Je propose de prendre l’exemple de l’avancée d’Amazon sur les Retailers « traditionnels » avec une récente annonce faite par Amazon au sujet des informations disponibles sur le sujet de la livraison à domicile.
Amazon a lancé fin avril dernier la disponibilité de la fonction de suivi des colis, permettant aux clients de savoir quand leurs livraisons se trouvent à proximité, et est en train de développer cette fonctionnalité à grande échelle sur les États-Unis. Cette nouvelle fonction permet aux clients d’avoir une mise à jour sur leur livraison lorsque le colis est à moins de 10 arrêts de livraison de leur emplacement. Il permet également aux utilisateurs de voir l’emplacement du véhicule de livraison sur une carte à tout moment.
L’annonce avait été faite pour la première fois à l’automne dernier, et était déjà largement disponible, même si Amazon a confirmé seulement récemment que la fonctionnalité était maintenant disponible pour tous les paquets livrés à partir d’Amazon à travers les États-Unis.
On se demande bien pourquoi on parle d’Amazon sans arrêt, et pourquoi le géant de Seattle (non, ce n’est pas en Californie pour ceux qui ne le savent pas encore) fait peur à tous les Retailers de France et de Navarre.
La raison est très simple : Amazon est une entreprise technologique. Tandis que les Retailers traditionnels, très peu familiers de la chose Internet (et je ne parle même pas du mobile, alors qu’ils ont le nez en permanence dessus), cherchent leur voie à travers les spécialistes de “transformation digitale” faisant le bonheur de bon nombre de cabinets de consultants Parisiens, Amazon déroule ce que les spécialistes appellent une roadmap.
Amazon, qui a contribué à populariser l’achat sur Internet depuis 1994, ne cesse d’améliorer l’expérience de ses utilisateurs. La société dispose pour cela de milliers de développeurs en logiciels, aux États-Unis et en Inde.
La livraison est un sujet crucial. Alors que les Retailers font alliance avec des startups pour les plus agiles pour sous-traiter la fonction, ou se demande encore comment ils vont pouvoir faire, pour les plus retardataires, Amazon ne cesse de proposer des améliorations pour faire de la livraison de colis un processus toujours plus pratique et indolore pour les clients. Les fenêtres de livraison sont déjà assez précises, et ceux ayant opté pour le statut “Prime” ne tardent pas vraiment à recevoir leur colis. Toutefois, les clients se demandaient à quelle heure il se présenterait (même si aux États-Unis on a tendance à vous le déposer sur le paillasson).
Ce nouveau “Map Tracking” change tout cela, laissant les clients savoir quand leur colis est dans le quartier, et sans permettre pas d’identifier quand le livreur arrivera sur votre trottoir, l’intention est de fournir à la fois la transparence et la réassurance pour les clients, étant donné que 88% des clients Amazon achètent sur sa plateforme du fait des avantages de la livraison gratuite. Il s’agit d’une série de mesures prises récemment par Amazon pour améliorer le processus de livraison, notamment le service “Photo on Delivery” de la société, annoncé en mars dernier, selon lequel le personnel en charge de la livraison prendrait des photos des colis laissés sans surveillance chez un client.
Amazon a également développé des méthodes plus innovantes en terme de livraison de colis, comme par exemple “Amazon Key”, qui permet aux employés d’entrer dans la maison du client, de déposer le colis et de verrouiller la porte à la sortie (seulement 70% des acheteurs ne sont pas encore disposés à utiliser le service), ou encore “Free in-car delivery” pour vous le déposer dans le coffre de votre voiture. Et puis il y a les “lockers” récemment mis en place en France depuis décembre 2015. Ça commence à faire beaucoup.
Et puis ? Et puis il y a le reste : la place de marché, la concurrence de prix qui vous assure de trouver un des meilleurs prix pour le produit recherché, le développement des produits en marque propre, le rachat des propriétaires de magasins (hier Whole Foods, demain Carrefour ?!). Et encore, l’expérience de shopping sur Amazon reste encore pauvre et les algorithmes n’ont pas encore donné toute la puissance que l’intelligence artificielle commence à proposer.
La société Amazon a de beaux jours devant elle. Après s’être bien occupé des États-Unis, c’est au tour de l’International de prendre les relais de croissance. Pays par pays. L’Europe, l’Inde, l’Australie…
Pour un petit tour sur les résultats financiers d’Amazon, c’est par ici.
