La Silicon Valley et ses joyeuses boules de Noël

J’aime profiter de cette accalmie forcée entre deux dates monopolisant significativement certains parties du monde occidental pour faire un peu d’extrapolation… Le monde est fait d’équilibres et de déséquilibres, et la Silicon Valley (et San Francisco) ne font pas exception à la règle…

La pauvreté ne cesse de progresser dans cette bonne ville de San Francisco. Son maire, Edwin Lee, n’a de cesse de clamer sa ville comme la première place de l’innovation dans le monde, et pousse la pauvreté hors de ses quartiers habituels comme Tenderloin, en favorisant fiscalement l’implantation d’entreprises comme Twitter, Square, ceci ne la fait bien entendu pas disparaître. Au contraire, elle apparaît au grand jour dans différents quartiers de la ville et apporte la preuve que, comme partout, à Paris ou ailleurs, les choses ne s’arrangent pas pour beaucoup de gens. Dans la Silicon Valley, il suffit par exemple de traverser l’autoroute 101 en passant de West Palo Alto vers les quartiers Est pour comprendre que même si il y a un boom économique actuellement dans la région, ce n’est pourtaut pas au profit de tous.

Justement, les Googlers (aka les salariés de Google) commencent à faire grincer des dents, sur Okland ou ailleurs, comme si les salariés du géant de la publicité sur Internet  n’ayant pas d’autres moyens de se rendre au travail par bus spécialement affrétés devaient avoir à se sentir responsable de la misère qui se développe. On pourrait tout autant accuser les nouveaux petits millionnaires de Facebook ou Twitter en combinaison tong/T-shirt d’acheter des maisons ou appartements comme des petits pains dans la Baie de San Francisco. Ce signe de mécontentement, particulièrement agressif et assez inhabituel, dans une région réputée pour être assez hippie et tranquille, n’est surement que l’expression d’une minorité, et pas uniquement parce que les bus de Google ne reverse pas de subsides aux villes faisant l’objet d’arrêts quotidiens. Trop de selfies sans doute montrant l’exubérance de bonheur des uns, ou trop de bouffies sur Instagram, Facebook et autres comptes sur Twitter. Catherine Bracy, qui travaille pour l’organisation Code For America, a sa propre idée sur le sujet, et c’est plutôt bien dit :

Tim Drapper, issu d’une famille d’investisseurs de père en fils, pense avoir trouvé une solution radicale pour la Californie… la diviser en 6 sous-états…

Dont un état qui s’appellerait… Silicon Valley. Of course.

Sans être un spécialiste en droit constitutionnel américain, après une courte consultation de quelques commentaires, on ne peut éviter de penser qu’il sagit là d’une idée bien saugrenue. Les objectifs annoncés semblent bien maigres, comme par exemple : une meilleure représentation d’élus au Senat, en ratio (presque 40 millions d’habitants, il faut bien dire), un encouragement à une meilleure compétition (des taux de valuation des startups, et ainsi faire baisser la bulle Internet ?!), et un nouveau départ pour chacun de ces états. Ce Monsieur n’a pas fait de commentaires particuliers à l’égard de la répartition de la dette de l’état de Californie qui est d’environ $130 milliards, selon des estimations en septembre dernier. Peut être propose-t-il de contribuer personnellement à son remboursement, il n’a pas souhaité répondre à ma question. Pour les aficionados, vous pourrez lire sa proposition en détail ci -dessous.

Bon, en même temps, ce Monsieur aime pousser la chansonnette avec sa chanson The Riskmaster… sans complexe, sans commentaire :

Ceci étant, quelque semaines avant lui, un certain Srinivasan, co-fondateur d’une startup dans le domaine de la génétique, s’exprimait lui aussi pour une indépendance de la Silicon Valley, afin de créer une société toute dédiée aux technologies dans une région a priori le centre du monde du sujet, et qui continue de souffrir d’une sorte de siège de la part de Washington, New York ou Los Angeles. Ca ne va pas aider en tout cas à stopper cet espèce de Silicon Valley « bashing » bien inhabituel : j’en veux pour preuve la levée de boucliers lancée par un jeune startupers de New York, après son exil forcé dans la Silicon Valley après sa première levée de fonds…

Ca n’avait pas plu du tout, mais depuis quelque temps, l’arrogance supposée de la Silicon Valley semble faire recette par les gossips tels que Business Insider, qui n’hésite pas à faire du rentre-dedans… Faites sonner Montebourg, après nous piquer nos cerveaux (j’entends les ingénieurs français qui ont fait la France, reine de l’Industrie du 19e siècle), ils veulent nous piquer notre désormais très célèbre arrogance… Ces Californiens n’ont peur de rien.

