
La rubrique qui vous donne la température de la Silicon Valley (garantie 100% non sous-traitée) est de retour !
Lundi : Harley-Davidson se met au tout électrique
Harley-Davidson est vient de présenter un concept de vélo électrique aux récents X Games qui comporte un cadre simple avec une transmission électrique et des roues robustes. Son lancement commercial reste encore à annoncer.
Tout en annonçant le prix de vente officiel de sa première moto entièrement électrique, la LiveWire, Harley-Davidson a également présenté deux nouveaux concepts: un vélo de montagne électrique et un scooter électrique. Les concepts semblaient prometteurs et la semaine dernière, Harley-Davidson a exposé quelques prototypes à Aspen, au Colorado, lors des Winter X Games, et a laissé quelques-uns heureux chanceux présents à cette occasion s’en servir. Le vélo a l’air plutôt original, mais il s’en vend par camions de nos jours et pour trois fois rien. La robustesse du modèle de Harley-Davidson permettra peut être de le distinguer des centaines d’autres modèles déjà disponibles, et la réputation du nom de Harley-Davidson pourrait aider la société à y prendre quelques parts de marché. Quant au scooter, c’est une autre histoire ! Le modèle rappelle beaucoup les cyclomoteurs électriques que la start-up Lithium Cycles fabrique depuis la Californie (sans doute un peu trop), mais avec ce petit plus que la société de Milwaukee a les moyens de se permettre.
Ce scooter serait probablement vendu aux alentours de 30.000 dollars. Un prix quelque peu excessif pour sa catégorie mais qui va définitivement donner un coup de jeune à la marque !
Mardi : Quand Tesla et Amazon font bon ménage…
Tesla a décidé de se lancer sur Amazon pour vendre son merchandising en dehors de ses magasins. Il est possible d’y trouver des accessoires comme des étuis pour iPhone, ou des produits purement marketing comme des modèles réduits de Tesla, des mugs ou encore des sweat-shirts à capuches. Très geeky, en tout cas pas encore le bon endroit pour acheter sa Model S !
Au fil des ans, Tesla a utilisé son site Web «Tesla Shop» pour vendre ses produits dérivés et des accessoires, mais il n’a pas vraiment rencontré le succès que la marque espérait. Tesla a donc choisi Amazon pour propulser ses ventes sur le site du géant de la vente au détail sur Internet. C’est d’ailleurs souvent le cas : beaucoup de marques considère Amazon comme le diable en personne (et ils ont quelques raisons pour cela), mais vendre sur Internet est une discipline à part qui ne porte par ses fruits si on ne fait pas appel à des spécialistes du sujet. Amazon a encore trop d’expérience sur ce sujet par rapport à la moyenne des sites marchands et de leurs équipes marketing et informatique. Tous ces articles sont vendus par le biais d’Amazon Prime, le détaillant en ligne se chargeant de la logistique.
Tesla pourrait éventuellement positionner plus d’articles dans le magasin en ligne et laisser Amazon prendre en charge la ventes des autres produits, sans doute plus importants en terme de volume (non, on a dit pas les voitures…). Cela dit, certains produits du Tesla Shop nécessitent une installation dans les centres de service Tesla. Amazon est devenu une plaque tournante pour les stations de recharge de véhicules électriques. Le détaillant en ligne propose des centaines de bornes de recharge à vendre, dont beaucoup sont disponibles via Prime. Ils se sont même associés à Audi pour non seulement vendre des stations de recharge domestiques, mais également mettre en contact des acheteurs avec des électriciens pour effectuer l’installation. Tesla a également collaboré avec Amazon pour déployer davantage de stockage d’énergie dans les centres de distribution.
Cela peut paraître anecdotique, mais il se peut que cette initiative ait de plus grandes implications pour l’avenir de l’activité commerciale de Tesla, allez savoir. Il est pour le moment logique que Tesla prenne les choses en main pour améliorer une partie (mineure) de son activité, au moment où Amazon prend des initiatives (et certaines parts de marché) dans le secteur de l’automobile. Amazon vend aussi maintenant des pneus, des essuie-glaces et de nombreux autres accessoires pour la voiture. Avec Amazon garage, les clients peuvent désormais enregistrer leurs voitures sur le site d’Amazon et savoir exactement quels produits fonctionneront avec leurs véhicules. Une affaire à suivre !
Mercredi : Spotify fait ses courses
Est-ce bien utile de présenter Spotify ? Pour ceux qui passeraient un peu trop de temps à écouter de la musique sur Deezer, c’est une entreprise proposant un service de musique en streaming sur Internet (pour la traduction de streaming, merci de consulter un bon dictionnaire spécialisé). Il semble que Spotify souhaite également devenir un acteur qui compte dans l’industrie du podcast, si l’on en juge par ses récentes acquisitions.