Lyft envisage de lancer un service de scooter électrique (en fait, des trottinettes équipés d’une batterie, capable d’aller à une vitesse maximale de 14 miles à l’heure) sur la ville de San Francisco. La société a engagé pour cela une société de conseil afin d’étudier les conditions de validation d’un permis d’exploitation puisque la ville a récemment décidé de contrôler plus sérieusement ce type de véhicules depuis la mise en place des 3 sociétés exploitants ne satisfait pas les règles de sécurité suffisantes (il s’agit de Lime, Bird et Spin). Lyft a déjà commencé à développer des prototypes de scooters électriques. La ville devrait autoriser jusqu’à cinq compagnies de scooters à opérer dans le cadre d’un programme pilote. Lire plus d’informations ici.
Tango Card recharge ses batteries
Site web de Tango Card
La plateforme de carte-cadeaux numériques Tango Card, basée à Seattle, lève $35 millions auprès de FTV Capital. L’entreprise gère des programmes de carte-cadeaux pour les entreprises souhaitant utiliser ce type de récompenses, et pour le grand public qui les achètent habituellement en magasin. Lire plus d’informations ici.
Uber vient de clôturer ses comptes du 1er trimestre 2018 avec un chiffre d’affaires de 2,59 milliards de dollars, en hausse de 70% par rapport à la même période en 2017. Ô miracle, le résultat est un bénéfice de 2,46 milliards de dollars… Non, attendez, ces chiffres inclut un gain de $3 milliards provenant de la vente d’opérations en Asie du Sud-Est et en Russie. Hors ces profits exceptionnels, Uber a en fait perdu 550 millions de dollars (et non un peu moins de 1 milliard comme je l’indique le podcast). De bonnes raisons d’espérer ? Étant donné les ambitions affichées par le CEO, et les multiples tracas que rencontre l’entreprise, permettez moi d’en douter. Lire plus d’informations ici.
Kroger sur les pas d’Albertsons
La chaîne d’hypermarchés Kroger ($122 milliards en revenus avec 2.800 magasins à travers les US et 450.000 employés, basée à Cincinnati, Ohio) fait l’acquisition de la société de Chicago Home Chef pour 200 millions de dollars, avec 500 millions de dollars additionnels payables sur cinq ans en fonction des résultats futurs de la startups. Home Chef distribue des meal kits et continuera de fonctionner comme une filiale de Kroger, conservant ses bureaux et ses propres installations de distribution. Lire plus d’informations ici.
Une nouvelle startup de livraison de repas face aux problèmes de cette industrie
La startup de livraisons de repas aux aux immeubles de bureaux Peach, basée à Seattle, licencie 13 employés, soit 33% de son personnel (sic). Le CEO a déclaré que des compressions d’effectifs étaient nécessaires suite à une « nouvelle expérience de distribution » de produit qui n’a pas eu le succès escompté; Peach livre des commandes de repas. Lire plus d’informations ici.
Je remercie Sza et son album “Ctrl” pour m’avoir accompagné pendant ce podcast :
Facebook envisagerait “très sérieusement” le lancement de sa propre crypto-monnaie. Ce n’est pas la première fois que l’idée d’une monnaie propre à Facebook ait été lancée, mais c’est à prendre avec plus de sérieux cette fois pour différentes raisons. La principale est cette annonce faite par David Marcus, le responsable de l’application mobile Messenger au sein du géant de Menlo Park, de la création d’un nouveau groupe de travail consacré à étudier les opportunités autour de la fameuse Blockchain. Sachant également que ce même David a rejoint le « Board of Directors » de Coinbase il y a 6 mois…
Explications :
Coinbase est une entreprise créée en 2012 et basée à San Francisco qui développe une plate-forme d’échange permettant d’acheter, de vendre et de stocker des Bitcoin (BTC), des Ethereum (ETH), des Litecoin (LTC) et des Bitcoin Cash (BCH), bref ce que l’on appelle des crypto-currencies (des devises numériques en bon Français),
la Blockchain (ou chaîne de blocs, à défaut de trouver une meilleure traduction en Français, ) est cette technologie de stockage et de transmission d’informations sans organe de contrôle qui sert de support à ces devises numériques. Là où la Blockchain passe, le monde de la finance du XXe siècle trépasse car le sujet des monnaies numériques n’est jamais bien loin,
David Marcus, grand gourou de l’application Messenger qui tarde à prendre son envol comme un relais de revenus à grand échelle pour Facebook, a dirigé la société financière Paypal comme Président après le rachat de sa startup Zong en 2011. Il a eu ainsi le temps de se familiariser plus encore dans le monde de la nouvelle Fintech, après plus de 10 années comme entrepreneur de startups dans le monde du paiement sur mobile.
