faire lever les yeux de votre smartphone, tout ça.

Mercredi 29 avril 2015

A demain pour la suite…