Les (vrais) secrets de la Silicon Valley

J’ai ouvert « Le Journal de la Silicon Valley », un blog hébergé par Lexpress.fr, en 2012 car j’étais las de lire les écrits du patron de l’Atelier BNP Paribas San Francisco de l’époque (pas celui qui l’a créé quelques années avant, qui m’avait bien fait marrer avec son « web métisse » qui, j’imagine, avait fait un grand plouf… n’est pas visionnaire qui veut, et il est depuis parti gagné des « dollars oligarches » en Ukraine) qui promouvait la Silicon Valley sans véritablement rendre compte de ce que je pouvais y voir. Quand j’y publiais un article, il fallait se plonger dans la rubrique « Tech » pour le trouver. C’était cool.

Mes années dans la Silicon Valley, où je me suis progressivement installé après ma première visite en novembre 2007, ont toujours été pour moi une sorte d’aventure et une forme d’apprentissage professionnel continu… C’était en quelque sorte devenu un MBA sur le terrain (j’avais imaginé à l’époque en faire un auprès d’une université en Espagne). Mes premiers voyages réguliers se sont transformé progressivement en installation définitive. Enfin, pour le moment.

Je n’aurai jamais le diplôme de la Silicon Valley, c’est une histoire en mouvement constant. On n’en fait jamais vraiment le tour, même si son territoire est géographiquement délimité.

On m’a souvent présenté comme « journaliste », notamment du fait de ce statut de blogueur qui vous permet d’avoir l’étiquette de média, d’être invité gratuitement aux conférences, et d’écrire un peu tout ce que l’on veut. J’avais toutefois un contrat moral avec L’Express, dont j’avais rencontré le directeur adjoint de la rédaction de l’époque grâce à un ami journaliste (un vrai). Rendre compte a toujours été pour moi essentiel, même avec les petites histoires que je racontais avec une certaine naïveté sur mon blog personnel depuis 2007. C’est important d’imaginer que des personnes vont tomber sur ce que vous avez écrit et des conséquences que cela peut avoir. J’ai touché de près cet inconvénient une fois, et j’ai appris que cela avait une importance que l’on n’imaginait pas au moment d’écrire, quelque soit la sincérité que l’on y dépose.

Alors quand il s’agit d’écrire sur la Silicon Valley, un thème si facile à citer pour se garantir une audience certaine… J’ai estimé la responsabilité encore plus grande, et j’ai donc publié, publié, publié pour parler de la « tech » en général, des startups, dans la Baie de San Francisco et au delà, car il faut le reconnaître : l’innovation n’est plus une exclusivité de cette région du globe. J’aurais l’occasion d’en discuter la semaine prochaine avec un membre de l’équipe de capital risque de Google à Mountain View dont j’avais quelque peu remis en cause la vision sur Twitter il y a quelques semaines. Juste pour le fun, il gère quelques millions en portefeuille, pas moi.

Écrire avec sincérité, c’est écrire avec responsabilité et donc avec honnêteté. J’ai écrit dans les colonnes de mon blog pour apporter une autre vision des innovations portées par les startups, pour raconter autrement les histoires des entrepreneurs du crû, développant ici un prolongement de leurs études à Stanford, à Berkeley, et narrer les aventures de ceux venus d’ailleurs pour trouver la source de financement dont ils auraient certainement besoin, ou enfin pour se frotter aux cadors du coin, pour profiter de la douceur de la Californie du Nord, que sais-je. Les raisons ne manquent pas pour se motiver à venir jouer sa partie dans ce business playground compétitif qui a frappé bien des imaginations depuis quelques générations, et cela continue encore. Enfin ça s’est arrêté depuis mars, mais je ne m’inquiète pas, le traffic de SFO va reprendre de plus belle dans quelques mois, j’en suis sûr.

Les ouvrages francophones sur le sujet ne manquent pas. Des plus anciens, comme « Les Français à San Francisco » par Daniel Levy en 1884 (je suis collectionneur dans l’âme, et je l’ai, ce bouquin !), « En Amérique, de San Francisco au Canada » par Jules Huret en 1905 (je l’ai aussi), « L’Amérique insolite » d’Yves Grosrichard (un journaliste, lui aussi) en 1959 (je les ai tous !), aux plus opportunistes comme « San Francisco: La ville où s’invente l’avenir » par Jean-Claude Cuzzi en janvier 1985, « À la conquête de la Silicon Valley » par Jean Rauscher et Sylvie Marc en 1999, « Les secrets des entrepreneurs de la Silicon Valley » par Guillaume Villon de Benveniste en 2016 (un autre grand voyageur dans la Baie, hum hum), « Made in Silicon Valley » par David Fayon en 2017 (mazette, quelle préface…). Les donneurs de leçons sont au rendez-vous avec « La nouvelle servitude volontaire » par Philippe Vion-Dury en 2016, et aussi les plus documentés comme le numéro 192 de la revue « Le 1 » sur la « Silicon Valley, son univers impitoyable » en mars 2018, ou la revue « Esprit » de mai 2019 sur « L’Idéologie de la Silicon Valley ».

Il y a ceux qui m’ont servi comme « Start-Up : ce que nous pouvons encore apprendre de la Silicon Valley » par Hervé Lebret, auto-publié en 2007, ou encore Pascal Baudry et son « Francais & Américains : l’autre rive  » publié en 2003, avec qui j’ai pu brièvement discuter de mes futures activités à San Francisco lors de mes premiers allers-retours il y a maintenant plus de 10 ans.

Il y a eu « La puce et les géants » par Éric Laurent, en 1983, qui m’a inspiré alors que je me destinais à devenir programmeur informatique. Livre qui m’a poussé à venir à San Francisco plus de vingt ans après…

Il y a aussi les romans comme « Et si c’était vrai » par Marc Levy publié en 1999 dont les droits seront rachetés par Steven Spielberg pour donner naissance au film « Just like Heaven« . Justement, je pense que la frontière entre le roman et le travail journalistique est certes une mince feuille de papier mais qui mérite toutefois un soupçon d’honnêteté.

Mon blog n’était pas censé se poursuivre jusqu’à ce que je tombe par hasard sur cette vidéo de Konbini mettant en avant un certain Loïc Hecht et son livre sur le syndrome de Palo Alto, paru en janvier de cette année, qui m’était totalement inconnu à ce jour.

J’ai cessé de m’intéresser à ce que les Français peuvent écrire ou dire sur la Silicon Valley. Comme je l’ai écrit plus haut, c’est certes un sujet très vendeur. J’ai moi même fait partie des ces offreurs de voyages d’études dans la Silicon Valley dans mes premières années ici, et j’y ai vécu de cette activité. Je n’ai toutefois jamais vraiment touché le rêve Américain du fait de ces voyages (je veux dire : coté pognon), avec ces meetings organisés par dizaines, tant je me suis senti responsable d’une certaine forme de légitimité nécessaire pour le faire, c’est à dire faire de façon à me rendre quelque part utile dans le parcours de la « learning expedition », en me transformant en quelque sorte prescripteur des entreprises locales, espérant un retour business de la part des visiteurs pour les différents hôtes sollicités et intéressés par l’idée de rencontrer de potentiels clients. Même en ayant travaillé pour des entreprises françaises de taille significative sur de tels projets, par exemple, entre autres, au service des membres d’une grande famille d’entrepreneurs assez connus, en mettant en relation des startups ayant la meilleure adéquation possible en terme d’offres par rapport aux besoins que pouvaient avoir ces entreprises, j’avoue que cela n’a jamais vraiment fonctionné, et les meetings ont souvent fini en impasse. Trop de « learning », et pas assez de transformation de business (ce qui n’est souvent de toute façon que synonyme d’une certaine forme de consulting sans impact) . Cela s’explique, mais ce n’est pas vraiment l’objet de mon propos ici. C’est juste pour situer le contexte, et comment je vois l’utilisation de la « Silicon Valley » selon une certaine forme de sincérité et d’éthique.

Écrire un livre, je sais ce que cela représente en terme de travail. Je ne sais pas ce que c’est que de vivre de ses écrits, je n’ai jamais été rémunéré pour mes articles (à part une fois pour être précis, avec un ordinateur portable à la clé). J’imagine qu’il y a un fort enjeu à écrire un livre pour ceux dont le métier est de vivre de ce que l’on écrit (vous me suives toujours ?). Cela fait un an que j’ai entre les mains un projet de livre, imaginé lors d’un voyage en train effectué depuis la gare d’Emeryville, Californie, vers New York, en quatre jours, trois nuits et quelques heures avec un ami photographe dont les clichés feront partie de l’oeuvre, mélangeant mes articles de ce « Journal de la Silicon Valley » avec quelques témoignages additionnels remis au goût du jour. Pas nécessairement pour faire de l’argent (au moins pour rembourser le coût du voyage pour nous deux), mais pour témoigner de cette Amérique méconnue de tant de Français, et malheureusement de certains qui en parlent. Mon ami et moi avons fait le pas de prendre la citoyenneté (lui, bien avant moi), et je trouve qu’il est encore plus important de témoigner sur elle, d’expliquer ce qu’il est possible d’expliquer pour éviter les clichés « à la va vite » de gens qui par exemple viennent faire un tour dans la Baie et prétendent ensuite vous raconter l’histoire. Surtout quand il y a des prétextes journalistiques pour écrire un roman.