La Blockchain pourrait certes aider à résoudre certains des problèmes les plus gênants de Facebook, comme la vérification d’identité, ou la vente de publicité. Il se passerait un certain temps avant que le travail de Facebook sur la blockchain et la crypto-monnaie devienne quelque chose de concret, et il serait sans doute plus prudent de mettre cette histoire de monnaie Facebook sur le compte de suppositions de journalistes, certes bien informés, mais qui ont aussi tendance aussi à mettre la charrue avant les boeufs.
Quand bien même : “Les paiements utilisant la technologie de cryptographie sont actuellement très chers, très lents, et ainsi les différentes communautés qui gèrent les différentes blockchains et les différents actifs doivent avant tout résoudre ces types de problèmes, et quand nous y arriverons un jour, peut-être que nous ferons quelque chose” a avoué David Marcus.
Il faut toutefois se rappeler que la plateforme sociale a déjà expérimenté la monnaie virtuelle en 2009 avec les Facebook Credits, qui pouvaient être utilisés pour acheter des biens virtuels dans des jeux populaires comme Farmville, publié par Zynga. Mais la fonctionnalité n’avait jamais vraiment gagné en popularité et Facebook l’avait fermé deux ans plus tard.
“Comme beaucoup d’autres entreprises, Facebook explore des moyens de tirer parti de la puissance de la technologie blockchain. Cette nouvelle équipe explorera de nombreuses applications différentes”, a déclaré un porte-parole de Facebook à CNBC dans un communiqué. Le site d’informations rapporte également que Facebook n’a pas l’intention de lancer une “initial coin offering” (ou ICO), cette méthode de levée de fonds fonctionnant via l’émission d’actifs numériques échangeables contre des crypto-monnaies, qui va en général de pair en ce moment lorsque l’on évoque la Blockchain et les monnaies numériques.
On a toutefois l’habitude parfois d’entendre tout et son contraire dans ces temps modernes où chaque annonce dans la presse sert à brouiller les cartes dans un monde des nouvelles technologies qui peut parfois nous donner le tournis.
La « Silver Economy », quoi qu’apparemment une notion anglaise, n’est en fait majoritairement utilisée que par les Français, et par conséquent il serait plus correct de parler de « Senior Economy », mais peu importe. Il s’agit du secteur dédiée aux personnes âgées dans nos sociétés. Le processus de vieillissement de la population est réel et influence tous les marchés et les industries, tels que l’habitat, le transport, l’agro-alimentaire, les assurances, la robotique, la santé et e-santé, la communication, l’e-commerce, les loisirs …
Des entreprise sur ces marchés travaillent déjà à l’adaptation de leur offre au processus de vieillissement. Le vieillissement de la population intervient naturellement dans la plupart des pays du monde, et au cours des prochaines décennies, la part de la population mondiale âgée de 60 ans ou plus devrait atteindre des niveaux historiques sans précédent.
Selon les dernières estimations, d’ici 2050, il y aura 2 milliards de personnes de plus de 60 ans (22% de la population mondiale). En 2050, la population mondiale devrait être 3,6 fois plus importante qu’en 1950. Les gouvernements et les acteurs industriels imaginent de nouvelles politiques et de nouveaux produits pour répondre aux besoins de la population vieillissante.
La « Silver Economy » dans la perspective de vente au détail
Aux États-Unis, Best Buy fait du chiffre d’affaires avec des téléviseurs et des ordinateurs pour vendre des produits de surveillance à domicile qui s’occupent des personnes âgées. Par exemple, le détaillant de produits électroniques vend un programme d’installation de résidences-services appelé « Assured Living » au coût de 389,96 $ (l’installation coûte 199 $ de plus) dans certains magasins. Son CEO, Hubert Joly, envisage de lancer une initiative commerciale plus vaste de services à base de capteurs, vendus par l’intermédiaire de services de santé dans plus de 1.000 magasins Best Buy. Pour vous donner une idée du potentiel du marché : d’ici 2020, environ 45 millions d’Américains s’occuperont de 117 millions d’aînés.
Best Buy est pour le moment l’une des entreprises les plus actives dans la compétition pour un marché de 50 milliards de dollars destiné aux personnes âgées. Hubert Joly l’appelle « un espace blanc en attente d’être capturé ». Google, Microsoft et Samsung s’attaquent également au marché de la maison intelligente avec des produits tels que des caméras de sécurité et des thermostats pouvant être gérés par des contrôleurs vocaux ou des smartphones. Amazon a déjà lancé un programme d’installation de maisons intelligentes dans plusieurs villes de la côte Ouest. Tous ces systèmes pourraient facilement être adaptés pour garder un œil sur les personnes âgées.
