Voici de retour cette rubrique qui vous donne une petit bol d’air loin des news sur le Covid19 et des beaux parleurs qui vous racontent leur vision du monde sur Facebook. Vous allez voir, dans l’arrière cour, c’est business as usual ! Enjoy !
Lundi : en attendant l’introduction en bourse, un peu d’argent de poche pour Airbnb

On ne prête qu’aux riches. Airbnb a annoncé avoir levé 1 milliard de dollars dans un nouveau tour de financement mené par Silver Lake et TPG Sixth Street Partners. Malheureusement pour les actionnaires et salariés de la startup (si on peut appeler encore Airbnb une startup, mais enfin de nos jours…) la valorisation de l’entreprise est tombée à environ 26 milliards de dollars, contre 31 milliards de dollars en 2017 (vous savez pourquoi, enfin vous avez une petite idée). La presse spécialisée mentionne ne pas savoir si Airbnb prévoit toujours devenir public cette année. Je vais vous faire une annonce en toute exclusivité : cela m’étonnerait fort ! En ce qui concerne les détails techniques, cet investissement se composera d’une combinaison de dettes et de capitaux propres qui soutiendront les efforts nécessaires à Airbnb « pour investir à long terme », qu’y disent. Surtout, entre nous, pour tenir la route. Une source dite proche du dossier a qualifié le deal d’attrayant pour Airbnb. Cela contredit la tendance des accords de capital-risque qui vont bon train en ce moment alors que les marchés financiers plongent. Silver Lake et TPG Sixth Street ont choisi cet investissement car Airbnb a un modèle d’activité «axés sur la mission» et «croient que les voyages sont durables». Enfin, normalement en ce qui concerne ce deuxième point. Je pense surtout qu’ils ont fait une excellente opération financière, selon mes propres sources. C’est une habitude pour eux que d’investir dans des valeurs technologiques : Twitter avait déjà annoncé un investissement d’1 milliard de dollars de Silver Lake et Sixth Street Partners a plus de 34 milliards de dollars d’actifs sous gestion notamment dans ce secteur. Concernant le petit monde qui gravite autour de ces affaires juteuses en général, Morgan Stanley a été conseiller financier d’Airbnb et Simpson Thacher son conseiller juridique, Kirkland & Ellis a été conseiller juridique de Silver Lake et de Sixth Street Partners, et enfin Goldman Sachs a conseillé Airbnb. Tout va bien dans le monde des affaires, l’argent tourne.
Mardi : du micmac entre Softbank et Wework

Quelques jours seulement après l’annonce par SoftBank de son intention de ne pas réaliser son offre publique d’achat de 3 milliards de dollars sur les actions WeWork qui aurait racheté une partie des actions détenues par le co-fondateur de la société, Adam Neumann, des sociétés de capital-risque comme Benchmark et de nombreux employés de la société, la société a décidé d’exercer des représailles, poursuivant SoftBank pour violation présumée de contrat et manquement à son obligation fiduciaire. Le comité spécial du conseil d’administration de WeWork a déclaré qu’il « regrette que SoftBank continue de faire passer ses propres intérêts avant ceux des actionnaires minoritaires de WeWork » ayant déjà reçu les avantages du contrat qu’il a signé l’année dernière, comprenant des dispositions sur le contrôle des conseils d’administration. Il exige que SoftBank confirme la transaction ou bien offre une compensation pour couvrir les dommages liés à son sabordage de la transaction. Au delà de conditions habituelles pour ce type d’accords, SoftBank a déclaré que WeWork n’avait pas satisfait à un certain nombre de ces exigences de performance, et a déclaré qu’il était dans son droit, en vertu du contrat d’offre, de se retirer de l’accord. Il va sans dire qu’au delà du pot-aux-roses révélé sur la situation de l’entreprise et des drôles de jongleries d’un des co-fondateurs, les finances de WeWork ont été ébranlées récemment vous savez pourquoi, les installations de co-working de l’entreprise étant fermées pour la plupart dans le monde entier. Étant donné le désaccord entre les parties, un procès est presque inévitable. Il ne faut pas oublier que SoftBank est le plus grand actionnaire de WeWork, et si l’offre publique d’achat avait été conclue, le conglomérat de télécommunications japonais aurait détenu environ 80% de la société de co-working. En clair : c’est le bordel.
Mercredi : tout va bien au Royaume des VCs