Et là, j’en reviens à cette vidéo de Konbini, média qui a le droit de vivre de son contenu mais dernier endroit où j’irai chercher une certaine forme d’information après avoir été quelque peu familiarisé avec leur style éditorial. Ton livre, Loïc, franchement, tu peux écrire ce que tu veux, et je te souhaite de gagner plein d’argent avec. Je te souhaite d’avoir aussi Steven Spielberg qui vienne te racheter les droits d’auteur pour en faire un film. Je suggèrerais de prendre James Franco comme acteur. D’ailleurs, il a, lui aussi, écrit un livre qui s’appelle « Palo Alto ». Il est né à Palo Alto. Il n’est pas venu, plusieurs fois, pendant trois à quatre semaines pour raconter « les fameux secrets de la Silicon Valley », depuis 2015, non, attendez, 2014. Il y a grandi.

Bon, on va arrêter le suspense, deux films ont déjà été tournés, inspirés de son livre. « Palo Alto » et « Memoria », si ça t’intéresse. Tu pourrais apprendre des trucs ?

Tes secrets de la Silicon Valley, Loïc, mériteraient, selon ce que j’ai entendu sur cette vidéo de Konbini, quelques clarifications. Tu as du voir mes commentaires, je n’ai pas pu m’empêcher d’écrire quelques lignes sur Youtube… Parce que dans le genre des gros clichés, tu as vraiment tapé fort. Très fort.

  • Le siège d’Amazon est à Seattle, dans l’état du Washington. Un peu plus haut, toujours sur la côte Ouest. Ce n’est plus la Californie, et encore moins la Silicon Valley. Ils ont des bureaux sur différentes villes que tu cites bien sûr. Mais ce n’est pas le siège. Juste histoire d’être précis, comme un bon journaliste que tu es.
  • L’histoire des bus : c’est évident que tu es surement arrivé au moment ou l’affaire faisait un peu de barouf. Mais cela ne date pas d’hier, c’est une longue histoire et il est dommage que tu t’arrêtes à cet incident qui n’a pas été poursuivi d’effets sur une plus longue période je parle de ce mouvement précis). À part changer quelques modes opératoires sur les arrêts de bus des boîtes de la tech dans la ville de San Francisco, mais j’ai sans doute oublié quelque chose… Il y a eu « Occupy San Francisco » aussi, juste en face de la Federal Reserve Bank sur Market Street, dans la Financial District. Tu vois où je veux dire ?
  • Mark Zuckerberg et sa maison de San Francisco… Loin de ses bureaux, genre, donc il dort pas dedans. La vache, quel secret. Et les maisons qu’il a acheté juste à coté, t’es au courant (sinon t’as loupé un scoop pour en remettre une couche) ? Et celles sur Hawaï, ça t’intéresse d’en savoir plus ? Et celles sur Palo Alto ? Que tu saches, il aime préserver son intimité, il a du pognon, et il achète des maisons, chers (ça fait marcher le commerce) et paye même des gens pour sa sécurité. Il est où le problème, Dude ?!
  • L’Apple Store dont tu parles, ce n’est pas le bon. La photo que tu montres est d’un magasin plus loin dans la rue qui a été ouvert bien après la mort de Steve Jobs, dont tu craches un peu dessus avec une certaine forme de mépris en citant les témoignages des fans de l’époque. Le cynisme, ça passe mal des fois, quoi que l’on puisse penser de la façon dont certains managent des entreprises dont des millions de clients utilisent les produits à travers le monde. T’as pas un Mac, Loïc ?
  • La création de Paypal : Peter Thiel est co-fondateur de Paypal (avec, devine qui… Elon Musk, Toto), et donc pas son fondateur unique, Paypal étant d’ailleurs objet de la fusion de deux startups…dommage, t’aurais pu parler de la Paypal maffia et taper un peu plus sur ce que tu sembles avoir désigné comme une de tes tête de turc préférées dans la Silicon Valley…
  • Soma (South of Market, pour faire cool), le coin des clochards ? Tu parles de Tenderloin ? Comprends pas, vraiment. C’était plein d’entrepôts et c’était un quartier chaud, c’est certain, il y a vingt, trente ans. Mais je crains un peu que tu te sois mis les pieds dans le tapis de l’histoire de la transformation de la ville de San Francisco.
  • Elon Musk n’est pas le fondateur de Tesla.
  • L’histoire d’Oakland et tes chiffres… Allez, j’abandonne, c’est pas grave.

« Chuis allé dans la Silicon Valley ». Bon, écoute, écris des romans, et franchement, du fond du coeur, vraiment, j’espère que c’est un succès. Quant à pousser une légitimité de journaliste pour justifier de la réclame sur des secrets dont certains sont quelque peu imprécis, de la part d’un journaliste, ça craint. Je dis ça, je dis rien.

La bande de terre, dont tu parles, elle a un siècle d’histoire. Du beau, du moins beau, mais bon c’est une histoire humaine comme d’autres, tu l’as dis en conclusion, tu as raison. Alors, en tant que journaliste, on a le droit d’avoir des opinions, mais pas la peine d’en faire un syndrome. Beaucoup de journalistes sont venus ici, et ils ne sont pas toujours les bienvenus, parce que les résultats sont souvent loin des promesses pour prendre un rendez-vous et du « rendre compte ». Il faut nous comprendre, on aime bien ce coin, et on aime aussi la précision. Parce que le Français il a besoin de mieux comprendre l’Amérique, sans parler de comprendre la Silicon Valley, qui est une sacrée affaire dans le paysage. Nous, les Franco-Américains, on aime les histoires bien faites, que veux-tu. C’est un peu chez nous, ici, alors tu comprendras qu’on aime la précision.

Quand tu reviens, pour trois ou quatre semaines, j’ai quelques belles histoires pour toi :

  • Morningstar Commune, ça se passe vers la fin des années soixante, au Nord de San Francisco, avec la vision de Louis Gottlieb sur l’impact des ordinateurs dans la société, ça va t’amuser, il y a des gens tous nus en plus,
  • Les essais de LSD sponsorisé par la CIA avec notamment l’Université de Stanford qui prendra part aux études,
  • L’histoire d’un entrepreneur anglais ayant fait ses études supérieures en France qui avait racheté une ancienne garnison de San Francisco pour en faire le temple des frissons…

Sans rancune, Loïc, passe prendre un café à la maison quand tu repasses pour la suite de ton bouquin. Après le syndrome, c’est quoi ?

C’est l’histoire d’une startup : Hetchr

En 12 années passées désormais à fréquenter l’écosystème des startups de la Baie de San Francisco (histoire d’être géographiquement précis et de ne pas mentionner que la « fameuse Silicon Valley »), j’ai adoré voir de près les monstres du Web (Google fin 2007 ou Linkedin, Facebook dès 2008, eBay, Intel, etc.) mais aussi rencontrer des « anonymes » qui ont disparu depuis (la dure destinée d’une « startup » parfois) et d’une certaine façon « rendre compte » de la réalité du terrain. J’adore ça !

Aujourd’hui, et nous le devons beaucoup aux années Techcrunch, le fameux site d’information américain spécialisé dans l’actualité des startups Internet fondé en 2005 par Michael Arrington, les nouvelles « tech » dans les journaux, tous formats confondus, se contentent trop souvent de faire la part belle aux heureux bénéficiaires de levées de fonds. Genre « t’as pas levé, reviens quand t’auras une belle histoire à raconter ».

Suite à une énième « vidéo live » partagée sur le réseau social professionnel en ligne Linkedin, où j’aime parler en général de l’actualité du jour, j’ai proposé d’écrire une histoire de startup pour qui serait intéressé. Je tiens donc ma promesse à travers cette nouvelle et éphémère rubrique qui va permettre de faire parler ces entrepreneurs de startups de leur projet et de leur histoire à travers un simple jeu de questions et leurs réponses. Avec le tutoiement de rigueur, sans filtre.

Aujourd’hui, c’est Morgan Schleidt qui va nous parler de Hetchr depuis Lyon… Bonne lecture !

Morgan Schleidt

 

LJS : C’est quoi ton projet, tu as commencé quand, en solo ou en duo ?

Morgan Schleidt : Notre projet, Hetchr, est une plateforme dédiée aux développeurs, leur permettant de simplifier la compréhension de leur travail. Hetchr n’a pas été dès le départ une solution focus sur les développeurs, le projet a mis plusieurs mois à maturer, en interrogeant des utilisateurs et des entreprises. En tout, ce sont 4 pivots qui ont permis d’arriver à notre solution, telle qu’elle est aujourd’hui. La vision de base était très orientée crypto et adressait un public trop large, mais c’est comme cela que j’ai pu rencontrer mon premier co-fondateur, William, américain basé à San Francisco. Nous nous sommes connus sur un Slack dédié à la crypto et aux actus car à l’époque (fin 2017, début 2018), le sujet était sur toutes les lèvres. De fil en aiguille, nous avons discuté, puis monté une présentation rapide, et on est partis la tester. La société ne sera créée que 14 mois plus tard, entre temps deux autres co-fondateurs nous ont rejoint. Notre équipe est distribuée car deux co-fondateurs sont en France, un autre est à Amsterdam et un dernier à San Francisco.