À Denver, Best Buy s’est associée à l’assureur UnitedHealth pour proposer des séances de coaching sur le mieux-être par des diététiciens et des physiologistes au coût de 59 $ par mois. Ce prix comprend l’installation, plus une station pour la collecte de données, mais le reste du matériel est vendu séparément et coûte généralement quelques centaines de dollars par foyer. Ce n’est pas bon marché, mais c’est beaucoup moins que les 3.500 $ par mois que peuvent coûter d’autres programmes sur ce marché. Il n’y a pas suffisamment d’établissements de soins de longue durée pour prendre en soin toute la population âgées, et 90% d’entre eux veulent rester à la maison. Pour que les consommateurs plus âgés soient à l’aise lorsqu’ils achètent la solution, Best Buy utilise une équipe de vente spécialement formée pour conseiller les acheteurs potentiels sur ce qu’il faut acheter, tandis que l’installation est prise en charge par son équipe de support technique Geek Squad.
Au fur et à mesure que Best Buy progresse, il pourrait se retrouver en concurrence avec des entreprises qui vendent déjà des produits gériatriques dans les magasins Best Buy, signe que les soins aux personnes âgées deviennent finalement intéressants à traiter. Mais l’entrée de sociétés ayant une base marketing déjà établie aidera tous les acteurs puisque ce marché a connu une croissance lente jusqu’à présent en raison d’un manque de marques grand public dans cet espace.
En France, Vivadia est un pionnier dans la vente en ligne de produits spécialisés, désireux de devenir le centre commercial de référence de la « Silver Economy » en France. Un catalogue de 20.000 références de qualité, incluant des actualités, des guides pratiques, des conseils professionnels, sont proposés pour attirer et séduire, chaque jour, de nouveaux adeptes. Afin de devenir la première destination shopping des seniors, la galerie marchande de Vivadia est composée de 7 sites marchands spécialisés et de 28 sites marchands co-brandés, offrant le catalogue exclusif de marques réputées dans cette catégorie. Vivadia a été acquise par Damartex Group, le propriétaire de la marque Damart en mai 2017.
Les nouveaux types d’investisseurs dans la « Silver Economy »
Un signal positif pour une nouvelle économie est lorsque les investisseurs commencent à se concentrer sur un marché dédié. La biotechnologie et les sciences de la vie sont une affaire de spécialistes et nous avons assisté récemment à l’apparition d’une nouvelle génération d’investisseurs avec une grande connaissance dans ce domaine très technique, qui était plus dans le passé pris en charge par les compagnies pharmaceutiques. Ces nouveaux acteurs interviennent comme denouveaux influençeurs dans le domaine des soins et de la santé afin de stimuler une nouvelle économie.
Breakout Labs est l’un d’entre eux. Cette organisation investit dans des domaine proche de la recherche scientifique fondamentale qui est trop spéculative ou à trop long terme pour intéresser les investisseurs providentiels et les capital-risqueurs, mais qui n’est pas compatible aux sources traditionnelles de financement de la recherche scientifique. Breakout Labs opère dans le cadre de la Thiel Fondation, une organisation philanthropique créée par Peter Thiel, co-fondateur de Paypal et maintenant l’un des plus grands investisseurs individuels dans le domaine des technologies. Les investigations de Breakout Labs sur ce segment sont relativement larges, mais aussi plus axées sur la thérapeutique, et les investissements effectués dans ce domaine sont très intéressants à analyser.
Cortexyme, basé dans la région de la baie de San Francisco, développe des produits thérapeutiques pour modifier le cours de la maladie d’Alzheimer et d’autres troubles du vieillissement en ciblant un pathogène spécifique lié à la neuro-dégénérescence. La maladie d’Alzheimer affecte plus de cinq millions de personnes aux États-Unis. La société a levé 24 millions de dollars à ce jour, et travaille constamment sur le développement de nouvelles thérapeutiques et de nouveaux diagnostics, parallèlement à ces grandes sociétés pharmaceutiques vendant des milliards de pilules. Pfizer et Takeda Pharmaceutical Company font partie des investisseurs de la startup créée en 2012.
Fondée en 2010, Longevity Biotech, une société basée à Philadelphie qui a levé $840.000 à ce jour, développe une nouvelle classe de produits thérapeutiques via la technologie des protéines artificielles. La société développe de nouveaux médicaments thérapeutiques grâce à des molécules de type biologique qui sont hautement résistantes à la dégradation par les enzymes digestives naturelles et adaptables à des structures moléculaires très stables, qui peuvent avoir des impacts cliniques directs sur la vie des patients.
