Les 3 Lois du Bonheur au Travail

Travail et bonheur font très bon ménage si ces deux notions sont accompagnées de lois très simples qui vont permettre de diffuser l’une sur l’autre : la culture, tout d’abord, qui assure la permanence de l’application du principe. La technologie ensuite, qui s’avère un excellent complément aux méthodes managériales en permettant de les diffuser au plus grand nombre, et de façon plus pérenne. Enfin, le partage, ou dirons nous une meilleure approche du partage du fruit de l’expansion, produit des effets qui ont faire leur preuve dans bon nombre de cas qui ne nous sont pas inconnus… Le tout à la mode de la Silicon Valley !

1. Le bonheur par la culture

Photo by Toa Heftiba on Unsplash

Le bonheur au travail est une notion bien entendue des entreprises qui comprennent l’enjeu de la compétitivité moderne. Les théoriciens en ont parlé dans les années 80 avec notamment l’ouvrage “L’entreprise du 3e type” d’Archier et Sérieyx, deux spécialistes de sociologie appliquée aux entreprises, à la grande époque de la mode de la culture d’entreprise, qui se préoccupait déjà d’une autre forme de management. De nos jours les entrepreneurs de la Silicon Valley ont bien été obligés de s’y faire. Cette relation directe entre le bonheur et le travail s’est imposée en Californie du Nord depuis l’avènement des entreprises comme Google, Uber, Facebook, qui se livrent une véritable guerre des talents. Les écosystèmes où la main d’oeuvre manque, comme c’est le cas depuis la reprise économique en 2008 nous apprend beaucoup sur le renversement à opérer en management pour gérer ses talents et leurs compétences : les garder, et les recruter.

 Cela explique pourquoi d’autres entreprises qui ont réussi comme Grubhub (une entreprise basée à Chicago qui livre les repas des restaurants au bureau ou à domicile), ou Snapchat à Los Angeles, ne veulent surtout pas s’installer dans la Baie de San Francisco. Tout est fait pour que le salarié se sente comme chez lui : buffet de nourriture ouvert toute la journée et même certaines entreprises comme Airbnb mettent en avant le manger bio pour dire à quel point ils aiment prendre soin de leurs petits chéris. Il n’est pas rare de pouvoir emmener son petit toutou au bureau, sans parler de la flexibilité des horaires, ou la possibilité sans broncher du télétravail qui est rentré dans les moeurs. Et je ne parle pas des tables de ping-pong, des baby-foot, cours de yoga, séances de massage, navettes de bus, le tout sans pénalités fiscales ou défiance sur la productivité du travailleur : un salarié pourrait presque partir dans l’heure s’il le souhaite.

À quelques heures de là, à Las Vegas, une entreprise rachetée depuis lors par Amazon (Zappos qui vend des chaussures en ligne) a décidé de mettre en place des mesures assurant le bonheur de ses salariés par différentes méthodes. Ce fut d’abord la flexibilité au niveau des fonctions dans l’entreprise, avec la possibilité de passer d’un service à un autre, quelque soit la nature du travail. Il y avait également la prime au départ en période d’essai : vous pouviez toucher quelques milliers de dollars en cas de départ pendant la période d’essai, pour bien s’assurer de la volonté du nouvel embauché d’être sur la bonne priorité (son emploi plus que l’argent, qui ne fait pas toujours le bonheur comme on le sait). Il y eut le stade ultime : la mise en place d’un système de holacratie, une forme d’organisation de la gouvernance basée sur la mise en œuvre formalisée de l’intelligence collective : plus de chefs, plus de patrons, une organisation qui s’auto-gère par fonctions propres au métier de l’entreprise, plus que les services fonctionnels habituellement utilisés. Il est difficile de savoir si ce dernier système ait pu faire ses preuves, puisque la compagnie organisa dans la même période une réorganisation, mais toujours est-il que certains chefs d’entreprise comme Tony Hsieh, CEO de la société Zappos, suit un idéal. Cette quête s’est d’ailleurs transformé par l’écriture d’un livre, “Delivering Hapiness” et la création d’une entreprise chargée de mettre en application les principes du bonheur en entreprise comme business model.

passion-driven profit

Pas très loin de Lille, l’entreprise Boulanger a d’ailleurs décidé de concentrer leur activité autour du bonheur depuis 2010 avec comme mission de vendre de la Happy Technologie à ses clients, ce qui reste la phase finale du process. Au point de proposer un nouveau service de livraison de pièces détachées à domicile grâce à la technologie des imprimantes 3D et son nouveau service la “Happy 3D”. Qui peut mieux parler de bonheur qu’une entreprise qui elle même fonde son objectif commercial sur le bonheur de ses clients ?!