Un peu plus à l’Est… Ils sont fous ces Finlandais : un groupe de chercheurs, d’un nouveau genre, membres de la Nordic Society for Invention for Discovery veulent réussir à faire parler vos toutous et minous (dans la langue de Shakespeare pour commencer) grâce à des capteurs qui vont mesurer l’activité électrique du cerveau de Mirza et Totor par l’intermédiaire d’électrodes placées sur leur crane…

Pas des Californiens, à l’évidence, mais assurément excités de partager leurs découvertes au monde entier, et la Silicon Valley puisqu’ils ont choisi la plateforme de crowd-founding (finance participative) de San Francisco Indigogo pour faire financer leur nouveau produit. Ils l’ont appelé : « No more woof ». Mais pourquoi ???!!! Quand je vois les dégâts causé par le social media et tout ce magma verbal désormais disponible sur Facebook ou Twitter, j’imagine ce que ça pourrait donner avec nos animaux de compagnie, témoins de nos vies futiles… Je vous laisse admirer la page d’accueil de cette fameuse Nordic Society for Invention for Discovery, ça devrait vous aider à comprendre… c’est fumant.

Finissons sur un note joyeuse avec la société de capital risque First Round Capital (basée à New York, pour changer, mais qui investit aussi massivement sur la côte Ouest) qui célèbre une année pleine d’investissements tels que :

– Warby Parker, soit $60 millions dans le e-commerce des lunettes…

– Planet Labs, soit $52 millions avec d’anciens scientifiques de la NASA qui veulent changer la façon dont on accède à l’information… tout un programme (non spatial)

Knewton, soit $52 millions pour apporter une plateforme de formation en ligne qui soit adaptable à chacun,

HotelTonight, $45 millions pour réserver sa chambre d’hotel au dernier moment et à prix discounté,

Ondeck, soit $42 millions pour aider les PME à avoir un meilleur accès au capital,

Homejoy, soit $38 millions qui veut vous nettoyer votre maison quand vous le souhaitez pour $20 par jour, etc.

De la serie A, B, C, D, du seed comme s’il en pleuvait ! Pour un total de $608 millions au total pour 2013.

Vous connaissez la première raison pourquoi un investisseur va mettre de l’argent dans votre « startup » ? C’est parce que vous, personnellement, avez fait la différence, vous avez su faire passer un message subliminal qui sent bon le retour sur investissement… Après avoir visionné cette vidéo, je vous laisser le soin de méditer si vous voulez qu’un des partenaires de cette société siège au Board de votre entreprise. Bonne méditation.

Mais bon, le bonheur n’a pas d’odeur, c’est surement eux qui doivent avoir raison ! Vive la Silicon Valley ! Comme le dit Catherine Bracy à la conclusion de son intervention, la Silicon Valley est certainement un des endroits où il y a plus de chance de voir l’innovation surgir. Certainement plus qu’en Europe, et surtout en France où l’on peut entendre le Gouvernement trop souvent citer le « patriotisme industriel » (on voit où ça nous mène, pensez quand même à vous inscrire sur les listes électorales avant le 31 décembre), et clamer que l’innovation n’aille pas trop vite, « il faut faire balancer le progrès et l’innovation avec les capacités des industriels traditionnels »… qui pour certains n’hésitent pas à licencier massivement, faute de solutions. Bullshit, comme ils disent ici.

Au fait, saviez que certains ici, ainsi Peter Thiel, co-fondateur du leader mondial de paiement Paypal qui avait donné un premier financement de $500.000, enviage de repousser les frontières… où l’homme pourrait vivre sur de nouveaux espaces sur mer ?

Des cités flottantes. Appelez moi Jules Verne, s’il vous plaît. Et vivement 2014.

Numéro spécial Montebourg : une semaine dans la Silicon Valley avec Yahoo!

La nouvelle a fait l’actualité de cette semaine en France avec quelques échos à Sunnyvale en Californie : l’intervention d’Arnaud De Montebourg dans le montage de rêve préparé avec l’apparition de Yahoo! au capital de DailyMotion.