Laura Deming est une scientifique américaine âgée de 24 ans. Elle et son frère ont été scolarisés à la maison. À l’âge de 8 ans, Laura s’est intéressée à la biologie du vieillissement et, à 12 ans, elle a rejoint un laboratoire de l’Université de Californie à San Francisco. Elle a été acceptée au MIT à l’âge de 14 ans, mais a ensuite abandonné pour prendre la fameuse bourse de $100.000 de la Thiel Foundation. Elle est maintenant partenaire et fondatrice de The Longevity Fund, une société de capital de risque axée sur le vieillissement et l’extension de la vie. Le Longevity Fund recherche des startups testant l’hypothèse que le vieillissement peut être modifié par des choses uniques, des cibles spécifiques, de petites molécules ou des produits biologiques, en développant de nouvelles technologies pour manipuler les systèmes biologiques.
Deming croit que la science peut être utilisée pour créer l’immortalité biologique chez les humains, et a dit que mettre fin au vieillissement « est beaucoup plus proche que vous ne le pensez ».
Les startups de la « Silver Economy »
La perspective d’un marché gériatrique en plein essor a donné naissance à un nombre important de startups financées par du capital-risque offrant divers types de services technologiques. Personne n’a encore créé un grand succès sur ce marché et beaucoup ont échoué.
Un exemple est Lively, un service senior de surveillance à domicile soutenu par une société de capital-risque co-fondée par le président exécutif de Starbucks, Howard Schultz, dirigée par des vétérans d’Apple et eBay. La startup a essayé de développer trop rapidement la vente directe aux consommateurs, par le biais de partenaires industriels établis. La société n’avait pas d’autres solutions que d’être acquise l’année dernière par GreatCall, un fabricant de dispositifs adaptés aux personnes âgées, basé à San Diego. La Silver Economy est une source d’inspiration pour les entrepreneurs de startups dans le monde entier qui se penchent sur les cas d’utilisation multiples des routines quotidiennes des personnes âgées.
Au Royaume-Uni, Breezie fournit des tablettes avec des systèmes d’exploitation simplifiés pour aider les personnes âgées à accéder aux services en ligne. Créé en 2011, avec un financement total de 7,5 millions de dollars, Breezie vend un logiciel intuitif personnalisé qui convertit les tablettes Android en une expérience simplifiée, et supprime l’encombrement et le jargon des applications des services populaires (comme Facebook, Google, Skype, etc. ). Une récente collaboration aux États-Unis avec T-Mobile, le premier fournisseur américain de téléphonie, permettra à Breezie de se lancer plus rapidement sur le marché et de mettre en œuvre des services connectés plus riches.
Venant d’Israël, Easy to Connect (E2C), créé en 2012 (1,3 million de dollars d’investissements levés à ce jour), est axé sur le développement de solutions de communication pour les seniors, améliorant leur vie quotidienne en créant un espace dédié, protégé, avec un environnement technologique cohérent et simple qui correspond le mieux à leurs capacités. Les personnes âgées ont un grand besoin de communiquer avec leurs amis et leur famille. Alors que la jeune génération partage facilement tout avec tout le monde, ceux qui en ont le plus besoin sont laissés pour compte. Dans de nombreux cas, les dernières technologies de communication tactile standard dépassent les capacités des personnes âgées (en raison de problèmes physiques ou de produits trop compliqués). Cet environnement leur permet de bénéficier pleinement des dernières technologies de communication, notamment les Smartphones, les tablettes, la smart TV, les smart watches, etc.
Depuis New York, Hometeam (financement total de 43,5 millions de dollars) a été fondée en 2014 avec la vision de construire un monde où tous les aides-soignants sont visibles, reconnus et habilités, Offrant des soins et un soutien exceptionnels aux familles. Cela consiste à ré-imaginer comment les aidants professionnels sont formés, soutenus et connectés. Ce qui importe dans de nombreux cas est de savoir comment transformer la façon dont les gens vieillissent dans le confort de leur foyer en introduisant des innovations technologiques en partenariat avec nos soignants. Honor, une startup de San Francisco ayant levé 62 millions de dollars, fait le même travail depuis 2014.
À Moscou, Knopka Zhizni (Life Button en anglais), fondé en 2010 avec un financement total de 1,8 millions de dollars, a développé un système médical qui envoie des signaux lorsque les personnes âgées, handicapées et même les enfants ont besoin d’aide. Une personne âgée peut donc déclencher une alarme en appuyant sur le bouton. Et dans des situations dangereuses, par exemple, en tombant, le signal disparaît automatiquement. L’appel arrive au centre d’appel où les médecins sont en service, qui ensuite tentent d’atteindre le client ou les voisins, de l’aviser au téléphone ou d’appeler une ambulance. Le gadget lui-même ressemble à un téléphone avec un bouton SOS ou un bracelet avec un capteur de chute.