Une autre entreprise Nordiste, Kiabi, n’a-t-elle pas décidé de lancer “l’Happy Culture” afin de favoriser l’audace auprès de ses collaborateurs, faisant ainsi depuis 2013 la culture RH l’un des points forts de sa stratégie de développement. Les salariés réfléchissent sur l’organisation, la manière d’évoluer et de travailler en commun.

2. Le bonheur par la Technologie

D’abord un petit rappel que l’on oublie bien souvent : c’est parfois à se demander à quoi sert la technologie, quand on parcourt les médias, au delà des levées de fonds qui font le métier des investisseurs de capital-risque et qui servent ceux qui s’appellent eux mêmes des “serial-entrepeneurs”. Ces “serial-entrepeneurs” sont des gens qui créent des entreprises en série (souvent une, en vrai) et qui les revendent, qui trouvent des “exits” (réussissent à vendre leur startup). Rarement avec profit, mais il y a bien belles exceptions qui confirment la règle. Nous, on sait qu’être entrepreneur, c’est comme l’innovation, ça ne s’invente pas : c’est inné. Ce n’est pas une méthode, c’est comme une ADN qui vous colle à la peau et qui vous fait avancer dans les chemins certes tortueux mais exaltants de la création avec un grand C.

Donc la technologie, pour y revenir, nous savons aussi que c’est avant tout pour servir l’Homme, et donc l’organisation, par voie de conséqunce. Et là aussi, on peut y trouver un moyen de développer le bonheur au travail en utilisant des solutions qui vont permettre au salarié de se sentir bien encadré car bien formé, et bien informé : il devient un salarié engagé. Mais ça se mesure comment, un salarié engagé ?

Pouvoir parler de ses progrès, encourager les améliorations, avoir des opportunités d’apprendre et de progresser, savoir que leur opinions compte. Les raisons qui rendent un salarié sont nombreux.

Il y a de plus en plus de plateformes proposant ce type de solutions… Je propose une petite revue de quelques startups, en partant de certains cas d’études. Pour commencer, le premier constat simple est qu’une entreprise à l’écoute rend ses employés heureux. La startup Waggl basée à San Francisco a développé un service permettant aux managers de poster des requêtes à leurs équipes pour générer des discussions en interne au service, avec l’objectif de déterminer quelles réponses sont les meilleures au moyen d’un mécanisme de vote.

La société Butterfly se charge de mesurer la satisfaction au quotidien, après que les fondateurs aient pu évaluer au cours de leur carrière en grande entreprise que la motivation n’est pas toujours au rendez-vous au travail. Ils ont donc créé un outil de suivi de l’humeur, qu’ils décrivent comme un “bonheur intelligent et récurrent” pour être pleinement efficace. Il s’agit simplement de micro-enquêtes quotidiennes permettant aux entreprises d’avoir une vision claire et soutenue du niveau de bonheur de leurs équipes. La puissance de ce système consiste en son immédiateté et la possibilité de rétroaction instantanée des demandes. Il s’agit de ne pas traîner quand un problème surgit, sachant que naturellement la rétroaction reste anonyme. La liste des startups se développant sur le créneau de la mesure du bonheur au travail commence à s’allonger.

Autre chose : selon une étude récente commandée par la startup de Seattle TinyPulse, qui propose plus ou moins le même service que Waggl, la complainte majeure parmi les employés et les managers sur les évaluations de rendement de toute sorte est qu’ils prennent trop de temps. Aussi, dans le prolongement, ce qui est intéressant au sujet de ces réponses est que, de manière générale, responsables d’équipes et employés sont sur la même page au sujet de leurs plaintes. Une bonne raison pour mettre au panier les vieilles méthodes de revue annuelle du manuel du bon manager ?!
L’idée additionnelle proposée par TinyPulse est de rendre le processus d’évaluation amusant, voire même addictif. Donner trop de poids à ce que des événements récents peuvent avoir comme conséquences peut être difficile à gérer, mais ne rien faire sauf une fois ou deux par an… c’est définitivement trop tard.

Il faut savoir qu’Apple, souvent présentée comme une entreprise pratiquant l’excellence au niveau des équipes d’accueil et de ventes de ses magasins, autorise quotidiennement ses employés de consulter les informations mises à disposition depuis le terminal de ventes (un iPhone quelque peu amélioré) à raison de 20 minuts quotidiennes. Sur ce principe, la startup d’origine Australienne et basée désormais à San Francisco Myagi a développé une “plateform as a service” disponible sur tablette et smartphone permettant de partager les informations mettant à jour en temps réel les fiches produits fournies par les marques, d’autres plus générales sur l’entreprise afin de tenir motivée les équipes de ventes qui ont souvent besoin d’être challengées sur leurs performances… Un des rares secteurs où la gamification tant mise en avance il y a quelques années reste présente.