Spotify a non seulement acquis Gimlet Media, un producteur de podcasts en ligne pour environ 230 millions de dollars, mais il a également acheté Anchor, une startup permettant aux utilisateurs d’enregistrer et de distribuer leurs propres podcasts plus facilement. La société a annoncé prévoire dépenser jusqu’à 500 millions de dollars pour des transactions cette année. Grâce à ces acquisitions, Spotify est désormais pleinement impliquée dans la création de contenu, une initiative que la société n’avait pas vraiment encore prise avec la musique. Daniel Ek, CEO de Spotify, avait déclaré qu’il n’avait pas l’intention de se lancer dans le podcasting lorsqu’il avait fondé la société il ya 11 ans, mais maintenant, c’est un nouveau virage. Spotify est désormais dans les chiffre la deuxième plus grande plate-forme de podcasts au monde (derrière Apple) et l’écoute de podcasts devrait représenter à terme 20% de l’utilisation de Spotify.
L’explication de ce changement de position est fourni par le CEO lui même : « Nous construisons une plate-forme qui offre une opportunité significative aux créateurs, suscite l’intérêt de nos utilisateurs et les engage, ce qui contribue à construire un modèle commercial encore plus robuste pour Spotify dans un secteur qui, selon nous, deviendra de plus en plus important. » Il rajoute : « L’écoute croissante des podcasts sur Spotify est une stratégie importante pour permettre de stimuler la croissance sur la plateforme, augmenter l’engagement des utilisateurs, réduire le taux de désabonnement, augmenter la croissance des revenus et augmenter les marges. Nous avons l’intention de nous appuyer sur cette stratégie en 2019, à la fois pour acquérir du contenu exclusif et pour augmenter les investissements dans la production de contenu en interne. »
En clair, il faut savoir qu’il est moins coûteux de créer ou de concéder des licences de podcasts plutôt que des chansons des grands labels et des artistes à succès. Bien que Spotify se soit assuré quelques exclusivités de profils très écoutés en matière de podcast, cela suppose que la plupart des podcasts distribués non seront pas exclusifs pour le moment. Spotify va chercher également à générer sa propre production de podcasts sans toutefois les rendre exclusifs à la plate-forme.
Tandis que la vidéo développe du contenu d’une façon exclusive – il faut un abonnement HBO pour pouvoir regarder Game of Thrones, et un abonnement Netflix pour regarder Stranger Things, et que la musique est (presque) entièrement multi-plateforme (vous pouvez écouter Post Malone sur Spotify, Apple Music ou Google Play), Spotify imagine que le podcasting se situera quelque part entre les deux. Ce nouvel axe stratégique survient après une tentative d’insertion de contenu vidéo qui a finalement échoué. Après avoir envisagé de passer à la télévision en mode streaming, Spotify s’est donc raisonné à adopter des stratégies de croissance moins ambitieuses. La vidéo posait deux gros problèmes à Spotify : devoir payer pour les émissions d’une part (le contenu de qualité coûte très cher, certainement au dessus de ses moyens alors que son activité historique pénalise sa rentabilité du fait des coûts d’hébergement immenses), et la plupart des gens ne pensaient pas que Spotify soit une plateforme pour voir du contenu vidéo. Spotify compte actuellement 96 millions de clients payants sur un total de 207 millions d’utilisateurs
Jeudi : Postmates annonce son introduction en Bourse
Je me rappelle de la première fois où j’ai côtoyé (en quelque sorte) Bastian Lehman : c’était pour m’enregistrer en novembre 2010 dans un réseau social pour collectionneurs qu’il avait créé et qui s’appelait Curated.by où l’on pouvait procéder à de la curation de news. Bastian, au pedigree inconnu (si j’en crois sa fiche sur Linkedin) a commencé de travailler en février 1999. Il a fondé dernièrement Postmates en décembre 2010, et il vient d’annoncer l’introduction en Bourse de sa compagnie. Voilà, ça, c’est fait !
Postmates vient donc de déposer un premier appel public à l’épargne, IPO en langage de startup de la Silicon Valley, rejoignant la liste des sociétés dont l’activité est générée par des applications mobiles qui deviennent publiques cette année. Si tout va bien. Pour faire simple, Postmates est une société de livraison de produits alimentaires que l’on utilise depuis son smartphone pour se faire livrer chez soi. C’est le créneau du « last mile », pour ceux qui parlent comme des Retailers. Postmates a soumis sa candidature auprès des services compétents à la SEC (la Securities and Exchange Commission des États-Unis). Les conditions financières du prix de l’offre proposée n’ont pas encore été déterminées, a indiqué la société.
Postmates a choisi JPMorgan Chase et Bank of America en tant que souscripteurs principaux de l’offre. C’est un choix classique dans la procédure et ça va faire deux des banquiers heureux pour le prix d’un (ça rapporte des pépettes cette affaire). La société pourrait être évaluée dans le cadre d’une offre de plus de 1,85 milliard de dollars, soit son évaluation obtenue en janvier dernier après avoir levé 100 millions de dollars auprès des actionnaires existants et de d’un nouvel investisseur à savoir BlackRock Inc. Faut croire qu’ils ont tout dépensé.