Depuis les Pays-Bas, Tinybots (créé en 2015) a développé un petit robot social appelé Tessa qui aide les personnes âgées atteintes de démence en leur fournissant des rappels systématiques, de la musique personnalisée, des contes, une thérapie cognitive et des instructions vocales pour les tâches quotidiennes. En utilisant une application, les soignants peuvent configurer un Tinybot pour les besoins et des souhaits personnels. Le robot Tessa ne ressemble pas à une machine, mais ne ressemble pas non plus à un animal en peluche : grâce à sa structure construite en bois, il s’intègre parfaitement entre vases et autres bibelots dans un intérieur moyen. A intervalles réguliers Tessa parle à sa colocataire, puis propose de jouer de la musique, ou de prendre une bouffée d’air frais. Le robot « entend » après une longue période de silence qu’il est temps d’entrer en action, et peut également être programmé avec une application par un membre de la famille ou un aide-soignant. Il peut annoncer son arrivée, afin que l’utilisateur de Tessa puisse s’y préparer. Même si Tessa répond à des questions simples et s’adapte à sa colocataire, ce n’est pas un chatbot. Cela semble simple, mais Tessa s’appuie sur des années de recherche sur la conception et les fonctionnalités dont les aide-soignants et les patients ont vraiment besoin.
De retour à San Francisco, Stitch, fondée en 2015 avec un investissement de total de $150.000, est un lieu de rencontre pour les personnes âgées. Ils ont développé une application conviviale qui modélise le flux de travail des fournisseurs de soins médicaux et présente les données sur la santé des patients dans le contexte des discussions de groupe, de la messagerie directe, des groupes privés et des forums de discussion. C’est un système de santé envisagé comme une plate-forme où toutes les personnes impliquées (les seniors, la famille et l’équipe médicale) forment un réseau partageant la même plate-forme et les mêmes données, l’ambition étant de devenir la plateforme universelle de la communication médicale demain.
La Silver Economy, ou Senior Economy, est au tout début de sa phase d’investissement avec l’apparition de nouveaux acteurs envisageant l’avenir de la recherche fondamentale comme inspirée par la volonté de changer le destin d’une société confrontée au vieillissement de la population mondiale. Cette industrie est toujours financée en majorité par des investissements privés et non par un business model provenant du Retail ou d’un marché grand public.
La Chine montre souvent la voie: une Chine vieillissante a accéléré la montée d’une telle économie. Selon le ministère des Affaires Civiles, le nombre de citoyens âgés de 60 ans et plus a atteint 230 millions en 2016, soit 16,7% de la population chinoise. Le chiffre atteindra 480 millions d’ici 2050. Cela signifie qu’un quart des personnes âgées dans le monde sera chinois. Le nombre de personnes âgées souffrant de maladies séniles et chroniques augmente, ce qui crée un besoin important de dispositifs d’aide à la réadaptation, de produits de soins de santé et de services de soins infirmiers intelligents en gériatrie.
On estime que la puissance de consommation de l’industrie des services parvenue à maturité en Chine passera de 0,6 billion de dollars à 106 000 milliards de dollars en 2050, soit 33% du PIB total. Alors que le monde entier est en train de devenir numérique, de plus en plus de seniors ont acquis de nouvelles compétences, en particulier le paiement en ligne. Alipay, le service de paiement mobile d’Alibaba, envisage que le nombre de ses utilisateurs âgés de plus de 55 ans aura atteint plus de 10 millions. La société prévoit que les paiements en ligne, les transferts en ligne et les paiements hors ligne utilisant l’application sont parmi les plus populaires de ses services utilisés par les personnes âgées. La Chine compte aujourd’hui environ 60.000 établissements d’enseignement pour personnes âgées comptant plus de 7 millions d’étudiants. Selon le plan de développement de la Chine pour les personnes âgées (2016–2020), chaque ville devrait avoir au moins une université pour personnes âgées, 50% des villes doivent créer de telles écoles, et 30% des villages devraient avoir des centres d’apprentissage âgés d’ici 2020. La Silver Economy en Chine offre des perspectives prometteuses pour le secteur des services. C’est juste un début !
Je publie rarement des articles pour annoncer des levées de fonds. Je laisse cette tâche aux site dédiés aux choses du web et des nouvelles technologies qui en remplissent leurs colonnes, comme ces gossips d’Outre-Manche qui eux dévoilent les secrets des grands de ce monde que le commun des mortels feraient mieux d’ignorer. Ainsi va la nature humaine, ainsi va la « tech » des Eric Ries (celui qui écrit sur les startups à force de les regarder passer) et autres Techcrunch, le site d’information où les startups lèvent plus d’argent que leur ombre.