Je n’ai pu m’empêcher de dire ce que j’en pensais dans la cadre d’une lettre chronique adressée au Ministre du Redressement Productif. Une vision du terrain, et j’ai d’ailleurs eu des messages de remerciements de quelques personnes connaisseurs du dossier. Ce qui n’a pas empêché des voix ici et là de féliciter le Ministre, essentiellement d’ordre politique, ou d’autres parlant de je ne sais quel destin prêté à Yahoo, peut être obtenu par de savantes prédictions sortant de quelconques boules de cristal.

Autant je n’ai pas envie de perdre ne serait-ce que plus de 5 secondes de mon temps d’écriture et de votre temps de lecture à divaguer sur les quelques remarques à connotation politique, j’ai trouvé intéressant de consacrer une chronique des annonces de la semaine passée chez Yahoo! depuis le siège à Sunnyvale.

Il se passe toujours quelque chose chez Yahoo!, j’en ai la preuve…

 Lundi 28 avril : Yahoo! annonce de nouveaux formats de publicité

Marissa Mayer soit même a annoncé deux nouvelles offres de formats de publicité :

– Yahoo ‘Stream Ads’ qui sont des publicités placées à l’intérieur des flux de nouvelles, pour les rendre plus personnalisées et engagentes

– Yahoo.com Bliboard est une large banderole placée sur la home page, comme sur Youtube, « pour permettre une interaction de contenus plus riches », comme par exemple acheter des tickets de cinéma…

 Mardi 29 avril : du contenu plus adapté au mobile grâce à Summly

Yahoo! lance un nouvelle version  de son application Android, revue en terme de design et qui intègre la technologie développée par Summly, la startup créée par un mineur anglais âgé de 16 ans, Nick D’Aloisio, rachetée en mars dernier par Yahoo! pour $30 millions. Cette mise à jour, disponible uniquement aux États-Unis, va faciliter l’adaptation du contenu web à l’écran mobile, par un format original de flux d’histoires virtuellement sans fin. Il est possible de partager les histoires par email, ou sur Facebook ou Twitter.

Mercredi 30 avril : doublement des congés maternité, avec une nouvelles primes pour les nouvelles mamans

Marissa Mayer décide de doubler la durée du congé maternité de 8 à 16 semaines, et offre une prime additionnelle de $500 pour permettre d’acheter des biens de consommation ou des vêtements. Les pères peuvent prendre jusqu’à 8 semaines de congé. A titre de comparaison, Google donne entre 18 à 22 semaines pour les mamans, Facebook 4 mois, alors que la loi requiert 12 semaines pour les naissances notamment.

Jeudi 1er mai : $36 millions pour Marissa Mayer en 2012, et une nouvelle acquisition avec Astrid

Elle n’est pas Ministre du Gouvernement français mais son salaire  une information publique ! Son salaire de la CEO a été de $454,862 en rémunération, $35 millions en stock, plus un bonus de $1.12 millions. Elle a également reçu une compensation de $40,540 au titre de dépenses personnelles de sécurité, de primes d’assurance vie, etc. Elle est entrée en juillet 2012 au service de Yahoo!

Yahoo! annonce l’acquisition de la startup Astrid, une « to-do list » sociale pour un moment non communiqué, qui avait été téléchargée à ce jour 4 millions de fois. L’idée de créer des tâches que l’on partage avec des contacts rend la chose plus dynamique, sans pour autant rentrer dans la gestion de projet ! L’application sera encore ouverte pendant un mois et demi, mais n’accepte d’ores et déjà plus de souscriptions en mode freemium, et les utilisateurs payants seront remboursés de la période qui ne sera plus assurée.

Vendredi 2 mai : rumeur de rachat de la startup Milewise

Il se murmure que Yahoo! serait en phase d’acquérir la startup New-Yorkaise Milewise, dont le service aide à gérer et optimiser les différents programmes de fidélité des compagnies aériennes. La société a été créée en 2010 et avait levé à ce jour $1,5 millions. Aucun commentaire n’a filtré de la part des deux sociétés…

 

J’espère que cette petite ballade dans le quotidien de Yahoo! aura montré un tant soit peu que le géant Californien n’a pas encore décidé de mordre la poussière, qu’elle a de nombreux projets d’investissements, et une recherche d’innovation et de nouveaux services aux utilisateurs dans le domaine de web et du mobile qui est le crédo de la nouvelle CEO, qu’une société Française aurait pu renforcer avec une équipe de brillants ingénieurs basés à Paris. Mais c’est désormais du passé. Bon weekend !

Pour suivre Marissa Mayer sur Twitter : @MarissaMayer