LJS : Qu’est ce qui t’a amené à développer ton projet entrepreneurial ?

Morgan Schleidt : Un premier  projet entrepreneurial bien sûr ! Hetchr est mon deuxième projet, je me suis lancé un peu tard, à 33 ans, dans l’entrepreneuriat. Mon envie d’entreprendre est née d’un simple constat, je vendais depuis 9 ans des produits et services en B2B, mais étant designer produit à la base, je trouvais  un peu dommage de savoir vendre et de le faire pour des produits que je ne concevais ni ne cautionnais pas. Donc fin 2016, j’ai monté une première boîte, qui a eu le talent de me faire faire beaucoup d’erreurs, que j’étais prêt à ne pas répéter avec Hetchr, et jusque là ça fonctionne plutôt beaucoup mieux que la première fois. Le sujet que l’on traite avec Hetchr est d’ailleurs en partie venu de ma relation avec des développeurs lors de ma première aventure.

LJS : Le Pitch ?

Morgan Schleidt : Le métier de développeur (NDLR de logiciel), assez jeune (70 ans) évolue sans cesse et continuera de le faire. La population des développeurs va doubler à 10 ans. Pour autant, il n’existe pas de solution simple pour comprendre en permanence l’évolution d’un développeur, alors que c’est un sujet critique pour un manager, pour les recruteurs et pour les développeurs eux-mêmes. C’est ce que nous proposons avec Hetchr. Grâce à nous, un développeur bénéficie d’un espace personnel décentralisé, au sein duquel la totalité des actions effectuées dans ses outils sera stockée, analysée et retranscrite clairement. Ceci permet à chaque développeur de démontrer un track-record up-to-date en permanence.

LJS : Tu t’adresses à quel marché, quels types de clients ?

Morgan Schleidt : Avec Hetchr nous adressons les développeurs. Il se trouve qu’un développeur peut également être un manager, un CTO ou un chef de projet. De ce fait, il va avoir besoin de fonctionnalités supplémentaires liées au management d’équipes de développement, c’est ce que nous proposons. Nos types de clients sont donc assez variés, mais si nous devions cité deux clients types, avec lesquels nous résolvons beaucoup de problématiques, ce serait les ESN, idéalement avec une dimension internationale premièrement, et les entreprises ayant plus de 20 développeurs sous gestion, idéalement en croissance deuxièmement.

LJS : C’est quoi ton modèle d’inspiration ?

Morgan Schleidt : Vaste question ! C’est difficile à dire, je ne pense pas m’inspirer d’un modèle mais plutôt de certaines parties d’un nombre important. J’écoutes et je lis beaucoup d’entrepreneurs Français et Américains, je trouve toujours du bon à prendre quelque soit la personne. Après si je devais citer un entrepreneur qui sort du lot, ce serait (Elon) Musk, parce qu’il trace un chemin au lieu d’en suivre un. Arriver à son niveau est le fruit d’un parcours incroyable, quasi impossible à reproduire.

LJS : Quelle est cette partie extraordinaire qui te rend fier particulièrement ?

Morgan Schleidt : Sans hésiter, mon parcours. C’est assez amusant d’ailleurs car c’est un rappel à notre solution avec Hetchr, mais mon parcours est unique. J’ai fais de la comptabilité, du design produit, de la vente en B2B avant de devenir entrepreneur. Aux US, il existe un terme pour décrire cela : la sérendipité. J’ai usé et abusé de ceci, en m’efforçant d’apprendre le plus vite possible tout nouveau sujet que j’avais sur mon chemin. Cela me rend fier car c’est comme un tableau que tu peins, tu peux mettre plusieurs années pour le peindre en revenant dessus encore et encore. C’est seulement lorsqu’il est vraiment fini que tu vois la quantité et la qualité des détails et des réussites qu’il comporte. C’est un peu ma vision de ma carrière, même si mon tableau à moi est loin d’être achevé.

LJS : C’est quoi l’équipe, comment tu recrutes tes collègues/ employés ?

Morgan Schleidt : Notre équipe à l’heure actuelle c’est 7 personnes, dont 4 co-fondateurs. Je suis à Lyon, en France avec le CTO, Alexandre, et notre lead front Stanislas. Notre COO est à Amsterdam, il s’appelle Florian et enfin mon homologue aux USA, William est à San Francisco. A ceci s’ajoute un business developer, Philippe, et une chercheuse en DLT, Sonia. A l’heure actuelle, vu que nous ne sommes pas encore en phase de croissance forte, si je dois recruter je fais appel à mon réseau et au destin, un peu. Cela suffit encore à l’heure actuelle. J’ai le plaisir de mentorer des étudiants Epitech, donc j’ai un accès privilégié aux alumnis si je dois recruter des développeurs. Pour les autres employés potentiels, j’applique une méthodologie pour réduire mon risque au maximum.

LJS : C’est quoi l’équipe, comment tu recrutes tes collègues/ employés ?

Morgan Schleidt : Notre end game est clairement d’être la solution de référence pour démontrer le parcours d’un développeur. Il y a 20 millions de développeurs aujourd’hui, cela va doubler à 10 ans, aucun doute que c’est maintenant que le problème doit être traité. Je serais heureux aussi si j’ai réussi à créer une startup qui marche fort en étant franco-américaine dès le départ.

LJS : La France ou le reste du monde ?

Morgan Schleidt : L’opposition est nécessaire ? Je ne suis pas certain, car nous pouvons adresser les deux, mais de deux façons différentes. Après, en toute franchise, la France est un très petit marché en réalité si l’on compare le nombre de développeurs actifs, mais c’est un bon moyen d’en faire une sorte de territoire test pour notre solution et ses évolutions à venir. Un proverbe dit : “Nul n’est prophète en son pays”, donc les USA doivent être notre objectif. J’apprécie aussi la façon dont le business est opéré aux US, les décisions se prennent plus vite, positives ou négatives. En France, malheureusement, tu peux rester des mois à végéter car les prises de décisions sont longues et donc ne te donnent pas la tendance exacte de ton product market fit. D’un certain point de vue, en France, nous voudrions créer des startups exemplaires, mais les cycles de décisions ne le permettent absolument pas, malgré de gros efforts de la part des institutions pour financer l’écosystème.

LJS : 2020, ce sera comment pour toi ?

Morgan Schleidt : Nouveau. J’atteins un stade de l’entreprise que je ne connais pas, je vais donc devoir apprendre, lire, comprendre, exécuter vite et bien. Ce sera surement l’année orientée US pour Hetchr, donc potentiellement cela changera beaucoup de choses même au niveau perso. Nous avons des choses à prouver cette année, donc à nous de tout faire pour que nos preuves soient celles escomptées ! Une fois encore, 2020 va nous forcer à être en dehors de notre zone de confort, le seul endroit où les choses arrivent vraiment en réalité.

Hetchr

L’actualité High-Tech de la semaine : Harley-Davidson, Tesla, Spotify, Postmates, et Impossible Foods (et Beyond Meat)

Photo by Patrick Tomasso on Unsplash
Golden Gate Bridge

La rubrique qui vous donne la température de la Silicon Valley (garantie 100% non sous-traitée) est de retour !

Lundi : Harley-Davidson se met au tout électrique

Harley-Davidson

Harley-Davidson est vient de présenter un concept de vélo électrique aux récents X Games qui comporte un cadre simple avec une transmission électrique et des roues robustes. Son lancement commercial reste encore à annoncer.

Tout en annonçant le prix de vente officiel de sa première moto entièrement électrique, la LiveWire, Harley-Davidson a également présenté deux nouveaux concepts: un vélo de montagne électrique et un scooter électrique. Les concepts semblaient prometteurs et la semaine dernière, Harley-Davidson a exposé quelques prototypes à Aspen, au Colorado, lors des Winter X Games, et a laissé quelques-uns heureux chanceux présents à cette occasion s’en servir. Le vélo a l’air plutôt original, mais il s’en vend par camions de nos jours et pour trois fois rien. La robustesse du modèle de Harley-Davidson permettra peut être de le distinguer des centaines d’autres modèles déjà disponibles, et la réputation du nom de Harley-Davidson pourrait aider la société à y prendre quelques parts de marché. Quant au scooter, c’est une autre histoire ! Le modèle rappelle beaucoup les cyclomoteurs électriques que la start-up Lithium Cycles fabrique depuis la Californie (sans doute un peu trop), mais avec ce petit plus que la société de Milwaukee a les moyens de se permettre.

Ce scooter serait probablement vendu aux alentours de 30.000 dollars. Un prix quelque peu excessif pour sa catégorie mais qui va définitivement donner un coup de jeune à la marque !