Une certaine déformation professionnelle de presque quinze ans dans les métiers de la finance me fait préférer les histoires des entreprises qui recrutent, font du chiffre d’affaires, se battent contre une économie capitaliste redoutable, qui se ré-inventent, qui meurent parfois. Je n’aime pas les paillettes des levées de fonds, même si parfois elles peuvent m’impressionner. À force d’en entendre parler, j’en deviens aigre.
Toutefois, j’ai trouvé que cette levée de fonds de The Hive de 26,5 millions de dollars pour des technologies impliquant l’intelligence artificielle tombe à point nommé pour en faire la publicité, maintenant que le soufflet du fameux rapport de Cédric Villani sur l’intelligence artificielle est retombé, et que l’article du Président Français sur ce sujet dans Wired est retourné là où finissent en général les gargarismes des Français qui veulent se prendre pour un boeuf champion mondial de sa catégorie : dans l’oubli de la mémoire internationale.
Il n’est point indispensable d’être énarque, voire même un brillant énarque, et encore moins urologue et écrivain, pour comprendre que les nouvelles vagues technologiques ne se prennent ni dans les plans d’un Gouvernement en quête de crédibilité numérique, pas plus que dans les grandes envolées lyriques dans la presse anglo-saxonne. Pas dans des organisations publiques en mal de subventions, dans un pays qui voient ses talents ayant un peu de sens du business et des affaires prendre la poudre d’escampette. C’est sur le terrain que ça se passe.
La Silicon Valley l’a bien compris. Cette communauté d’entrepreneurs, qui a créé les bases du métiers du capital risque dans les années 50 (avec un ex-Français en leader, un comble, un certain Georges Doriot, le « father of venture capitalism »), a bénéficié d’un terrain économique, culturel et fiscal qui a permis l’avènement de ce qui reste encore aujourd’hui la papauté du capital risque, si je peux m’exprimer ainsi. Je dirai même : cela remonte bien avant, avec les premiers succès d’entreprises comme Hewlett Packard (créée à la fin des années 30). N’en déplaise au Wall Street Journal faisant son intéressant en prétendant que c’est faux, ou du moins que l’Asie est un nouveau challenger. Soit.
La démonstration par l’image (en fait, deux graphiques) ci-dessous :
Source : Venture Pulse Report Q4 2017 KPMG
Revenons en à nos moutons, je veux parler de The Hive. Basé à Palo Alto, Californie, la compagnie a levé 8 millions de dollars dans son premier fonds en septembre 2012, pour investir dans six sociétés. The Hive a ensuite levé 21 millions de dollars dans son deuxième fonds, et investi dans 16 entreprises.
Le modèle d’investissement est un peu semblable à une ruche (d’où son nom d’ailleurs, car c’est ce que « hive » veut dire en anglais) en fournissant un capital et aussi en co-créant des entreprises avec de prometteurs talents. Coté investissement, The Hive apporte l’amorçage initial de 1,5 à 2 millions de dollars, en plus du capital de suivi nécessaire au bon fonctionnement ultérieur de la startup. C’est comme au poker, il faut poursuivre suivre sa mise à défaut de perdre le pactole. Cela permet de syndiquer de futures tours de financement, en invitant dans la danse des prochaines levées des sociétés de capital-risque sur des montants plus importants. Coté co-création, The Hive travaille avec les entrepreneurs pour aider les jeunes startups sur toute la chaîne de valeur lors de la création d’entreprise, de la conception d’affaires, de la stratégie de mise sur le marché et de l’introduction auprès des premiers clients et partenaires.
À titre d’exemple, depuis 2012, The Hive a co-créé et investi dans 24 entreprises, dont six ont été acquises: Nurego, qui a été acquise par GE Digital; Kosei par Pinterest; Perspica par Cisco; Jobr par Monster Worldwide; Deep Forest Media par Rakuten et E8 Security par VMware. À ce niveau, ce ne sont plus des accidents, c’est de l’orfèvrerie.
The Hive s’associe à des sociétés telles que GE, Cisco, Verizon, Software AG, SAP, eBay et dispose d’un ensemble de conseillers qui travaillent avec des entreprises telles que Facebook, Google et Pinterest. On ne parle plus ici« d’open innovation», mais de la « serious entrepreneurship factory » !
T. M. Ravi, Managing Director et Fondateur, a eu une longue carrière avec une vaste expérience dans la gestion d’entreprise et les nouvelles technologies. Sumant, Kamesh et Mohan ont tous une formation technique initiée en Inde, leur pays d’origine, complétée aux États-Unis. Je l’ai déjà dit dans ces colonnes, l’Inde est le vainqueur de la Ligues des Champions des Startups du Web du 21e siècle !