Myagi

Pour être complet sur ce sujet, il y a également Hyphen avec un peu de sang Français parmi les co-fondateurs même si la société est basée à San Francisco qui a choisi les mêmes cas d’usages en y rajoutant toutefois un soupçon d’analytiques pour explorer le prédictif dans la masse d’informations échangées. Sans parler de “machine learning’ (apprentissage automatique par le langage), le bonheur de chacun passe aussi par l’anticipation et le fait d’éviter des problèmes qui pourraient l’être. Tout un programme !

Hyphen

Un constat pour ce volet technologique : toutes ces compagnies ont développé avant tout une application mobile. Quand on vous dit que le monde d’aujourd’hui est “mobile first” (les développements doivent en priorité être faits sur téléphone portables), cela vaut aussi pour les applications dans le monde de l’entreprise : le bonheur dans l’entreprise doit désormais rentrer dans la poche des salariés !

3. Le bonheur par le partage

Pour citer un des chefs d’entreprise Français les plus charismatique : “La seule valeur d’une entreprise (…), c’est la valeur et la motivation de chaque personne qui la compose”. Il y a autre chose qui rapproche la Silicon Valley de Gérard Mulliez, c’est l’accès donné aux salariés au capital. Je le cite encore : “”Je me suis battu pour imposer [l’actionnariat salarié] à ma famille. Mais j’ai eu raison. Ça permet de réunir le capital et le travail.” La Silicon Valley l’a bien compris et il y a longtemps. La meilleurs façon d’attirer les talents, et de les rendre heureux par le travail, c’est de les rémunérer par le capital, les “stocks options” comme ils disent de ce côté de l’Atlantique. Aujourd’hui, et hier, les grandes entreprises comme Google, Facebook et Uber ont réussi grâce à l’engagement de milliers de développeurs en logiciel qui ont vu en leur entreprise une façon de se voir réussir non pas en tant que simple salarié mais aussi comme contributeur de son succès. C’est ce qui fait aujourd’hui la différence dans le monde des startups et qui crée ces vocations, des fois à un très jeune âge.

Quand la fiscalité s’en mêle, c’est à dire qu’elle sait se rendre discrète, mais efficace, c’est ce que l’on appelle un cocktail gagnant, et il suffit de voir ces hordes de jeunes salariés de startups se rendant à leur travail chaque matin : à leur rythme, mais d’un pas assuré, avec ce sentiment d’indestructibilité (qui peut se retourner contre eux s’ils se lancent eux mêmes par la suite dans l’entrepreneuriat, mais c’est une autre histoire). C’est la perceptible sensation de bonheur de ces salariés du 21e siècle qui voient la vie en rose.

Quand cela ne suffit pas, certains donnent l’exemple d’une autre façon comme ce dirigeant de startup de Seattle Gravity Payments qui décida en 2015 de donner 90% de son salaire à ses salariés pour qu’ils puissent tous bénéficier d’un salaire au minimum de $70,000. Il gagnait tout de même 1 millions de dollars. Ce fut donc 30 employés qui virent leur salaire doubler, et 40 autres augmenter significativement. Le CEO décida de cette opération après avoir vu une étude sur le bonheur en entreprise. L’initiative ne fut pas du goût de toute la Direction de l’entreprise, mais il ne s’arrêta pas en chemin pour autant. Un centaine d’autres entrepreneurs le contactèrent pour le féliciter de sa démarche pour ensuite lui emboîter le pas. C’est la force de l’exemple, il suffit d’un premier ! L’idée de ce fameux Dan Price était simple : rétablir la confiance au sein de l’entreprise et retrouver des niveaux de profitabilité qui étaient devenus rares. La réaction des clients de cette entreprise qui évolue dans le domaine des paiements fut également positive : quand les salariés rejoignent des clients dans le clan des heureux, c’est le double ticket gagnant !

