
Tu ne t’es pas trompé, c’est bien ici la rubrique organique qui vous donne la température de la Silicon Valley (garantie 100% non sous-traitée) et l’occasion de témoigner d’histoires… à moins que ce soit juste du buzz : à toi de juger !
Lundi : une longue coupure d’Internet à Atlanta

Les systèmes informatiques du gouvernement d’Atlanta, Georgia, ont été en panne pendant plus d’une semaine en raison d’un piratage informatique ayant eu lieu le 22 mars dernier. Les hackers ont exigé une rançon de $51,000 en bitcoin pour remettre tout en ordre (des geeks, sans doute). Bien que les services de police soient de nouveau en ordre de marche (numérique), de nombreux travailleurs municipaux dépendent encore du papier.
Les fonctionnaires ont passé la semaine passée à reconstituer leurs « dossiers numériques », à recréer des feuilles de calcul et à gérer les affaires courantes sur leurs téléphones portables suite à l’un des piratages les plus dévastateurs contre une ville américaine. Ce sont des années de données numériques qui ont ainsi été perdues.
Les piratages ont explosé ces dernières années avec des hackers passant des simples attaques contre des ordinateurs individuels à du piratage industriel, si je puis dire, contre de grandes organisations. Personne n’est épargné : les grandes entreprises, les hôpitaux, les agences gouvernementales. Ces attaques ont entraîné la fermeture d’usines, incité des hôpitaux à refuser des patients et même forcé les urgence de certains à passer aux opérations manuelles. L’étendue des dommages n’a pas encore évaluée. Les médias n’en font pas tous les jours leur choux gras, mais pourtant il y a de quoi faire : récemment aux États-Unis, c’est au tour de Hudson’s Bay d’avoir été victime de piratage avec deux de leurs enseignes : Saks Fifth Avenue et Lord & Taylor. Tirant profit de lacunes de sécurité dans les systèmes informatiques, les pirates disposeraient ainsi des données concernant cinq millions de cartes de crédit, en faisant l’une des plus importants piratages impliquant des cartes de paiement au cours de l’année écoulée…car oui, c’est seulement maintenant que l’affaire est publique. Au delà de se battre contre une industrie en déclin, c’est souvent le manque d’investissements qui rend les entreprises fragiles face aux malfaisants, car la priorité est rarement mise sur la sécurité, avec cette foutue technologie qui ne cesse d’évoluer elle même. Un autre Retailer, Sears, plutôt mal en point lui aussi, et la compagnie aérienne Delta ont connu le même désagrément suite au piratage effectué chez leur prestataire de services de chat (24)7.ai. Et vous, que faites vous pour protéger votre informatique ?!
Mardi : Walmart veut se lancer dans les pilules

Le plus gros Retailer au monde (allez, peu importe les petits milliards qui les séparent du leader Chinois Alibaba et ses 50,000 salarié, alors que Walmart, ben c’est 2,3 millions employés) Walmart est en pourparlers pour acquérir la société de vente de produits de pharmacie en ligne PillPack pour moins de 1 milliard de dollars.
Fondée en 2013, la société basée à Cambridge, Massachusetts, fournit des médicaments dosés, prêts à être livrés et disponibles pour les traitements, avec l’indication du jour et de l’heure de l’ingestion. La startup a levé 118 millions de dollars à ce jour, et a atteint plus de 100 millions de dollars de chiffre d’affaires en 2017, selon la société. En 2016, elle aurait été évalué à 330 millions de dollars. Pillpack à déjà fait l’objet d’une opération de drague de la part d’Amazon, sans succès visiblement…
PillPack gère les médicaments d’ordonnances pour ses clients, y compris ceux qui souffrent de maladies chroniques multiples, le tout en emballant, en organisant et en livrant les médicaments. Il dispose d’une pharmacie « full-service », ce qui signifie que son équipe de service à la clientèle est disponible 24/7.