 Mardi : Quand Tesla et Amazon font bon ménage…

Amazon

Tesla a décidé de se lancer sur Amazon pour vendre son merchandising en dehors de ses magasins. Il est possible d’y trouver des accessoires comme des étuis pour iPhone, ou des produits purement marketing comme des modèles réduits de Tesla, des mugs ou encore des sweat-shirts à capuches. Très geeky, en tout cas pas encore le bon endroit pour acheter sa Model S !

Au fil des ans, Tesla a utilisé son site Web «Tesla Shop» pour vendre ses produits dérivés et des accessoires, mais il n’a pas vraiment rencontré le succès que la marque espérait. Tesla a donc choisi Amazon pour propulser ses ventes sur le site du géant de la vente au détail sur Internet. C’est d’ailleurs souvent le cas : beaucoup de marques considère Amazon comme le diable en personne (et ils ont quelques raisons pour cela), mais vendre sur Internet est une discipline à part qui ne porte par ses fruits si on ne fait pas appel à des spécialistes du sujet. Amazon a encore trop d’expérience sur ce sujet par rapport à la moyenne des sites marchands et de leurs équipes marketing et informatique. Tous ces articles sont vendus par le biais d’Amazon Prime, le détaillant en ligne se chargeant de la logistique.

Tesla pourrait éventuellement positionner plus d’articles dans le magasin en ligne et laisser Amazon prendre en charge la ventes des autres produits, sans doute plus importants en terme de volume (non, on a dit pas les voitures…). Cela dit, certains produits du Tesla Shop nécessitent une installation dans les centres de service Tesla. Amazon est devenu une plaque tournante pour les stations de recharge de véhicules électriques. Le détaillant en ligne propose des centaines de bornes de recharge à vendre, dont beaucoup sont disponibles via Prime. Ils se sont même associés à Audi pour non seulement vendre des stations de recharge domestiques, mais également mettre en contact des acheteurs avec des électriciens pour effectuer l’installation. Tesla a également collaboré avec Amazon pour déployer davantage de stockage d’énergie dans les centres de distribution.

Cela peut paraître anecdotique, mais il se peut que cette initiative ait de plus grandes implications pour l’avenir de l’activité commerciale de Tesla, allez savoir. Il est pour le moment logique que Tesla prenne les choses en main pour améliorer une partie (mineure) de son activité, au moment où Amazon prend des initiatives (et certaines parts de marché) dans le secteur de l’automobile. Amazon vend aussi maintenant des pneus, des essuie-glaces et de nombreux autres accessoires pour la voiture. Avec Amazon garage, les clients peuvent désormais enregistrer leurs voitures sur le site d’Amazon et savoir exactement quels produits fonctionneront avec leurs véhicules. Une affaire à suivre !

Mercredi : Spotify fait ses courses

SpotifyEst-ce bien utile de présenter Spotify ? Pour ceux qui passeraient un peu trop de temps à écouter de la musique sur Deezer, c’est une entreprise proposant un service de musique en streaming sur Internet (pour la traduction de streaming, merci de consulter un bon dictionnaire spécialisé). Il semble que Spotify souhaite également devenir un acteur qui compte dans l’industrie du podcast, si l’on en juge par ses récentes acquisitions.

Spotify a non seulement acquis Gimlet Media, un producteur de podcasts en ligne pour environ 230 millions de dollars, mais il a également acheté Anchor, une startup permettant aux utilisateurs d’enregistrer et de distribuer leurs propres podcasts plus facilement. La société a annoncé prévoire dépenser jusqu’à 500 millions de dollars pour des transactions cette année. Grâce à ces acquisitions, Spotify est désormais pleinement impliquée dans la création de contenu, une initiative que la société n’avait pas vraiment encore prise avec la musique. Daniel Ek, CEO de Spotify, avait déclaré qu’il n’avait pas l’intention de se lancer dans le podcasting lorsqu’il avait fondé la société il ya 11 ans, mais maintenant, c’est un nouveau virage. Spotify est désormais dans les chiffre la deuxième plus grande plate-forme de podcasts au monde (derrière Apple) et l’écoute de podcasts devrait représenter à terme 20% de l’utilisation de Spotify.

L’explication de ce changement de position est fourni par le CEO lui même : « Nous construisons une plate-forme qui offre une opportunité significative aux créateurs, suscite l’intérêt de nos utilisateurs et les engage, ce qui contribue à construire un modèle commercial encore plus robuste pour Spotify dans un secteur qui, selon nous, deviendra de plus en plus important. » Il rajoute : « L’écoute croissante des podcasts sur Spotify est une stratégie importante pour permettre de stimuler la croissance sur la plateforme, augmenter l’engagement des utilisateurs, réduire le taux de désabonnement, augmenter la croissance des revenus et augmenter les marges. Nous avons l’intention de nous appuyer sur cette stratégie en 2019, à la fois pour acquérir du contenu exclusif et pour augmenter les investissements dans la production de contenu en interne. »

En clair, il faut savoir qu’il est moins coûteux de créer ou de concéder des licences de podcasts plutôt que des chansons des grands labels et des artistes à succès. Bien que Spotify se soit assuré quelques exclusivités de profils très écoutés en matière de podcast, cela suppose que la plupart des podcasts distribués non seront pas exclusifs pour le moment. Spotify va chercher également à générer sa propre production de podcasts sans toutefois les rendre exclusifs à la plate-forme.

Tandis que la vidéo développe du contenu d’une façon exclusive – il faut un abonnement HBO pour pouvoir regarder Game of Thrones, et un abonnement Netflix pour regarder Stranger Things, et que la musique est (presque) entièrement multi-plateforme (vous pouvez écouter Post Malone sur Spotify, Apple Music ou Google Play), Spotify imagine que le podcasting se situera quelque part entre les deux. Ce nouvel axe stratégique survient après une tentative d’insertion de contenu vidéo qui a finalement échoué. Après avoir envisagé de passer à la télévision en mode streaming, Spotify s’est donc raisonné à adopter des stratégies de croissance moins ambitieuses. La vidéo posait deux gros problèmes à Spotify : devoir payer pour les émissions d’une part (le contenu de qualité coûte très cher, certainement au dessus de ses moyens alors que son activité historique pénalise sa rentabilité du fait des coûts d’hébergement immenses), et la plupart des gens ne pensaient pas que Spotify soit une plateforme pour voir du contenu vidéo. Spotify compte actuellement 96 millions de clients payants sur un total de 207 millions d’utilisateurs

 Jeudi : Postmates annonce son introduction en Bourse

Postmates

Je me rappelle de la première fois où j’ai côtoyé (en quelque sorte) Bastian Lehman : c’était pour m’enregistrer en novembre 2010 dans un réseau social pour collectionneurs qu’il avait créé et qui s’appelait Curated.by où l’on pouvait procéder à de la curation de news. Bastian, au pedigree inconnu (si j’en crois sa fiche sur Linkedin) a commencé de travailler en février 1999. Il a fondé dernièrement Postmates en décembre 2010, et il vient d’annoncer l’introduction en Bourse de sa compagnie. Voilà, ça, c’est fait !

Postmates vient donc de déposer un premier appel public à l’épargne, IPO en langage de startup de la Silicon Valley, rejoignant la liste des sociétés dont l’activité est générée par des applications mobiles qui deviennent publiques cette année. Si tout va bien. Pour faire simple, Postmates est une société de livraison de produits alimentaires que l’on utilise depuis son smartphone pour se faire livrer chez soi. C’est le créneau du « last mile », pour ceux qui parlent comme des Retailers. Postmates a soumis sa candidature auprès des services compétents à la SEC (la Securities and Exchange Commission des États-Unis). Les conditions financières du prix de l’offre proposée n’ont pas encore été déterminées, a indiqué la société.

Postmates a choisi JPMorgan Chase et Bank of America en tant que souscripteurs principaux de l’offre. C’est un choix classique dans la procédure et ça va faire deux des banquiers heureux pour le prix d’un (ça rapporte des pépettes cette affaire). La société pourrait être évaluée dans le cadre d’une offre de plus de 1,85 milliard de dollars, soit son évaluation obtenue en janvier dernier après avoir levé 100 millions de dollars auprès des actionnaires existants et de d’un nouvel investisseur à savoir BlackRock Inc. Faut croire qu’ils ont tout dépensé.

Cette décision intervient alors que la concurrence déjà très vive dans le secteur de la livraison de restaurants, car le leader du marché, Grubhub (côtée en bourse) a perdu des parts de marché au profit d’UberEats au cours de ces derniers mois, entraînant une chute de l’action en bourse.

Parmi les principaux partenaires de Postmates, on compte Chipotle Mexican Grill, qui compte sur Postmates pour les livraisons de plus de 300 de ses restaurants. Chipotle, comme beaucoup d’autres chaînes de restaurants, a de plus en plus recours à des services de livraison tels que Postmates pour stimuler ses ventes. La chaîne de burritos a déclaré que ses ventes numériques avaient bondi de 66% au quatrième trimestre et représentaient désormais 13% de ses ventes totales. Postmates gère également les livraisons d’épicerie pour Walmart et est le partenaire exclusif de la distribution à la demande pour Apple.