Un nouveau job en entreprise : Chief Happy Officer

Arnaud Collery

Certains en ont fait une nouvelle fonction dans l’entreprise, et propose même une formation pour être prêt à diffuser cette dose de bonheur. Arnaud Collery a un passé à Hollywood et dans les stand-ups à l’Américaine, mais il ne rigole pas sur le sujet du bonheur au travail. Il croit à l’impérieuse nécessité de prendre la chose au sérieux et d’aider les entreprise à s’y coller en proposant une formation qu’il avait jusqu’à présent choisi de ne pas proposer en France. Mais comme il me l’a récemment avoué, il pense que le pays semble tellement prêt au changement vu qu’il s’est déjà mis en marche, qu’il a décidé lui même de revenir un peu au bercail pour partager cette science du bonheur qu’il a appris dans ses voyages à travers le monde.

Alors si ça vous dit, vous les dirigeants d’entreprise ou les DRH qui me lisent à cet instant et qui voulez y tâter et distiller du bonheur dans votre entreprise, c’est par que ça se passe, et c’est bientôt !

Intervention d’Arnaud sur le sujet pour vous en faire une idée :

Chronique New-Yorkaise

Fatigué de ses histoires sans queues ni têtes dans la Silicon Valley, j’ai trouvé sympathique de faire une petite pause New Yorkaise dans ces chroniques qui ont parfois bien du mal à se réveiller. Et de partager une drôle d’idée : j’imaginais Spotify annoncer prochainement ouvrir une boutique à New York.

Union Square Shopping

Jeudi 17 Août 2017. Comme à son habitude en cette période, New York est chaud, et humide. Une grosse averse vient de tomber sur la ville, créant des rivières de boue se déversant autour du Washington Square Park. Assis à la terrasse de la Maison Kayser, une boulangerie aux accents Français, sur Broadway, à un bloc de Union Square, les responsables du magasin discute du trafic du magasin, des habitudes du quartier. Assis avec mon chocolat et une baguette viennoise aux pépites de chocolat, j’écoute la rue.

C’est une banque qui a pignon sur rue en face, dans un immeuble de couleur aluminium. Avant juin 2009, c’était un Virgin Megastore. Ouvert en 2006, fermé 3 ans plus tard, ce magasin eut l’honneur d’être la plus grosse boutique de vente de musique dans Manhattan. De la dimension de celui que l’on a connu avenue des Champs Élysées, le Megastore a certainement rendu la mariée belle lors de la vente de la marque Virgin en 2007.

Boutique Amoeba à Los Angeles

Cette fermeture, c’était un des signaux d’une industrie de la musique qui allait devenir quelque peu moribonde dans le monde physique, où aujourd’hui seules certaines enseignes et leurs magasins résistent. Elles résistent soit en s’étant spécialisées, soit en réduisant la voilure, soit en se diversifiant encore plus. Ainsi, la FNAC en France par exemple a ajouté encore plus de catégories de produits d’équipements de la maison, jusqu’à fusionner avec Darty. Pour en revenir aux États-Unis, à part lorsqu’on se promène chez Amoeba à San Francisco ou à Los Angeles, par exemple, avec la renaissance du vinyl, qui est d’ailleurs une bien belle arnaque (je parle des 33 tours à $25), et avec cette ambiance spéciale du groove local, les parcours d’achats de musique dans un Target ou un Best Buy ressemblent vraiment à une opération liquidation permanente.

On le pressentait bien à cette époque en Europe chez les spécialistes de l’industrie musicale et des labels, bien avant le lancement de l’iPhone en 2007 qui allait rendre la musique encore plus près d’un clic d’achat sur votre téléphone portable : la consommation de musique deviendrait numérique. C’en était fini des jeux des industriels obstiné à vendre l’innovation avec de nouveaux formats physiques, plus grands en capacité de stockage, mais incapables de lutter contre des débits des réseaux opérateurs qui passèrent à la vitesse supérieure sous la pression de la concurrence dans ce secteur.

Sans chercher à être exhaustif ici avec les différentes plateformes qui allaient marquer l’histoire de la musique numérique, Pandora Radio allait ouvrir la voie en 2000 avec son service automatisé de recommandation musicale poussé par un Music Genome Project. Derrière ce nom de code magique, un moteur d’intelligence artificielle. Ces deux lettres capitale « AI » ne faisait pas encore briller les yeux des investisseurs, les fameux VCs de startups, toujours à la recherche de ce qui peut se rentabiliser grâce aux lignes de codes : mais c’est la preuve de la désuétude de cette mode.

Et puis Spotify. La Suède, pays d’origine de la startup, créée huit années plus tard, a gagné la course des plateformes numériques d’écoute musicale, même si le siège est aujourd’hui à New York. C’est à Spotify que je pensais, là assis, en écoutant parler de la période où Virgin aider à rendre la musique accessible, dans un univers physique à rendre la FNAC complètement ringarde (je n’ai malheureusement connu que le magasin Parisien).