Activant Capital, une société de capital-risque basée à Greenwich, au Connecticut (et oui, pas dans la Silicon Valley pour changer), qui cherche à se faire un nom dans ce monde de brutes, a réussi à obtenir un nouveau chèque de 257 millions de dollars, malgré le fait que l’économie américaine se dirige à l’évidence vers une récession sans précédent. Le fondateur, un xx-McKinsey du nom de Sarracino, il a eu l’occasion de se faire un beau CV et des bons potes. Seul ombre au tableau, il dit qu’il s’est fait licencier et qu’il s’est retrouvé en 2009 avec «littéralement sans emploi et perspectives» et «avec rien à faire». Comme c’est un homme bien entouré, il s’est fait conseiller qu’il valait mieux commencer par le commencement et de ce fait, en 2015, Sarracino a persuadé des investisseurs de consacrer 75 millions de dollars à son premier fonds, Activant Capital. Son deuxième fonds a été clôturé avec 129 millions de dollars en 2017. Aujourd’hui, Activant se positionne sur des projets en phase de croissance, avec un horizon d’investissement de 15 ans et une approche se concentrant sur les plateformes de paiement et d’eCommerce. L’une d’entre elles est Bolt, une jeune entreprise basée à San Francisco qui développe un processus de paiement pour les entreprises qui rivalisent avec Amazon et s’intègre aux paniers d’achat utilisés par les clients de Shopify, WooCommerce et Magento notamment. L’année dernière, Bolt a clôturé le financement de sa série B pour 68 millions de dollars dirigé par Activant et Tribe Capital. Un exemple plus récent est Deliverr, une société de logistique et de traitement des commandes basée à San Francisco qui promet à ses clients une livraison rapide en louant des espaces d’entrepôt à travers le pays avec un financement de série C de 40 millions de dollars plus tôt cette année, toujours dirigé par Activant. Sans préciser le montant qu’Activant investit dans chacune de ses sociétés, Sarracino a déclaré la semaine dernière que les chèques de la société variaient généralement de 25 à 65 millions de dollars, bien que l’équipe soit descendue «aussi bas que 15 millions de dollars». Activant – qui avait également investi dans la société d’analyse prédictive Celect avant de la vendre l’an dernier à Nike – écrira également occasionnellement des chèques de 3 ou 4 millions de dollars à de jeunes startups qui sont encore trop précoces mais qu’elle souhaite suivre de près. Interrogé sur la taille de l’enjeu qu’il souhaite pour ses chèques, Sarracino a insisté sur le fait qu’il ne pense pas en termes d’objectifs. Il «cible plutôt les retours sur investissements» (je simplifie son propos quelque peu nuancé). Quant à son nouveau fonds, même s’il est à peu près le double de la taille de son précédent véhicule, Sarracino a déclaré que le plan est de continuer à faire trois à quatre investissements chaque année et que le portefeuille ne comportera que huit ou neuf sociétés de portefeuille. Concernant les investissements passés, « soutenir le portefeuille tout au long du mois de mars fut une véritable épreuve témoignage pour notre entreprise. » Ben ce n’est pas fini, Bob. Il considère la présente priorité de la mission d’Activant – au-delà de faire de l’argent – d’aider les petites et moyennes entreprises à rebondir et tenir le coup. La société recherche activement plus d’investissements des infrastructures afin de ne pas laisser Amazon prendre trop d’avances. Bon courage.
Jeudi : une jolie partie de ping-pong « capitalistique » entre le Japon et la Chine

Sony devrait payer 400 millions de dollars pour une participation minoritaire dans la plate-forme de divertissement en ligne chinoise Bilibili, ce qui valorise l’entreprise à 8 milliards de dollars. Les actions de Bilibili se négociaient au NASDAQ à 23,1 $ par action pour finir à 26,20 $ pièce. Les deux sociétés déclarent qu’une fois achevées, elles signeront un accord commercial afin de rechercher des opportunités de collaboration en matière de divertissement sur le marché chinois, dans des secteurs tels que les jeux d’animation et les jeux mobiles. Populaire auprès des publics de la génération Z et des créateurs de nouvelle génération, Bilibili se positionne comme «un monde de divertissement en ligne». Ses opérations s’étendent des vidéos et de la diffusion en direct aux jeux mobiles. Bilibili est surtout connu pour le contenu généré par l’utilisateur, mais a récemment augmenté son catalogue de contenus généré par des professionnels et s’est étendu à des films et des documentaires de format plus long. Il a récemment établi un partenariat avec Discovery et China Intercontinental Communication Center pour produire et publier des documentaires d’actualité (non, je n’ai pas cité Covid19). La société a de nouveau enregistré des pertes en 2019, mais ses revenus ont augmenté de 74% pour atteindre 288 millions de dollars. Et à la fin de 2019, il y a 130 millions d’utilisateurs moyens par mois et 37,9 millions d’utilisateurs moyens par jour. Bon, on se croirait dans un article des Échos, c’était juste pour dire que tout le monde ne perd pas son temps en ces temps de sur-place économique apparent.
Vendredi : la cybersécurité en mouvement… de capitaux

Le fournisseur de cybersécurité coté en bourse Zscaler Inc. a annoncé aujourd’hui qu’il faisait l’acquisition de Cloudneeti Corp., une startup de Seattle qui aide les entreprises à trouver des vulnérabilités liées à la configuration dans leurs applications dans les nuages. Les conditions financières n’ont pas été divulguées mais Zscaler s’attend à ce que la transaction se termine à la fin du mois. Leur produit analyse les applications dans le cloud à la recherche de paramètres de sécurité mal définis et d’autres problèmes de configuration susceptibles d’ouvrir la porte aux hackers. Cloudneeti indique que son service fonctionne avec des charges de travail s’exécutant sur Amazon Web Services, Microsoft Azure et Google Cloud, ainsi que certaines suites de logiciels telles qu’Office 365. Les équipes informatiques peuvent personnaliser les problèmes recherchés par le service en définissant des règles de sécurité. La technologie de Cloudneeti, complétera les capacités des offres de sécurité cloud existantes de Zscaler. Cloudneeti est le deuxième acteur du marché de la gestion de la posture de sécurité du cloud à avoir été acquis de mémoire récente. Sans rentrer dans trop de détails techniques histoire de ne pas devenir une filiale Française de ZDNet, ce qui n’est ni ma compétence ni mon ambition, la sécurité informatique à l’instar de toutes les filières de cette industrie fait l’objet de grands et petits mouvements stratégiques où les alliances, rachats et autres permettent de gagner du temps face aux défis technologiques d’un world-wide-web qui n’avait pas nécessairement été conçu pour être ce qu’il est devenu. Sauve qui peut.
Voyez, je vous l’avais bien dit… Sans Covid19 ou presque. Ce n’était pas évident !À la prochaine !