Les investisseurs continuent de voir des opportunités sur ce marché de livraison des restaurants. L’industrie des commandes à emporter aux États-Unis représente une valeur de 200 milliards de dollars, un marché énorme, encore en friche. Voyons ce que Bastian va réussir à faire dans les mois qui viennent.

Vendredi : Grosse compète dans le Food2.0

Impossible Burger

La compétition entre les deux sociétés proposant des substitutes de viande à base de plantes les plus connus aux États-Unis est sans fin, avec une nouvelle version sans gluten de son Impossible Burger, six semaines à peine après la sortie du Beyond Burger de Beyond Meat. À l’identique des entreprises de Software, Beyond Meat et Impossible Foods « upgradent » leurs hamburgers avec des mises à jour, tout en s’assurant que les consommateurs approuveront le changement. Chaque entreprise promet que sa « version 2.0 » (un terme utilisé par les deux entreprises) ressemble encore plus au vrai bœuf.

C’est une vraie saine compétition. Au fur et à mesure qu’Impossible Foods et Beyond Meat augmentent leurs parts de marchés, plus ils font découvrir au grand public les progrès fait dans la recherche en parallèle d’une industrie qui ne cesse de sortir des scandales : la viande de cheval chez les Spanghero, la viande avariée de Pologne, la torture des animaux dans les usines…

C’est aussi un grand excitant pour les investisseurs qui se régalent ¡a prendre de plus en plus le contrôle de ce qu’ils imaginent déjà de belles licornes. Pour avoir rencontré les équipes d’Impossible Burger chez eux, goûté à leur burger maintes fois, ainsi que la saucisse de Beyond Meat, le succès de ces produits est inarrêtable et ceci pour deux raisons. D’abord, parce que c’est bon ! Bien sûr, on empêchera pas les bornés du bon steak qui mangent avec leur yeux et pas avec leur papilles de réfuter l’argument. Mais pour un gars comme moi qui essaye d’éviter de consommer de la viande US en laquelle j’ai très peu confiance, je me satisfais de la dégustation de ces produits, qui résonnent positivement au besoin que je ressens de « manger une bonne viande ». C’est parfois de la psychologie, la gastronomie ! Ensuite, je sens qu’il y a une progression dans la volonté des consommateurs de manger « plus propre ». Ce n’est pas une question de buzz, mais juste l’impression que les nouvelles générations ont envie de valeurs dans leurs actes. Et donc de se poser des questions sur ce que l’industrie alimentaire peut bien décider de faire au mépris de règles élémentaires, et par seulement d’hygiène…

La véritable innovation consiste à utiliser des équipements biomédicaux pour repenser la manière dont les protéines, les graisses et l’eau sont utilisées dans la recette. L’Impossible Burger 2.0, qui a commencé ses essais dans 120 restaurants depuis le 15 janvier 2019, et qui sera universellement disponible en avril, a subi un changement plus radical : la société est passée de la farine de blé au soja en tant que protéine principale, rendant ainsi le burger sans gluten et en substituant la cellulose à d’autres produits. Ils sont concentrés sur l’amélioration de la nouvelle recette, à savoir la juste combinaisons entre le goût et la texture afin d’obtenir que le produit ait un goût juteux, ce qui avait été difficile à restituer jusqu’à présent.

Beyond Meat a dominé ce marché dans les épiceries et supermarchés et Impossible Foods a réalisé ses ventes dans les restaurants. Avec le lancement de Beyond Meat en décembre dernier chez 1,000 Carl’s Jr. et le déploiement prochain des produits d’Impossible Foods en magasin, les deux sociétés vont désormais se concurrencer sur les mêmes marchés. Pour le plus grand bénéfice d’une nouvelle façon de se nourrir.

Voilà, c’est fini, à la semaine prochaine pour de nouvelles actualités et aventures (hopefully…) !

The Hive lève un fonds de $26,5 millions pour investir dans des applications alimentées par l’intelligence artificielle

T.M. Ravi , fondateur de The Hive
T.M. Ravi , fondateur de The Hive

Je publie rarement des articles pour annoncer des levées de fonds. Je laisse cette tâche aux site dédiés aux choses du web et des nouvelles technologies qui en remplissent leurs colonnes, comme ces gossips d’Outre-Manche qui eux dévoilent les secrets des grands de ce monde que le commun des mortels feraient mieux d’ignorer. Ainsi va la nature humaine, ainsi va la « tech » des Eric Ries (celui qui écrit sur les startups à force de les regarder passer) et autres Techcrunch, le site d’information où les startups lèvent plus d’argent que leur ombre.

Une certaine déformation professionnelle de presque quinze ans dans les métiers de la finance me fait préférer les histoires des entreprises qui recrutent, font du chiffre d’affaires, se battent contre une économie capitaliste redoutable, qui se ré-inventent, qui meurent parfois. Je n’aime pas les paillettes des levées de fonds, même si parfois elles peuvent m’impressionner. À force d’en entendre parler, j’en deviens aigre.

Toutefois, j’ai trouvé que cette levée de fonds de The Hive de 26,5 millions de dollars pour des technologies impliquant l’intelligence artificielle tombe à point nommé pour en faire la publicité, maintenant que le soufflet du fameux rapport de Cédric Villani sur l’intelligence artificielle est retombé, et que l’article du Président Français sur ce sujet dans Wired est retourné là où finissent en général les gargarismes des Français qui veulent se prendre pour un boeuf champion mondial de sa catégorie : dans l’oubli de la mémoire internationale.

Il n’est point indispensable d’être énarque, voire même un brillant énarque, et encore moins urologue et écrivain, pour comprendre que les nouvelles vagues technologiques ne se prennent ni dans les plans d’un Gouvernement en quête de crédibilité numérique, pas plus que dans les grandes envolées lyriques dans la presse anglo-saxonne. Pas dans des organisations publiques en mal de subventions, dans un pays qui voient ses talents ayant un peu de sens du business et des affaires prendre la poudre d’escampette. C’est sur le terrain que ça se passe.

La Silicon Valley l’a bien compris. Cette communauté d’entrepreneurs, qui a créé les bases du métiers du capital risque dans les années 50 (avec un ex-Français  en leader, un comble, un certain Georges Doriot, le « father of venture capitalism »), a bénéficié d’un terrain économique, culturel et fiscal qui a permis l’avènement de ce qui reste encore aujourd’hui la papauté du capital risque, si je peux m’exprimer ainsi. Je dirai même : cela remonte bien avant, avec les premiers succès d’entreprises comme Hewlett Packard (créée à la fin des années 30). N’en déplaise au Wall Street Journal faisant son intéressant en prétendant que c’est faux, ou du moins que l’Asie est un nouveau challenger. Soit.

La démonstration par l’image (en fait, deux graphiques) ci-dessous :

Venture Pulse Report Q4 2017 KPMG
Source : Venture Pulse Report Q4 2017 KPMG

Source : PwC/CB Insights MoneyTree Report

Revenons en à nos moutons, je veux parler de The Hive. Basé à Palo Alto, Californie, la compagnie a levé 8 millions de dollars dans son premier fonds en septembre 2012, pour investir dans six sociétés. The Hive a ensuite levé 21 millions de dollars dans son deuxième fonds, et investi dans 16 entreprises.

Le modèle d’investissement est un peu semblable à une ruche (d’où son nom d’ailleurs, car c’est ce que « hive » veut dire en anglais) en fournissant un capital et aussi en co-créant des entreprises avec de prometteurs talents. Coté investissement, The Hive apporte l’amorçage initial de 1,5 à 2 millions de dollars, en plus du capital de suivi nécessaire au bon fonctionnement ultérieur de la startup. C’est comme au poker, il faut poursuivre suivre sa mise à défaut de perdre le pactole. Cela permet de syndiquer de futures tours de financement, en invitant dans la danse des prochaines levées des sociétés de capital-risque sur des montants plus importants. Coté co-création, The Hive travaille avec les entrepreneurs pour aider les jeunes startups sur toute la chaîne de valeur lors de la création d’entreprise, de la conception d’affaires, de la stratégie de mise sur le marché et de l’introduction auprès des premiers clients et partenaires.

À titre d’exemple, depuis 2012, The Hive a co-créé et investi dans 24 entreprises, dont six ont été acquises: Nurego, qui a été acquise par GE Digital; Kosei par Pinterest; Perspica par Cisco; Jobr par Monster Worldwide; Deep Forest Media par Rakuten et E8 Security par VMware. À ce niveau, ce ne sont plus des accidents, c’est de l’orfèvrerie.

The Hive s’associe à des sociétés telles que GE, Cisco, Verizon, Software AG, SAP, eBay et dispose d’un ensemble de conseillers qui travaillent avec des entreprises telles que Facebook, Google et Pinterest. On ne parle plus ici« d’open innovation», mais de la « serious entrepreneurship factory » !