Spotify, c’est toute la musique que tu veux ou presque, gratuit avec de la pub, ou sans pub mais avec un abonnement forfaitaire. Spotify, c’est une victime de l’arnaque d’Internet dans sa version « cloud » : plus des gens se servent de sa plateforme, plus l’entreprise a besoin de serveurs qui coûtent de l’argent, encore plus d’argent. La boucle exponentielle infernale : 140 millions d’utilisateurs à travers le monde, 60 millions de clients payants, un chiffre d’affaires à presque 3 milliards de dollars, $600 millions de perte en 2016.

Et si le Retail venait au secours de Spotify ?

Fermes de serveurs dans l’espace

Alors qu’il y a toujours des petits malins pour s’imaginer calife à la place du calife aux États-Unis, comme Tidal récemment, ou Napster, il y a du gros en face avec Apple Music, Google Play Music, Amazon Music Unlimited. Spotify se doit de trouver des solutions de croissance pour affronter la concurrence, pour attirer les « zannonceurs » (le plat favori des médias tech du petit web Français, vous savez) parce que la pub fait encore vivre de nos jours. Envoyer des serveurs de stockage informatique dans l’espace, avec des meilleurs coûts et de meilleurs débit, pour améliorer sa rentabilité ? C’est en cours de construction, ça ne vas pas arriver demain. Que reste-t-il ?

La première solution, c’est l’Uberisation. Et là je propose une nouvelle définition du verbe, qui me paraît s’imposer étant donné les déboires de l’ex-startup de Kalanick, le Robin des Bois qui voulait sauver la population des méchants taxis de la terre, et qui s’est pris les pieds dans le tapis de l’arrogance technologique et d’une certaine forme de cavalerie (la fuite en avant). Uberiser aujourd’hui, c’est fonder son principe de croissance sur des cycles d’investissement sans fin, en espérant que quelque chose viendra sauver le bateau face à une rentabilité quasiment impossible à trouver. Bon, Spotify, ce sont des Suédois, des vikings. Ça ne rigole pas tous les jours, mais ça ne prend pas ses vessies pour des lanternes.

Pop-up Store en Suède

C’est là que j’ai eu l’idée du scoop de l’été : Spotify va ouvrir son premier magasin, ici, à New York, à quelque pas de leur siège dans le quartier du Flatiron. Bon, ce n’est surement pas la première fois que Spotify doit réfléchir à tâter au brick and mortar. Personnellement, je trouve que c’est un très bonne idée. Naturellement.

Alors que le monde du Retail traditionnel ne cesse de s’interroger sur son avenir, sa taille, et la température du jour d’Amazon, les petits jeunes players du e-commerce ont commencé une grande farandole de création de magasin : Bonobos, Birchbox (et sa boutique à Paris), Casper, Warby Parker. Il est évident que personne n’a intérêt à voir le centre ville se vider, ça dévalue le mètre carré, c’est mauvais pour les affaires. Regardez par exemple la Station F dans le Sud Est Parisien dont tout le monde parle en ce moment, le paradis des startups. Il fallait bien se dévouer pour permettre à l’indice immobilier du quartier de se refaire une santé. On n’avait pas pensé mieux depuis qu’un homme politique avait voulu se faire construire une bibliothèque à son nom.

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Le Retail new look a la côte. Alors pourquoi par un remake du Megastore à la sauce Suédoise, pour vendre des abonnements Spotify dans des kiosques d’écoute de musique, où l’on pourrait commander le merchandising que l’on trouve de plus en plus aux côtés des descriptions des artistes :  achats d’albums physiques personnalisés, Tshirts et mugs à gogo.

Pourquoi pas mettre en place des scènes de concert interactives, retranscrites en réalité augmentée partout dans la monde, où tous les artistes délaissés et ignorés par les distribution de revenus de Spotify pourrait venir se faire connaître sur une scène alternative. Pourquoi ne pas concurrencer des sites de ventes de spectacles, et là je pense en particulier à StubHub, qui est une autre belle dans la monde du web où bon nombre de concerts se font hackés par des pros du systèmes D qui s’approprient les places des meilleurs concerts. Et vous vous retrouvez avec des prix de ticket et des frais additionnels astronomiques.

La musique est faite pour se partager dans la vraie vie, et franchement un endroit dédié à la musique avec tout ce que les services innovants pourraient apporter : ça manque dans notre espace de vie. Souhaitons donc que l’Amérique soit encore à l’initiative d’un nouveau mouvement, et dans le domaine de la musique, c’est sur Spotify que je parie.