Cette décision intervient alors que la concurrence déjà très vive dans le secteur de la livraison de restaurants, car le leader du marché, Grubhub (côtée en bourse) a perdu des parts de marché au profit d’UberEats au cours de ces derniers mois, entraînant une chute de l’action en bourse.
Parmi les principaux partenaires de Postmates, on compte Chipotle Mexican Grill, qui compte sur Postmates pour les livraisons de plus de 300 de ses restaurants. Chipotle, comme beaucoup d’autres chaînes de restaurants, a de plus en plus recours à des services de livraison tels que Postmates pour stimuler ses ventes. La chaîne de burritos a déclaré que ses ventes numériques avaient bondi de 66% au quatrième trimestre et représentaient désormais 13% de ses ventes totales. Postmates gère également les livraisons d’épicerie pour Walmart et est le partenaire exclusif de la distribution à la demande pour Apple.
Les investisseurs continuent de voir des opportunités sur ce marché de livraison des restaurants. L’industrie des commandes à emporter aux États-Unis représente une valeur de 200 milliards de dollars, un marché énorme, encore en friche. Voyons ce que Bastian va réussir à faire dans les mois qui viennent.
Vendredi : Grosse compète dans le Food2.0
La compétition entre les deux sociétés proposant des substitutes de viande à base de plantes les plus connus aux États-Unis est sans fin, avec une nouvelle version sans gluten de son Impossible Burger, six semaines à peine après la sortie du Beyond Burger de Beyond Meat. À l’identique des entreprises de Software, Beyond Meat et Impossible Foods « upgradent » leurs hamburgers avec des mises à jour, tout en s’assurant que les consommateurs approuveront le changement. Chaque entreprise promet que sa « version 2.0 » (un terme utilisé par les deux entreprises) ressemble encore plus au vrai bœuf.
C’est une vraie saine compétition. Au fur et à mesure qu’Impossible Foods et Beyond Meat augmentent leurs parts de marchés, plus ils font découvrir au grand public les progrès fait dans la recherche en parallèle d’une industrie qui ne cesse de sortir des scandales : la viande de cheval chez les Spanghero, la viande avariée de Pologne, la torture des animaux dans les usines…
C’est aussi un grand excitant pour les investisseurs qui se régalent ¡a prendre de plus en plus le contrôle de ce qu’ils imaginent déjà de belles licornes. Pour avoir rencontré les équipes d’Impossible Burger chez eux, goûté à leur burger maintes fois, ainsi que la saucisse de Beyond Meat, le succès de ces produits est inarrêtable et ceci pour deux raisons. D’abord, parce que c’est bon ! Bien sûr, on empêchera pas les bornés du bon steak qui mangent avec leur yeux et pas avec leur papilles de réfuter l’argument. Mais pour un gars comme moi qui essaye d’éviter de consommer de la viande US en laquelle j’ai très peu confiance, je me satisfais de la dégustation de ces produits, qui résonnent positivement au besoin que je ressens de « manger une bonne viande ». C’est parfois de la psychologie, la gastronomie ! Ensuite, je sens qu’il y a une progression dans la volonté des consommateurs de manger « plus propre ». Ce n’est pas une question de buzz, mais juste l’impression que les nouvelles générations ont envie de valeurs dans leurs actes. Et donc de se poser des questions sur ce que l’industrie alimentaire peut bien décider de faire au mépris de règles élémentaires, et par seulement d’hygiène…
La véritable innovation consiste à utiliser des équipements biomédicaux pour repenser la manière dont les protéines, les graisses et l’eau sont utilisées dans la recette. L’Impossible Burger 2.0, qui a commencé ses essais dans 120 restaurants depuis le 15 janvier 2019, et qui sera universellement disponible en avril, a subi un changement plus radical : la société est passée de la farine de blé au soja en tant que protéine principale, rendant ainsi le burger sans gluten et en substituant la cellulose à d’autres produits. Ils sont concentrés sur l’amélioration de la nouvelle recette, à savoir la juste combinaisons entre le goût et la texture afin d’obtenir que le produit ait un goût juteux, ce qui avait été difficile à restituer jusqu’à présent.
Beyond Meat a dominé ce marché dans les épiceries et supermarchés et Impossible Foods a réalisé ses ventes dans les restaurants. Avec le lancement de Beyond Meat en décembre dernier chez 1,000 Carl’s Jr. et le déploiement prochain des produits d’Impossible Foods en magasin, les deux sociétés vont désormais se concurrencer sur les mêmes marchés. Pour le plus grand bénéfice d’une nouvelle façon de se nourrir.
Voilà, c’est fini, à la semaine prochaine pour de nouvelles actualités et aventures (hopefully…) !