T. M. Ravi, Managing Director et Fondateur, a eu une longue carrière avec une vaste expérience dans la gestion d’entreprise et les nouvelles technologies. Sumant, Kamesh et Mohan ont tous une formation technique  initiée en Inde, leur pays d’origine, complétée aux États-Unis. Je l’ai déjà dit dans ces colonnes, l’Inde est le vainqueur de la Ligues des Champions des Startups du Web du 21e siècle !

Les investisseurs dans le nouveau et troisième fonds d’un montant de 26,5 millions de dollars comprennent Verizon Ventures, Software AG, GE, Rockwell Automation, March Capital Partners et des individuels. Pas des personnes qui fabriquent des plans sur la comète ministérielle, mais des acteurs privés ayant pris le relais de la course à l’intelligence artificielle. Cette course n’est pas nouvelle, l’intelligence artificielle existe depuis que l’on a inventé les ordinateurs, ou presque, et elle est loin d’arriver à son terme, les résultats commencent à peine à se faire sentir. Ils ont compris les enjeux business liés aux challenges technologiques, et ils prennent des paris, même avec des petits montants. Quand une organisation comme The Hive arrive à transformer des résultats de la sorte, il ne faut pas tergiverser, il faut agir. Prendre part.

Et là, le monde anglo-saxon a une longueur d’avance, ce qu’on du mal à comprendre les technocrates parisiens, qui poussent, poussent, dans un écosystème tricolore qui n’inspire guère à soulever des montagnes. On peut essayer de s’en persuader de l’intérieur, et il y a bien quelques milliardaires pour donner l’illusion d’une machine qui tourne. Mais vu de l’extérieur, on reste bien sceptique. Et d’ailleurs, ailleurs qu’en France, on a le regard pointé ailleurs (volontaire répétition du mot ailleurs, pour bien souligner mon point). Vers l’Asie, par exemple. Vous voyez ?!

The Hive prétend être différent des autres VC et incubateurs en ce sens qu’il utilise un modèle d’engagement «high-touch» : il offre aux startups l’accès à «une équipe de bâtisseurs d’entreprises prospères, d’entrepreneurs en série et d’investisseurs en capital-risque qui ont créé des entreprises leaders sur le marché avec plusieurs milliards de dollars de sorties», selon M.T.. Se différencier, trouver son propre modèle, voilà qui est essentiel dans le monde d’aujourd’hui, plutôt que toujours s’inspirer des autres. Par exemple, prétendre que la France est une startup nation, ça me fait mal à chaque fois : je dirai plutôt que la France est la «subvention nation», avec ses dispositifs fiscaux à rallonge, sa BPI et tout le toutim. C’est artificiel, et il n’y a pas d’intelligence à chercher là-dedans, ce n’est que du « bourrinage mental». Le monde de l’investissement a les mêmes enjeux que tout autre industrie : une énorme compétition en terme d’offre par rapport à des vagues d’étudiants préférant embrasser une carrière dans le monde des startups plutôt que d’aller pointer dans une grosse entreprise. «La principale différence est que nous sommes très impliqués dès le début du projet, souvent avant même que l’entreprise ne démarre » a précisé M.T..

Les nouveaux fonds visent à aider les entreprises en phase de démarrage à créer de la valeur en utilisant l’intelligence artificielle dans les secteurs industriels et financiers tels que l’industrie, les services financiers et la santé. The Hive prévoit d’investir dans plus de sept sociétés à partir de ce troisième fonds au cours des trois prochaines années. La société a déjà co-créé deux startups, Decision Engines et Live Objects (aucun rapport avec Orange, soit dit en passant), sur son troisième fonds. Déjà.

Pourquoi l’intelligence artificielle ? C’est un segment de la technologie en croissance rapide, à défaut d’atteindre encore sa pleine maturité. Frederic Hanika, responsable des fusions et acquisitions chez Software AG, a déclaré dans un communiqué que l’impact de l’intelligence artificielle ne saurait être surestimé : « Les entreprises ont un choix clair: investir dans l’intelligence artificielle et perturber la concurrence ou être perturbées par des entreprises en déplacement plus rapide ». « The Hive possède une expertise technologique approfondie en apprentissage automatique, apprentissage en profondeur, NLP/NLU (traitement du langage naturel et compréhension du langage naturel), vision par ordinateur, blockchain, et leurs applications, avec des cas d’utilisation dans l’entreprise ».

Toujours M.T., en guise de conclusion : « Nous voyons l’intelligence artificielle conduire une transformation significative de l’entreprise, où la prise de décision sera en grande partie automatisée. Les efforts des êtres humains seront principalement concentrés sur l’élaboration des politiques et la gestion des exceptions. ». En ce qui concerne l’avenir, The Hive pense que l’impact de l’IA « sera plus important que celui d’Internet ».

« Nous pensons que l’intelligence artificielle va changer le monde et nos vies, et que cela va se réaliser dans notre génération actuelle. ». Là, on est tous bien d’accord.

The Hive
The Hive

 

L’actualité High-tech du jour : des dollars de toutes les couleurs dans la Silicon Valley

Bienvenue sur cette rubrique au jour le jour sur ce qu’il faut retenir de la Silicon Valley !

Il ne se passe pas une journée sans qu’il ne se passe pas quelque chose par ici. Quelques petits exemples à suivre, en ce qui concerne les moyens de financement qui sont le sujet d’occupation principal de nos petites et grandes startups…

Pinterest

Pinterest annonce sur son blog la prochaine mise à disposition des achats de pins, ce qui devrait ouvrir une nouvelle voie de monétisation à la société de San Francisco, créée en 2009. Ainsi, lorsqu’un bouton bleu apparaîtra en haut d’une image, il sera donc possible d’acheter la chose en question. Il sera possible de payer par Apple Pay ou par carte bancaire. Les marques disponibles seront Macy’s, Neiman Marcus et Nordstrom, des revendeurs poussés par Demandware comme Cole Haan et Michaels, et des milliers de boutiques sur Shopify telles que Poler Outdoor Stuff et SOBU. Si l’on est un business, il faudra s’adresser aux Shopify ou Demandware pour pouvoir les mettre en place. Le blog professionnel de Pinterest n’indique pas quel sera le pourcentage retenu par Pinterest. Et c’est pour le moment réservé aux États-Unis.

 

Instagram

Instagram annonce sur son blog de futures interactions telles que des boutons ‘Shop Now (« Acheter maintenant »),’ ‘Install Now (« Installer maintenant »),’ ‘Sign Up (« S’enregistrer maintenant »),’ & ‘Learn More’ (« Apprendre plus »). Instagrasm devrait se servir des données disponibles sur Facebook pour mettre en place des campagnes ciblées. Et oui, vous êtes fichés, avec toutes ces heures passées sur Facebook, vous croyez que ça mène où un réseau social gratuit ?! Il y a à ce jour 2 millions de business qui achètent de la publicité sur Facebook. « We’re excited ».

IMGUR

Imgur, société créée en février 2009 à San Francisco, classé 15e site Internet aux États-Unis selon Alexa, lance les articles promotionnels permettant aux partenaires de lapplication de faire apparaître des photos qui seront donc payantes pour les annonceurs. La startup a levé $40 millions à ce jour.

 

6Wunderkinder

Un petit crochet vers l’Allemagne avec les Berlinois de 6Wunderkinder viennent de se faire racheter par Microsoft pour une somme non révélée, alors que la startup avait levé $23,9 millions pour le moment. Ce sont 13 millions d’utilisateurs de cette application permettant de créer et gérer des tâches. Ils vont voir à quelle sauce leur application fêtiche va  être mangée !

Fitbit

Fitbit, société créée à San Francisco en mai 2007 à San Francisco, qui vend des bracelets « intelligents » vous aidant à mesurer certaines activités physiques dans la journée, qui a levé à ce jour $66 millions, se prépare à effectuer sa prochaine introduction en bourse avec pour objectif d’obtenir $358 millions, soit quelques 22 millions d’action à s’échanger entre $14 à $16. La société a fait un chiffre d’affaires de $745,4 millions en 2014, vendus presque 21 millions d’appareils en total à fin mars 2015.

Vimeo

Vimeo vient d’annoncer sur son blog le lancement de l’offre de vidéo sur demande, permettant aux créateurs de vidéos  de louer ou vendre l’accès aux vidéos, tout en reversant seulement 10% de la transaction factuée à l’utilisateur. Cela peut concerner des programmes de vidéos ou bien des vidéos à l’unité. Vimeo a été créée en 2007 à New York.

Purch

Dernier petit tour vers le Nord Est de la Californie avec le champion de la levée de fonds de la journée, Purch Group, vient de lever $135 millions en Serie C, ce qui amène ce groupe de média basé dans l’Utah spécialisé dans la technologie et la science avec plus de 20 sites comme@SpaceDotCom, @LaptopMag à avoir levé au total $175 millions.

Belle journée, que des sous.

 

 

 

L’actualité High-tech du jour : Propel(x)

Bienvenue sur cette rubrique au jour le jour sur ce qu’il faut retenir de la Silicon Valley !