Les experts du secteur considèrent qu’un achat de PillPack est logique pour Walmart, surtout à la lumière de ses discussions avec Humana. Pour mémoire, Walmart est aussi en négociation pour un rachat avec Humana, qui propose des services d’assurances dans le domaine de la santé et dispose d’environ 11,5 millions de clients aux États-Unis. Les deux entreprises mises ensemble pourraient assurer à Walmart de sérieux moyens pour servir les personnes âgées, un gros marché en avenir. Ceci étant, Walmart n’est pas un cas isolé pour chercher à développer son activité de pharmacie en ligne. Mieux vaut en tout cas racheter une belle pépite que la développer soi même, ça va en général plus vite de nos jours.
Mercredi : rien n’est impossible pour Impossible

La startup de Redwood City, Californie, Impossible Foods, qui développe des substituts végétaux pour les viandes et les fromages, vient de lever 114 nouveaux millions de dollars.
la société a lancé son premier produit de substitut de viande dans les restaurants américains en 2016. Vous pouvez les déguster dans deux restaurant de San Francisco : le Public House, situé à l’extérieur de l’enceinte du AT&T Park, le stade de baseball de la ville de San Francisco (dégustable à n’importe quel moment de la journée) et au Cockscomb, où j’ai eu le plaisir de les déguster, mais également sur une autre centaines de points de cuisson dans le pays.
La société a installé une usine de production complète, notamment grâce au talent d’une Française ingénieure agronome expatriée dans la Bay Area, permettant de déployer ses produits à travers tout le pays, à hauteur de 2,5 millions de livres par mois d’ici la la fin de l’année (un peu plus d’un million de kilogrammes).
Depuis le lancement de leur première collaboration sur les hamburgers en 2017, la chaîne Umami Burger a vendu plus de 200 000 burgers « Impossible ». À 13 $ le hamburger, il est certain que ce mets de luxe est inaccessible pour la plupart des familles américaines, mais viser le haut de gamme a toujours été l’objectif initial du fondateur d’Impossible, Patrick Brown. Pour assurer une bonne croissance à votre entreprise, vous devez vendre à un prix élevé, selon lui. Mais c’est aussi un moyen de pouvoir aussi financer la recherche que suppose le développement de ce type de produit, qui est une véritable technologie culinaire, en quelque sorte, pour cet ancien professeur de l’Université de Stanford, qui fut par le passé entrepreneur dans le domaine des aliments biologiques (des yaourts et des fromages non laitiers). Une fois l’entreprise définitivement lancée sur les rampes du succès et de la rentabilité, il sera alors temps de penser à un assouplissement en terme de tarifs.
Jeudi : Instacart passe à la Series E
Instacart poursuit son développement et le financement de son activité avec une prochaine levée dite « Series E » de 150 millions de dollars (on est passé à la lettre E, sachant que les levées de fonds institutionnelles se succèdent en suivant l’ordre de l’alphabet lors de chaque nouvelle levée de fonds). Cette levée a été réalisée avec les investisseurs existants, ce qui est un bon signe de confiance de leur part, même si le montant, à l’échelle des investissements faits dans la Silicon Valley, peut paraître quelque peu modeste.
Peut être est-ce le signe d’une prochaine rentabilité, ce qui serait une jolie performance dans un métier où le profit unitaire se compte en centimes de dollars, avec des exigences règlementaires très fortes au niveau des frais de personnel, et dans une industrie qui ne se porte pas au mieux. Pire encore, lorsque l’un des ses principaux clients, Whole Foods (NB : Whole qui se prononce essentiellement avec le « h » et non pas le « w » comme le font la majorité des Français) se fait racheter par Amazon…ce n’est pas nécessairement le signe d’une potentielle durable collaboration, étant donnée la réputation de cette dernière à s’inspirer très fortement des expériences du marché (en clair, on regarde comment tu fais, et après on le fait nous mêmes). Ce qui reste impressionnant avec cette levée de fonds, c’est que cela porte le total à 350 millions de dollars avec une évaluation d’Instacart de 4,35 milliards de dollars. Je connais certains experts du secteur que s’avouent plutôt sceptiques du business model de la startup, mais ça commence à faire beaucoup. Instacart fournit ses services de livraison aux plus grands du secteur alimentaire, y compris Costco et Albertsons. Ils ont récemment signé un partenariat avec Sam’s Club (Walmart).
