Novembre 2008 : première prise de contact avec Ilan Abehassera, jeune entrepreneur de 28 ans, qui un peu à contre-courant (alors que la Silicon Valley en fait réver plus d’un) a lancé sa startup à New York. Il recherche un CTO, on en discute. Ça n’ira pas plus loin, mais c’est une bonne prise de contact, et je trouve Ilan plutôt clair et précis dans ce qu’il cherche, où il veut aller.
Sa société : Producteev, créée en Juillet 2008, développe une application de Gestion de Tâches collaboratif.
Novembre 2012 : Jive Software. Basée à Palo Alto, $11,20 au NASDAQ (cotée depuis Février 2012), $51 Millions de CA à fin Juin, pas encore à l’équilibre, 500 salariés, et une des sociétés en pointe dans le domaine de l’Enterprise Social Software, qui permet aux entreprises de communiquer avec les nouveaux outils que sont les réseaux sociaux. Pour aider à construire l‘entreprise du 3e type dont rêvait Hervé Serieyx, pour ceux qui ont lu l’ouvrage.
Aujourd’hui, Jive vient de racheter Producteev, en même temps qu’une une autre startup de San Francisco. Peu importe le montant du rachat, je laisse cette information aux gossips de la Valley. Jive a levé $57 Millions, Producteev $1,3 Millions. Producteev va venir enrichir l’offre de Jive Software, et je l’espère continuer à améliorer ses services, au moins pendant la classique période du earn-out qui contraint le fondateur de la société rachetée à continuer à developper son activité.
Ce que je retiens de ce rachat, et ce qui compte selon moi :
– une société de 50 personnes, même basée à Palo Alto, la Mecque du software, va chercher dans une autre (plus petite) startup les éléments manquants qui lui prendront trop de temps à développer elle même, ainsi va la technologie : il faut aller vite (gros clin d’oeil au Made in France qui a beaucoup à apprendre de ce type d’exemple),
– si on veut se lancer dans une startup, il faut avoir une idée bien précise de la niche que l’on adresse, avoir su observer pour ne pas se lancer dans un domaine encombré, ou bouché, ne pas en dévier, et viser l’excellence,
– on ne brûle pas les étapes, et on doit avoir les moyens de ses ambitions, par exemple ne pas arriver en bout de course de développement sans avoir les fonds pour poursuivre. Pour cela, il faut savoir utiliser les bonnes technologies qui permettront d’aller vite,
– savoir communiquer autour de son entreprise.
C’est aussi, pour beaucoup de gens familiers de cette vague des Français startupers parti réussir aux États-Unis, la « réussite d’un petit frère », la réussite d’un entrepreneur jeune et talentueux, attachant et passionnant (aussi parce que je commence à me sentir paternaliste dans ce milieu de jeunes entrepreneurs, lol), la réussite d’une équipe soudée et enthousiaste. Voilà le souvenir que j’ai de cette V1 de Producteev que j’ai eu le plaisir de croiser plusieurs fois.
Aussi, petite revanche personnelle d’un combat d’arrière-garde avec Ilan pour expliquer que le seul endroit qui compte dans les nouvelles technologies c’est bien la Silicon Valley, et non New York comme il veut bien le dire souvent, toute l’équipe va visiblement s’installer à Palo Alto (6 personnes en tout). Je te l’avais dit Ilan 🙂
Mais bon, c’est toi qui a gagné, Ilan. Bravo.
Avec lui, c’est aussi un bel exemple de la France qui gagne. Ailleurs qu’en France, et alors ?! C’est le résultat qui compte, la forme aussi, mais ne restons pas figés dans les clichés, point de nationalisme à outrance, juste une belle histoire. Ce sont des investisseurs Français qui gagnent, aussi. Alors que ce succès en appelle d’autres, à Paris, New York ou Palo Alto. La France la vaut bien.