Les investisseurs dans le nouveau et troisième fonds d’un montant de 26,5 millions de dollars comprennent Verizon Ventures, Software AG, GE, Rockwell Automation, March Capital Partners et des individuels. Pas des personnes qui fabriquent des plans sur la comète ministérielle, mais des acteurs privés ayant pris le relais de la course à l’intelligence artificielle. Cette course n’est pas nouvelle, l’intelligence artificielle existe depuis que l’on a inventé les ordinateurs, ou presque, et elle est loin d’arriver à son terme, les résultats commencent à peine à se faire sentir. Ils ont compris les enjeux business liés aux challenges technologiques, et ils prennent des paris, même avec des petits montants. Quand une organisation comme The Hive arrive à transformer des résultats de la sorte, il ne faut pas tergiverser, il faut agir. Prendre part.
Et là, le monde anglo-saxon a une longueur d’avance, ce qu’on du mal à comprendre les technocrates parisiens, qui poussent, poussent, dans un écosystème tricolore qui n’inspire guère à soulever des montagnes. On peut essayer de s’en persuader de l’intérieur, et il y a bien quelques milliardaires pour donner l’illusion d’une machine qui tourne. Mais vu de l’extérieur, on reste bien sceptique. Et d’ailleurs, ailleurs qu’en France, on a le regard pointé ailleurs (volontaire répétition du mot ailleurs, pour bien souligner mon point). Vers l’Asie, par exemple. Vous voyez ?!
The Hive prétend être différent des autres VC et incubateurs en ce sens qu’il utilise un modèle d’engagement «high-touch» : il offre aux startups l’accès à «une équipe de bâtisseurs d’entreprises prospères, d’entrepreneurs en série et d’investisseurs en capital-risque qui ont créé des entreprises leaders sur le marché avec plusieurs milliards de dollars de sorties», selon M.T.. Se différencier, trouver son propre modèle, voilà qui est essentiel dans le monde d’aujourd’hui, plutôt que toujours s’inspirer des autres. Par exemple, prétendre que la France est une startup nation, ça me fait mal à chaque fois : je dirai plutôt que la France est la «subvention nation», avec ses dispositifs fiscaux à rallonge, sa BPI et tout le toutim. C’est artificiel, et il n’y a pas d’intelligence à chercher là-dedans, ce n’est que du « bourrinage mental». Le monde de l’investissement a les mêmes enjeux que tout autre industrie : une énorme compétition en terme d’offre par rapport à des vagues d’étudiants préférant embrasser une carrière dans le monde des startups plutôt que d’aller pointer dans une grosse entreprise. «La principale différence est que nous sommes très impliqués dès le début du projet, souvent avant même que l’entreprise ne démarre » a précisé M.T..
Les nouveaux fonds visent à aider les entreprises en phase de démarrage à créer de la valeur en utilisant l’intelligence artificielle dans les secteurs industriels et financiers tels que l’industrie, les services financiers et la santé. The Hive prévoit d’investir dans plus de sept sociétés à partir de ce troisième fonds au cours des trois prochaines années. La société a déjà co-créé deux startups, Decision Engines et Live Objects (aucun rapport avec Orange, soit dit en passant), sur son troisième fonds. Déjà.
Pourquoi l’intelligence artificielle ? C’est un segment de la technologie en croissance rapide, à défaut d’atteindre encore sa pleine maturité. Frederic Hanika, responsable des fusions et acquisitions chez Software AG, a déclaré dans un communiqué que l’impact de l’intelligence artificielle ne saurait être surestimé : « Les entreprises ont un choix clair: investir dans l’intelligence artificielle et perturber la concurrence ou être perturbées par des entreprises en déplacement plus rapide ». « The Hive possède une expertise technologique approfondie en apprentissage automatique, apprentissage en profondeur, NLP/NLU (traitement du langage naturel et compréhension du langage naturel), vision par ordinateur, blockchain, et leurs applications, avec des cas d’utilisation dans l’entreprise ».
Toujours M.T., en guise de conclusion : « Nous voyons l’intelligence artificielle conduire une transformation significative de l’entreprise, où la prise de décision sera en grande partie automatisée. Les efforts des êtres humains seront principalement concentrés sur l’élaboration des politiques et la gestion des exceptions. ». En ce qui concerne l’avenir, The Hive pense que l’impact de l’IA « sera plus important que celui d’Internet ».
« Nous pensons que l’intelligence artificielle va changer le monde et nos vies, et que cela va se réaliser dans notre génération actuelle. ». Là, on est tous bien d’accord.