Cette Silicon Valley me surprendra toujours… Son objectif, que l’on trouve dans tous les dépliants un peu poussiéreux, reste le même : « Nous voulons changer le monde ». Et c’est aujoutd’hui une armée de petites fourmis de toute sorte qui arpentent les rues de South of Market sur San Francisco, le quartier des startups. C’est une légion en sweater et capuche qui prend le Caltrain (le RER local) dans un sens le matin, et d’autres qui arrivent de l’opposé, entre San Jose et San Francisco, avec pour une bonne partie la fameuse bicyclette du nerd qui vit à San Francisco avec la casquette de Poupou. C’est un wagon de Teslas qui défile sur la 101 ou la 280, (les autoroutes qui mènent au paradis des Facebook, Google ou Apple) ou encore une chaîne infinie de bus équipés de wifi, siège aéro-dynamique pour un max de confort de gens dont la bien être est primordial.

La région entière de ceux qui touchent à la tech et aux pognons ont tous les yeux rivés sur tout ce qui sort du Delaware (là où toutes les startups s’enregistrent), le NASDAQ (là où elles rêvent toutes d’aller) et leurs comptes en banque (la phase intermédiaire entre les deux). Mais ça ne suffit pas. Ou plus.  Comment tirer le maximum de cet effort communautaire, et dénicher la vraie pépite ? Comment mettre la main sur le vrai prochain Google. Où est elle, celle qui va faire du jackpot qu’à représenté Facebook pour tout l’écosystème de la Silicon Valley à ce jour ue vulgaire partie de pocker gagnant entre bons petits amis ?

Un rapport avec la choucroute ?
Un rapport avec la choucroute ?

Les fondateurs de Propel(x) ont pensé à tout. Après Techcrunch pour parler encore et toujours des dernières startups qui font l’actualité, après AngelList pour lister tous les gentils Business Angels (les GO du numérique) et les mettre en relation avec les startups pour aider leur financement, après ProductHunt, une sorte de plateau de striptease de startups où il faut parquer un maximum de like comme au casino, Propel(x) est une plateforme censée recenser les startups à technologie dite « profonde ». C’est un nouveau concept de startups, celles qui sont enracinées dans une découverte révolutionnaire ou une innovation technologique. Merde, je croyais que c’était le cas de toutes les startups de la Silicon Valley ! Quelle déception ! 2 années de chroniques qui tombent à l’eau, comme ça, ce soir. Je vous ai donc menti, je me suis fourvoyé.

Game over, allez, c’est l’Amérique  tout de même, un  nouvel horizon qui s’annonce devant nous, on va enfin nous montrer ce que c’est, la vraie startup qui déchire tout, qui va vous envoyer dans les mystères de la technologie, qui va changer le monde comme on ne la jamais vu.

A très vite, sur Propel(x), la startup qui disrupte plus blanc que blanc. Ne me demandez pas quels sont les critères, puisque je n’ai pas personnellement essayé, mais cela ressemble à un inventaire assez pousée de ce que vous souhaitez proposer à travers votre produit, soumis par une startup elle même dont les co-fondateurs ont tous deux 25 annés d’expérience de consulting dans la banque (notamment). Gare, donc, aux questions qui tuent et qui feront de votre startup un vulgaire copycat. Si vous passez les tests, c’est le financement assuré, dirons nous. C’est le YCombinator de la platforme de startups, plus loin que tout ce qui a été imaginé jusqu’à présent, et c’est peu de le dire. Ils viennent de lever $1,5 millions.

Les résultats à ce jour ? À part la startup nommée Neurogsatrx, inconnu de Crunchbase (le dictionnaire des startups) et fondée par un Français ancien de Laroche (pour un montant de $175.000, dont l’objectif est de traiter les désordres gastroentérologiques), le tout est pour le moment bien discret. Assez inhabituel, je dirais. Soyons bon joueur, et souhaitons leur bonne chance 🙂

Propel(x)
Equity crowdfunding/diligence platform for deep technology startups

L’actualité High-tech du jour : et si on parlait de Descartes ?

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René Descartes

Et si on parlait de Descartes ? Avoir les yeux tournés en permanence dans la Silicon Valley finit par vous donner les yeux rouges, c’est pour expliquer les lunettes. En même temps, ce n’est pas étonnant d’évoquer le philosophe dans ces colonnes. Pour ceux qui n’ont pas oublié leurs cours de mathématiques, Descartes a notamment publié son « Discours de la méthode » en 1637, affirmant que l’univers dans son ensemble est susceptible d’une interprétation mathématique. Les sciences et la philosophie ont toujours fait bon ménage en cette période du 17e siècle. On ne peut en dire autant du 21e, et encore moins de la Silicon Valley, pour qui toutes les méthodes sont bonnes non pas pour imaginer les lois mathématiques qui pourront convenir à l’univers, mais bien pour imaginer les lois financières permettant de le conquérir, à défaut de le dominer.

Le logiciel initial
Le logiciel initial

Ça en a inspiré plus d’un. Jusqu’en Californie (et oui, la pause fut de courte durée). Descartes Labs, puisque c’est le nom de cette startups qui est sortie de terre en décembre 2014, a d’abord été le travail de quelques scientifiques issus de Los Alamos National Laboratory, basé dans l’état du New Mexico. Leurs travaux ont consisté à développer une technologie autour des algorithmes génétiques, c’est à dire des algorithme de recherche basé sur les mécanismes de la selection naturelle et de la génétique, permettant d’obtenir une solution approchée à un problème d’optimisation, puis sur des modèles de vision en neuroscience et des algorithmes de « deep learning », une famille de méthodes de machine learning basées sur l’apprentissage de modèles de données. 7 années de recherche, $15 millions en investissement. Tout ça pour que Mark Johnson (à ne pas confondre avec un philosophe Américain contemporain, spécialisé en philosophie, sciences et linguistique cognitive), mais l’ancien fondateur de Zite, une application mobile d’agrégation de contenus, rachetée successivement par CNN puis Flipboard, vienne mettre son grain de sel, et que Descartes Labs deviennent une société spécialisée dans la cartographie satellite avec une technologie permettant d’analyser les images pour les transformer en données. Leur capacité de traitement permet simplement d’extraire des données supérieures à des plateformes classiques à partir d’image  : c’est de la reconnaissance d’image élevée à une grosse puissance de traitement. Cela peut être utilisé en agriculture, par exemple.

Descartes Labs analysant une carte du Nord Kansas
Descartes Labs analysant une carte du Nord Kansas

Ce territoire de puissance de traitement n’est plus réservé à des laboratoires de recherches gouvernementaux, et c’est donc une nouvelle opportunité de marché qui est disponible qui a su convaincre  des investisseurs à hauteur de $3,3 millions, avec parmi eux un des co-fondateurs de Kosmix, qui est depuis devenu Walmart Labs (le laboratoire digital de Walmart). De nouveaux territoires de découvertes, comme notamment anticiper des opportunités agricoles observables depuis le ciel. Je suis sûr que ça aurait plu à l’ami Descartes, cette invention. Quand la recherche appliquée se transforme en business…

Vendredi 1er mai 2015

A plus tard pour la suite…

L’actualité High-tech du jour : le retour du Bitcoin

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Tout le monde a plus ou moins retenu sa respiration au sujet du Bitcoin, qui fait nettement mois le buzz que l’année passée notamment, et j’y vois plusieurs explications…

Hedgy

Tout d’abord, Internet est en train de vivre une grande mutation, que le grand public doit digérer. Ce web collaboratif, qui bouscule les industries traditionnelles comme Uber, Airbnb, LendingClub, c’est le monde du transport, du tourisme et de la finance qui viennent de se faire secouer, et la croissance ne fait que commencer pour ces jeunes pousses du XXIe siècle. Le vieux monde lutte, on lui demande d’innover mais pas trop vite, on l’empêche de se développer ou d s’exporter pour des raisons de territorialité. Voire on le laisse se développer pour ces mêmes raisons nationalistes, car pour être honnête, il y a autant à se plaindre de Blablacar que d’Uber, mais comme c’est Français, et que pour une fois on a un truc qui marche, on laisse faire et concurrencer les transports publics à des années lumières en terme de réponse à la demande, du moins en terme de tarifs. Ça commence à coûter cher, un billet de train. Des milliers d’emplois sont en jeux. Bref. Le consommateur met du temps avant d’adopter un nouveau mode de consommation, et pour le moment il faut qu’il digère le reste avant de se décider d’aller dire à son banquier d’aller voir ailleurs, pour des transferts de fonds par exemple.