Vendredi : de la fusion dans l’air dans le secteur de la livraison du dernier kilomètre

Les deux startups développant depuis San Francisco des services de livraison Postmates et DoorDash sont en cours de discussion au sujet d’une éventuelle fusion (ce qui reste à confirmer).
DoorDash a levé en mars dernier 535 millions de dollars, avec notamment la société Softbank, par ailleurs investisseur dans Uber ou encore Didi Chuxing, portant le total à 721,7 millions de dollars. Le montant des capitaux levés par Postmates est simplement de 278 millions de dollars.
Au delà des conversations de midinettes pour savoir qui serait le CEO à la place du CEO de l’ensemble des deux entités, c’est surtout au niveau des investisseurs que les discussions ont lieu.
En effet, Postmates et ses investisseurs sont désormais confrontés à une pression accrue pour conclure un accord suite à la récente injection massive de capitaux pour DoorDash car Postmates doit désormais appréhender la façon de rivaliser avec une startup disposant d’un énorme avantage en capital, rendant potentiellement une fusion ou une vente plus attrayante.
Les enjeux sont élevés. D’ici 2022, 11% des ventes de restaurants aux États-Unis devraient provenir des commandes de livraisons, contre 6% l’an dernier, selon Morgan Stanley Research. Cela équivaudrait à une opportunité de marché de 32 milliards de dollars d’ici quatre ans. Un gros gâteau, pas évident à se partager car il est évident que nos deux sociétés sont loin d’avoir établi un niveau d’activité suffisamment élevé chacune pour atteindre leur seul de rentabilité. Et ce serait dommage de faillir avant d’arriver à une telle taille de marché, d’autant plus que les deux sociétés représentent à elles seules seulement 23% du marché, selon des évaluations faites en février 2018.
Bastian Lehmann, CEO de Postmates, a lui confié qu’un accord serait d’ores et déjà conclu, tandis que ces conversations de couloir ont démarré il y a quelque temps déjà. Lehmann est reconnu comme plutôt actif pour chercher des débouchés pour son entreprise, soit par un rachat, en ayant déjà recruté une agence spécialisée sur ce type d’opérations, soit en annonçant une prochaine introduction en bourse. Des discussions avec Grubhub, leader de ce marché (plus de 50%), n’auraient rien donné.
Le chiffre d’affaires de Postmates a atteint environ 250 millions de dollars en 2017 sur près de 900 millions de dollars de volumes de transactions, affichant une perte d’exploitation de 75 millions de dollars pour l’année. La société avait déclaré à certains médias qu’elle serait rentable d’ici la fin de 2017, et elle est généralement très en retard sur ses prévisions. La société prévoirait un chiffre d’affaires de 400 millions de dollars en 2018 sur des ventes totales de plus de 1,2 milliard de dollars. Les zones de succès de Doordash et de Postmates sont relativement complémentaires. La parole est d’argent, mais le silence est d’or du côté de Doordash. Une opération équivalente dans l’industrie a eu lieu en 2014 lorsque Grubhub (Chicago) et Seamless (New York) ont fusionné.
En attendant, les dindons de la farce, c’est à dire les personnes employées à faire les livraisons, continuent de se démener à pied, à cheval et en voiture (pour les plus nantis) afin de gagner quelques dollars de l’heure, loin des millions qui volent dans les bureaux embourgeoisés de la Silicon Valley. Et franchement, quand je vois un pauvre gars en sueur pédaler pour 3 francs six sous, je me dis que la bataille du grand Internet, l’avènement du peer-to-peer, le web au service de l’humain… ben c’est pas encore pour demain. J’en arrive à rêver que les choses aillent plus vite avec les nouvelles technologies et que les robots envahissent ce marché pour rendre ce service disons… un peu plus humain.
Voilà, c’est fini, à la semaine prochaine pour de nouvelles actualités et aventures !
merci pour ce post
Anytime 🙂
Je viens de découvrir ce blog et je dois dire que je trouve très intéressant ce petit récapitulatif de la semaine pour rester en veille 😉
Pas mal oui le récapitulatif high tech de la semaine !
Les attaques informatiques font de plus en plus peur!
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La tendance ne semble pas s’inverser avec le digital qui envahi tout
Après avoir lu pas mal d’actualités de la semaine. C’est vraiment plaisant et on en apprend toujours plus. Merci