Ensuite, Internet est décidément un endroit jugé trop dangereux étant donné le nombre de sites web qui se font dérober leurs données, et toutes ces gouailleries au sujet des problèmes de confidentialité des informations ne font que noyer le poisson, et des acteurs comme Google sont malheureusement freinés dans leur capacité à approfondir leur business dans le « FinTech », un mot qui va devenir très à la mode dans les années à venir. Facebook, lui, se sert de Messenger et son transfert d’argent de compte à compte pour répondre à ce besoin, là ou Square dépense des millions de dollars… pour on ne sait pas encore combien de temps encore. Expliquer Bitcoin, c’est assez technique pour obtenir l’adhésion de la ménagère de 50 ans, même celle de 30. Il va falloir nous sécuriser tout ça, et ça va prendre encore un peu de temps je le crains tant que ce seront de nouveaux « players » qui s’attaqueront au morceau. On a besoin de se sentir rassuré en terme de relations financières, les banquiers et leur « costard-cravatte » sont là pour nous le rappeler.

Les signaux de vitalité de l’univers Bitcoin sont toujours là, et c’est certain que ça va bouger un jour. C’est inexorable, c’est une loi physique, pas forcément une loi de Moore, mais le status quo finit toujours par être bouleversé, en matière de système, surtout quand cela touche la finance (il y a toujour splus à gagner, loi numéro du capitalisme).

En bas de l’échelle de la levée de fond du Bitcoin, c’est la startup de San Francisco Hedgy qui vient de lever un peu plus d’un petit million de dollars. À une époque ou bientôt sur toutes les places de marché financier plus de 50% des transactions sont opérées sans l’aide dune interaction humaine (ce qui pose quelques problèmes de conscience, s’il en reste encore quelque peu dans ce domaine), a contrario, c’est tout le contraire qui importe dans le système Bitcoin. La stabilité de ce système se doit d’être exempt de toute interaction humaine et seules les lois mathématiques peuvent y contribuer. Sans rentrer dans le détail de la technique, qui supposerait d’ouvrir un ouvrage scientifique plutôt que de raconter des histoires sur ce blog, Hedgy propose une technologie permettant de faciliter les contrats à terme qui peuvent apporter une meilleure réponse à la volatilité du Bitcoin. Marc Benioff (fondateur de Salesforce, au cas où), Tim Draper (un des business angels les plus connus de la Silicon Valley), et quelques conseillers avisés que je sais très exigeants sur leurs investissements sont la preuve que derrière ce charabia digne des esprits complexes des loups de Wall Street, il y a un coup à jouer.

Jeremy Allaire

En haut de l’échelle, c’est $50 millions qui iront dans les caisses de Circle basée à Boston et San Francisco, dirigée par Jeremy Allaire (qui a fait Brightcove au passage), que j’ai rencontré il y a fort longtemps alors qu’il venait de se faire racheter par Macromedia (sa société Allaire de l’époque). Circle permet de recevoir et d’envoyer des fonds, des dollars mais donc, aussi, des bitcoins, sans frais, etc. Devinez qui a notamment investi ? Goldman Sachs. comme par hasard. Quand la nouvelle finance se trouve financée par l’ancienne, voyez où je veux en venir ? Sur le futur prochain du Bitcoin ?

Suivre Edgy sur Twitter : @Hedgy

Suivre Circle sur Twitter : @Circle

Jeudi 30 avril 2015

A demain pour la suite…

L’actualité High-tech du jour : Google lance la Grande Foire aux brevets

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« We invite you to sell us your patents ». Nous vous invitons à nous vendre vos brevets. Les brevets, le nerf de la guerre. La division mobile de Motorola avait été rachetée par Google pour compenser sa relative faiblesse en matière de brevets dans la téléphonie mobile, en pleine bagarre pour imposer Android face à Apple et son iOS.

Brevêts

Et bien ça continue. Allen Lo, Deputy General Counsel for Patents, s’est fendu d’un post sur le blog « Public Policy » de Google afin de proposer aux géniaux inventeurs de proposer leur « patent », ces brevets qui installent une technologie dans un confortable fauteuil, surtout aux États-Unis où les batailles sur le sujet sont monnaie courante. C’est le pays de cow-boys, ne l’oubliez pas. On ne perd pas ses habitudes ancestrales comme ça, regardez comment ils continuent de s’accrocher à la possibilité de vente libre des armes à feu. Dans le business ici, on n’hésite pas à dégainer son avocat. Un bon métier ici, comme ailleurs.

Google

La Patent Purchase Promotion est donc une place de marché expérimentale pour les brevets. Il faut y déposer ses informations entre le 8 et le 22 mai prochain. C’est effectivement une tache compliquée pour des personnes n’ayant pas les compétences d’un avocat, ni les moyens de s’en payer un. Et font souvent les choses à l’économie, et se font déposséder de géniales inventions comme cet entrepreneur Canadien Wayne Fromm inventeur de la canne à selfie (le « QuickPod ») en 2005, mais qui n’avait déposé le brevet que sur les États-Unis. Il est passé à coté du jackpot !

Google veut donc retirer la friction du dépôt du brevet, comme ils ont l’habitude de dire ici pour bien vous enrober le cupcake sur quelque chose qui ne va constituer en fait qu’une expérience de plus dans la vie du géant de Mountain View qui va pouvoir aspirer quelques idées ici ou là, ça ne fait jamais de mal. Les intérêts éventuels seront indiqués aux Géo Trouvetou à partir du 26 juin, et dans ce cas, des discussions auront lieu en terme de détails sur des points juridiques, afin de déboucher sur une proposition de transaction. Le tout devrait normalement être bouclé vers la fin du mois d’août (désolé de vous le dire, mais ça bosse dur ici en août).

Alors, à vos formulaires, et malgré tout, prenez conseil auprès d’un avocat avant sur les conditions de ce type d’opération et du risque à courir à transmettre votre poule aux oeufs d’or à une société comme Google. Je suis curieux de voir combien vont oser le faire. Allez donc demander conseil à Wayne Fromm, vous serez surement bien reçus !

Lundi 27 avril 2015

A demain pour la suite…

L’actualité High-tech du jour : NEA

Bienvenue sur cette rubrique au jour le jour sur ce qu’il faut retenir de la Silicon Valley !

NEA

Ce sont 3 lettres qui viennent de marquer la journée de ceux qui s’intéressent au monde des startups : NEANEA comme New Enterprise Associates. Le nom d’une société de capital risque, créée en 1977. Basée à Sand Hill Road, la voie lactée des « capitaux-risqueurs » de la Silicon Valley à Menlo Park, c’est à son palmarès une longue liste d’entreprises qui ont patienté dans les salles d’attente pour connaître le salut de la levée de fonds. 1977, c’est un peu la préhistoire de l’histoire du capital risque, et la période où Sequoia ou encore Kleiner Perkins, bien plus connus aujourd’hui, seront créés.

Je me souviens encore de l’impact de l’annonce de cette autre société appelée Andreessen Horowitz (du nom des 2 fondateurs dont l’un a quand même inventé Netscape), et de ce fonds de capital risque érigé en mode startup (créé en 2009 seulement) qui annonçait avoir levé un fond de $1,5 milliard ! Cela me paraissait assez ahurissant de convaincre des personnes à rassembler une somme pareille, pour déverser des dizaines de millions dans des micro-entreprises. Ils l’ont fait et sont aujourd’hui à la tête de $4 milliards pour changer le monde, fantasme de ces entrepreneurs d’Internet du 21e siècle. Cela marche tellement bien que la société CBInsights qui fait de la veille sur le capital risque a imaginé un club d’un nouveau genre : « The Billion-Dollar Valuation Club ». Je vous laissez le soin d’analyser le tableau ci-dessous, qui donne une idée du nombre de sociétés faisant partie de ce clan (le ratio indiqué est le rapport des valorisations  au montant du capital de ces sociétés).

CBInsights

Mais ceci n’est rien.

Nos amis de NEA viennent de lever un fond de $3,1 milliards. Ce qui va faire de ce VC un gestionnaire d’un total global de $17 milliards au total, avec des investissements qui nous renvoient dans l’histoire de cette Silicon Valley depuis les années 80. Parce que ces petite bébêtes, les startup, elles sont dures à suivre. Il faut les prendre au berceau, de plus en plus jeunes, et être prêt à sur-enchérir à tout moment, car après les Twitter, les Facebook, et autres, y a bon gagner des sous lors des introductions en bourse, ou lors des rachats qui sont des opportunités permanentes pour les géants du web qui veulent continuer à grossir comme des gloutons. Et aussi, cela met plus de temps qu’avant d’arriver à la maturité du fruit de la startup, donc il faut pouvoir approvisionner régulièrement, continuer à arroser la petite plante. Facebook a mis 8 ans à arriver en bourse. Enfin, ce sont pas charters entiers qu’ils arrivent, ces serial entrepreneur à capuche, qui viennent grossir les rangs des gens qui veulent changer le monde dans cette Silicon Valley.  » Tout le monde peut devenir entrepreneur » : derrière la bêtise ultime de ce slogan, ils sont de plus en plus nombreux à tenter leur chance et convaincre des investisseurs de réaliser leur « vision ».

Avec ces 3 milliards, NEA a de quoi voir venir. Qu’y-z-y viennent.

Copyright Micha Schlafer, Ukraine
Copyright Micha Schlafer, Ukraine

Mercredi 15 avril 2015

A demain pour la suite…